Parfaitement échauffé après son second galop
"The Attraction : Heavens and Earth", Thurios propose, dès 1998, la suite des aventures d'Astrofaes.
"Dying Emotions Domain" signe ainsi les premiers pas de la formation dans la cour des longues-durées, au format cassette, chez Sich Records - qui, si j'en crois Metal Archives, semble avoir été créé pour l'occasion. Un
full-length re-pressé quelques fois, notamment chez Negative Existence pour le CD (et un
remaster signé Krechet), et plus récemment chez Drakkar pour une sortie DLP. A l'époque, peu de changement à signaler à bord du vaisseau : Astrofaes s'articule toujours autour de Thurios, Khorus et Dalver... Mais l'arrivée d'un batteur de chair et d'os en la personne de Khaoth (Khors), et de la paire de mains de Dmitry Bondarenko derrière les consoles, fait réellement passer les compositions du groupe à la vitesse supérieure.
Car ce qui se dissimule derrière cette pochette d'un goût assez douteux (c'est un disque de BM ou un
Shonen ?) et cette introduction abandonnée au fin fond du congélo dépasse d'un bon cran tout ce qu'Astrofaes avait pu mettre en boite jusqu'à présent.
Exit le cliquetis synthétique de ces batteries programmées, l'on savoure avec plaisir cette caisse claire
"signature" que le microcosme Ukrainien semblait, à l'époque, se partager, dispensant frappes véloces et
mid-tempi qui confinent au tribal. Suivant le fil d'Ariane tendu par le groupe : du Black Metal cru, mais jamais inaudible, saupoudré de clavier, infusé de folklore. En bref, du caviar pour les amateurs de
pouet-pouet.
Si la production est toujours délicieusement crue, elle arrive à gagner en clarté, en profondeur, tout en conservant les couleurs marquées de ces murs de cordes, de ce Bontempi kitschissime, de la basse qui finit de tenir la baraque. C'est un bel édifice qui se bâtit sous nos yeux au fil des huit titres qu'il comporte - il grimpe de plus en plus haut ! Et l'émotion, celle qui fait, à mon sens, l'essence même du groupe, est plus que jamais présente sur ce premier album. Thurios en arrive même à s'autoriser quelques fantaisies, matérialisées, entre autres, par ce saxophone qui gratifie "Path to Burning Space" - un ajout qui, sur le papier, me faisait plutôt lever un sourcil, mais qui a su se faire apprécier, voire même m'envoûter, au fil des écoutes et des années. Et Nom de Dieu, qu'est ce que ça joue !
"Dying Emotions Domain" en est même purement et simplement fracassant. "Fiery Mysticism", qui ouvre véritablement le disque, est à prendre comme un condensé de tout ce qu'Astrofaes peut avoir à offrir : conjuguer la vélocité aux guitares froides, à en chausser les moufles, accoupler l'ensemble aux synthétiseurs qui, s'ils peuvent paraître kitsch, reste suffisamment en retrait pour savoir se faire apprécier sans dénaturer l'ensemble. C'est toute la force du combo, traduire l'exaltation, la grandeur, sans jamais sombrer dans le ridicule - alors qu'il est très, très facile de s'y vautrer. La dualité de ces riffs sinistres, enracinés profondément dans la roche de Kharkiv, et ces mélodies imparables, qui lorgnent vers les cieux -
"Heavens and Earth", finalement...
Il faut écouter
"Dying Emotions Domain". A l'époque éclipsé par la sortie d'autres pierres angulaires du Black Metal de l'Est à tendance
"slava !" - au hasard,
"To the Gates of Blasphemous Fire" de Nokturnal Mortum et
"Immortal Pride" de Graveland - il reste malgré tout un album d'une richesse incomparable, bien dans son jus, certes, mais toujours aussi poignant dans ce qu'il développe et traduit. Bref, parmi les plus belles manifestations d'une entité qui restera, qu'on le veuille ou non, importante pour le genre que nous aimons tant.
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