Sans doute, assimiler un groupe ou un album à son pays d’origine est réducteur – voire pire, si l’on prend en considération des réflexions d’ordre politique. Que des personnes viennent de tel ou tel endroit ne veut pas forcément dire qu’elles s’en réclament, ou qu’elles (ne) soient influencées (que) par lui. Les rattacher uniquement à cela devient alors un essentialisme facile et puant, utilisé par des gens sans inspiration.
Et donc, je dois en manquer car j’ai du mal à me sortir de la tête que
Shame, nouvel album d’Uniform, sonne extrêmement... américain. Le groupe ne m’avait pourtant pas toujours donné cette sensation, sa réalisation précédente – si l’on met à part ses collaborations avec The Body –, le punk et fiévreux
The Long Walk, me renvoyant à des scènes diverses de part et d’autres de l’Atlantique. Alors pourquoi ai-je à l’écoute de ce nouveau disque cette impression forte de musique américaine, faite par des Américains ?
Une réponse se trouve peut-être dans ce côté flambeur-frimeur, donnant dans le grand spectacle au point de frôler l’épique le plus absurde, que contiennent ces trente-quatre minutes. Uniform, après une optique « straight to the point » développée avec talent et retenue sur
The Long Walk, revient à des envies d’expérimentations et d’explosions sur
Shame, d’images implacables et grandiloquentes, les paroles parlant de Dieu, de destinée, de mal-être, d’actes et de jugements, la musique s’aventurant vers le thrash, le black metal, délaissant l’aspect noise de leur musique tout en gardant une base industrielle (criante sur le morceau-titre par exemple).
Une optique qui se rapproche des débuts de la formation, en particulier le (trop) chargé
Wake in Fright, et qui peine à me convaincre. Je l’avoue, dès la parution du clip de « Dispatched From the Gutter », ses guests tape-à-l’œil, le merchandising annoncé, l’affaire sentait pour moi le roussi.
Shame montre une ambition qui me donne envie de me moquer lors des moments où il passe avec difficulté, les différentes couleurs des versions vinyles ne se retrouvant pas dans ces compositions certes variées mais manquant d’étincelles. Où est allé celui qui parvenait à tenir avec raideur et rage cette ambiance de guerre civile en devenir sur
The Long Walk ? S’il se retrouve lors de quelques fulgurances (le démarrage efficace « Delco », la montée en puissance de « The Shadow of God’s Hand »), la sensation de voir le trio chercher à épater sur de nombreux plans sans y parvenir devient la plus forte, à l’image des passages d’inspiration « blackened », bien trop convenus (le début de « Life in Remission »).
La tentation est donc grande de voir en
Shame un gros burger pour qui cherche le style au-delà de la substance, l’avant-gardisme sans fond, la forme au-dessus du reste (« All We’ve Ever Wanted », aussi travaillé qu’inutile avec ses chœurs et ses larsens semblant ajoutés en post-production). Uniform n’a pas ici cette cohérence et cette émotion sous-jacente, la chair à vif derrière les riffs-hachoirs, qui le rendaient plus trouble et plus fascinant sur
The Long Walk, les collaborations avec The Body ou encore l’EP
Ghosthouse. Cependant, il serait incomplet de s’arrêter à assimiler un groupe à ce que l’on pense de plus défavorable envers un pays que, somme toute, on fantasme plus que connaît. Uniform reste capable de faire preuve d’une modestie qui fait mouche : ainsi, la conclusion « I Am the Cancer » renoue avec une sentimentalité prenante se terrant dans les répétitions entêtantes et l’hostilité ambiante, le clou final étant pleinement réussi. Il y a aussi, malgré les nombreux effets d’annonce tombant à l’eau (« This Won’t End Well » et ses tentatives quasi-grindcore finissant à plat), des instants et morceaux où la bande assume sa simplicité d’exécution et en fait sa force.
Shame reste malgré tout une déception, ce qui fait l’intérêt de la formation ne ressortant que trop peu derrière des habits et des ambitions que j’espère la voir abandonner par la suite.
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