On connaît tous des groupes que l'on adore, malgré leurs petits défauts, et que l'histoire aura relégué au second plan. J'en ai quelques uns qui me viennent en tête, de suite... Mais dans ce petit peloton, c'est bien la fière crinière de Thurios qui s'extirpe de la masse, et, par extension, le nom d'Astrofaes.
Groupe dont le seul tort, finalement, aura été de naître en Ukraine, terre fertile en matière de Black Metal, et de se retrouver noyé parmi des noms passés, depuis, à la postérité - et qu'il serait bien inutile d'énumérer. Pourtant, reléguer la formation à la ligue 2 relève un peu, à mon sens, de l'injustice - Ok, il y a Hate Forest, il y a Drudkh, il y a Nokturnal Mortum... Mais il y a surtout bien pire ! Respectons nous cinq minutes, et ne mettons pas les claviers
soupe au choux de Dub Buk et le capital humoristique très élevé d'un Lucifugum sur le même plan qu'Astrofaes.
Son parcours, qui s'est étalé sur une grosse dizaine d'années, a été émaillée de vrais coups d'éclat. Des débuts très atmosphériques jusqu'à sa fin de carrière (signée par l'EP
Shu Nun" en 2008), beaucoup plus percutante, le groupe n'a jamais cessé de se renouveler, d'apporter de nouvelles couleurs à son Black Metal... Toujours très convaincant, malgré quelques sorties de route ! Mais commençons par le commencement...
Aux prémices de ce chemin en terres Slaves, Thurios et Khorus (Khors, Kzohh), qui signent, en 1996, une première démo, sobrement intitulée
"Ad Infinitum". Disons simplement et poliment qu'à défaut d'être transcendante, cette cassette aura au moins eu le mérite d'être un point de départ. Il en faut cependant plus pour décourager nos deux gaillards puisqu'ils récidivent, l'année suivante, sortant le second jet
"The Attraction : Heavens & Earth", confié aux bons soins de la légendaire écurie Oriana Music. Ressorti cette année sous l'égide de Drakkar Productions, avec un nouveau
master signé Krechet (Drudkh, Precambrian, Rattenfänger... Le monde est petit) et un beau digipack, épuré, sublime dans sa simplicité. L'occasion faisant, depuis toujours, le larron, il est temps de remettre en lumière ce petit bijou oublié de la scène Ukrainienne.
Le nouveau
master a certes apporté un soupçon de clarté au son de ces six compositions, mais dans l'ensemble, le poids de ces 24 années se ressent tout au long de la demie-heure de cette démo. Elle est dans son jus, et c'est bien ce petit goût d'authentique, fumé au synthétiseur kistchissime et assaisonnée de chant étouffé, qui lui confère une grande partie de son charme ! Et l'on retrouve, dès cette seconde démonstration de force, toutes les composantes qui me font accrocher à la scène Ukrainienne de l'époque. Le
slava pouet-pouet subtilement dosé, la production si caractéristique (et ce, même si la caisse claire typique des groupes de ce cercle n'est pas encore au line-up), et surtout, la poésie à fleur de peau. Oui, les vers sont un peu grossiers, mais ils sont déclamés avec tellement de force, de passion et d'authenticité qu'ils feront, immanquablement, fondre le cœur des plus réceptifs. Malgré cette boîte à rythmes parfaitement synthétique, ces motifs teintés de folklore qui surprennent ("Darkness (Maid of Midnight) "),
"The Attraction : Heavens & Earth" dévoile déjà le potentiel d'Astrofaes, qu'il donne dans la brutalité, ou dans le cas présent, l'atmosphérique : ce talent pour ciseler les mélodies, cette mélancolie déchirante qui transpire de ces claviers Bontempi (interprétés par Saturious, célèbre pigiste de la scène), le tout mis au service d'un Black Metal qui fleure bon l'Est, la mythologie infusée de
fantasy, et qui aura du rythmer bon nombre de sessions Donjon et Dragons de l'époque !
"The Attraction : Heavens & Earth" marque les premiers pas véritablement assurés d'Astrofaes dans la cour des grands. La maladresse de certaines tournures (et surtout de cet anglais infâme, qui ne quittera jamais le combo) rend cette seconde démo particulièrement attachante. Mise en boîte avec relativement peu de moyens mais une apparente envie de bien faire, cette sortie est à l'image de la pochette : un regard vers l'horizon, et l'envie de dévorer le monde à pleines dents, rêveur. Que de possibilités qui s'ouvrent devant un groupe affamé ! Un allant aussi évident que contagieux qui se traduira, l'année suivante, par
"Dying Emotions Domain", premier véritable album d'Astrofaes... Que nous aurons l'occasion de disséquer, ensemble, sous peu.
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