Bewitcher - Under The Witching Cross
Chronique
Bewitcher Under The Witching Cross
Dans ce monde actuel où les sorties de tous niveaux s’enchaînent de façon quotidienne ou presque en physique comme en streaming, il devient quasiment impossible de les suivre intégralement au risque malheureusement de louper une pépite qui se trouve noyée dans la masse. C’est le cas de ce combo de Portland inconnu au bataillon et qui n’est pourtant pas né de la dernière pluie, car avec déjà plusieurs démos au compteur et même un album éponyme sorti en 2016 il n’a pas cessé d’être productif, tout en y maintenant un certain niveau de qualité et d’accroche. Evoluant dans un registre proche des premiers VENOM et RAZOR la musique des américains ne s’encombre pas de futilités et va à l’essentiel, preuve en est avec ce nouvel opus qui dépasse tout juste la demi-heure et est menée tambour battant, sur un rythme élevé et frénétique. Mettant une pêche d’enfer dès la première écoute, celui-ci est immédiatement addictif et va faire défiler le temps à une vitesse folle faisant ainsi oublier le quotidien l’espace de sa durée, chose qui s’avère franchement bénéfique en ces périodes troubles et compliquées.
D’entrée le duo (aidé d'un batteur de session) va balancer la sauce avec le redoutable « Savage Lands Of Satan » à l’ardeur frénétique et à l’entrain communicatif, seulement interrompu par un court passage plus lent afin de souffler un peu avant de mieux repartir. Techniquement très simple cette ouverture sent bon les odeurs de fauve et les petits clubs à l’hygiène douteuse, et va donner le ton pour la suite où l’on fait un bond jouissif dans le passé sans pour autant que cela sente la naphtaline. Mais malgré son écriture basique le binôme réussi à varier suffisamment ses différentes compositions pour ne pas tomber dans la redite ni l’ennui, même quand ça tabasse (presque) tout du long comme avec les excellents « Hexenkrieg » et « Too Fast For The Flames » dépouillés à l’extrême. Cependant de par leur qualité de riffs et les légères cassures et variations disséminés de façon éparses, cette doublette déchaînée donne l’envie frénétique de se dandiner et de remuer la nuque comme un dératé, ce point va d’ailleurs est une autre constante même quand l’ensemble se fait plus massif et écrasant. C’est le cas de « Rome Is On Fire » et « Under The Witching Cross » qui se voient chacune séparées en deux parties distinctes, celle où ça s’énerve au maximum pendant la première avant que la seconde ne soit portée au choix par une ambiance tribale et des chœurs incantatoires, oudes riffs plus sombres et portés par une rythmique qui a sacrément levé le pied. D’ailleurs si ce dernier morceau démarre par un solo de batterie pratiquement pompé sur l’introduction de la compo éponyme « Show No Mercy » de SLAYER, l’ombre de cette galette mythique de la bande à Tom Araya règne régulièrement sur celle de ses compatriotes, même si plus de trente-cinq ans les séparent. Et quand ça ne sont pas les vétérans du Thrash qui ont droit de cité c’est également du bon vieux Heavy à l’ancienne qui apparait, via tout d’abord dans le très bon « Heathen Women » (où se greffe en prime un excellent solo), et aussi le différent et monstrueux « In The Sign Of The Goat ». Totalement à part sur le disque il met l’accent justement sur le vieux Metal bien lourd car il reste bridé sur un mid-tempo binaire basique et à l’efficacité sans bornes, vu qu’on se surprend à taper du pied et secouer la tête en permanence. Il faut dire qu’hormis un court moment d’excitation l’ensemble ne va pas varier d’un iota et renvoyer illico vers JUDAS PRIEST notamment par le jeu de la guitare qui semble nettement inspiré par celui des britanniques, et qui va briser plus d’une nuque en concert.
D’ailleurs il va sans dire que tout est écrit et calibré pour la scène, même l’instrumental « Frost Moon Ritual » qui sert de conclusion et se permet le luxe de démarrer de façon acoustique et avec une relative douceur, afin de mieux surprendre ce qui arrive par la suite. Sans surprises elle sert de condensé à tout ce qui a été entendu auparavant, et qui clôt parfaitement les débats où aucune faiblesse notable n’est apparue, et où la production chaude, équilibrée et naturelle met en avant la qualité intrinsèque de l’ensemble. Avec en rabe une durée courte mais idéale qui évite ainsi les erreurs de parcours, le désormais trio (du fait de l’arrivée d’un frappeur à plein-temps) signe un vrai coup de cœur que personne n’avait vu venir et qui ne s’essouffle pas avec le temps. Et même si on aurait bien repris encore un peu de temps supplémentaire on ne va pas faire la fine bouche tant ce retour vers les années 80 est un vrai bonheur auditif, vivement conseillé par la Sécurité Sociale tant il aura un effet bénéfique pour l’auditeur à chaque baisse de régime ou petit coup de mou.
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