Originaire de Monterey Bay en Californie, Dipygus célèbrera cette année ses dix années d’existence. Une décennie d’activité au service de cette noble cause qu’est le Death Metal et pourtant, malgré toutes ces années de service, encore aucune chronique ici sur Thrashocore... Bon, évidemment, les quelques paragraphes qui vont suivre vont permettre de combler cette lacune (au moins en partie) mais ce constat va surtout me permettre de souligner le point suivant : Dipygus n’est pas de ces groupes dont tout le monde parle mais plutôt de ceux qui officient dans la pénombre pour le bonheur de ces quelques initiés et autres curieux qui auront eu la bonne idée de prendre un petit peu de leur temps pour voir de quoi il retourne exactement.
Après une démo, un EP et un split parus entre 2016 et 2019, Dipygus se décide à passer à l’étape suivante avec la sortie de
Deathooze sur Caligari Records (cassette, CD), Expansion Abyss (vinyle) et Madara No Tamago (cassette). Deux ans plus tard, les Californiens poursuivent tranquillement leur petit bout de chemin avec cette fois-ci la parution de leur deuxième album toujours sur Expansion Abyss (vinyle) mais également chez Memento Mori (CD). Intitulé
Bushmeat, celui-ci a été mis en boîte par tout un tas de gens hautement compétents puisque Charlie Koryn (Ascended Dead, Decrepisy, Funebrarum, VoidCeremony...), Alejandro Corredor (Nausea, Pounder...) et Matt Harvey (Exhumed, Gruesome, Pounder...) se sont tous les trois chargés de l’enregistrement alors que le mixage et le mastering ont été confiés à Greg Wilkinson (Autopsy, Brainoil, Static Abyss, Earhammer Studios...) et Dan Randall (ex-Ghoul, Skywalker Studios...).
Alors tout d’abord pour celles et ceux d’entre vous qui se poseraient quand même la question, voici selon Wikipedia la signification du mot dipygus :
"Le dipygus est une maladie rare où certains des tissus embryonnaires qui se développent dans la colonne vertébrale inférieure, les organes génitaux et les organes abdominaux inférieurs sont dupliqués - probablement en raison de la séparation incomplète des jumeaux issus d'un œuf.". Si vous ne voyez pas trop de quoi il retourne exactement, un petit tour sur Google et sa rubrique "Images" vous donnera un aperçu fort sympathique de ce dont il est question. Outre ce thème plein de promesses, Dipygus voue également un intérêt à ce que l’on nomme les cryptides, ces créatures dont l’existence supposée repose sur des preuves jugées scientifiquement insuffisantes (on parle par exemple du Yéti, du Chupacábra ou bien encore de Bigfoot) ainsi qu’aux singes et autres primates qui occupent sur ce
Bushmeat une place de choix. Bref, vous l’aurez compris, tout cela ne transpire ni la finesse ni la grande intelligence.
Sans trop de surprise c’est donc vers un Death Metal primitif ("Ape Sounds" et "Ape Sounds II" servit en guise d’introduction et de conclusion laissent peu de doutes sur la question) que s’est naturellement tourné la formation californienne qui avec sa recette cousue de fil blanc n’entend absolument pas révolutionner quoi que ce soit. Une relecture fidèle aux origines du genre puisqu’elle rend hommage pour l’essentiel aux premiers travaux de groupes tels qu’Autopsy, Impetigo et Incantation.
Bushmeat se caractérise ainsi par un riffing simple pouvant sembler parfois un poil répétitif, notamment lorsque les choses s’emballent un petit peu ("St. Augustine, FL 1896" à 0:21, "The Khumjung Scalp" à 2:13, "Osteodontokeratic Savagery" à 3:21...), des accélérations dansantes à la fibre Punk évidentes ("St. Augustine, FL 1896" à 0:21, "The Khumjung Scalp" à 2:58, "Osteodontokeratic Savagery" à 4:23, "Bushmeat" à 1:01...) et d’autres nettement plus soutenues qui permettent de franchement dynamiser l’ensemble (les premiers instants de "St. Augustine, FL 1896" ou plus loin à partir de 2:16, "The Khumjung Scalp" à 1:48, "Osteodontokeratic Savagery" à 3:21, le début de "Myiasis In Human Mouth"...) ainsi qu’un goût particulièrement prononcé pour les mid-tempo rampants, baveux et suffocants (la première moitié de "The Khumjung Scalp", l’instrumental "Plasmoidal Mass (Slime Mold)", "Long-Pig Feast", "Myiasis In Human Mouth" de 0:42 à 1:33...). Grâce à une production à la fois épaisse et abrasive, Dipygus navigue ainsi entre ces différentes sonorités, offrant ainsi à ses auditeurs un Death Metal qui n’a effectivement rien de bien compliqué mais qui en plus d’être efficace se montre également relativement varié. Ce deuxième album est également marqué par la présence de leads et autres solos mélodiques qui à leur manière apportent un peu plus de profondeur à l’ensemble. Des premières notes fulgurantes de "St. Augustine, FL 1896" à "The Khumjung Scalp" à 3:12 en passant par "Osteodontokeratic Savagery" à 1:11 et 4:22, les derniers instants de "Plasmoidal Mass (Slime Mold)" ou bien encore "Bushmeat" à 5:08, ces instants permettent de nourrir les ambiances inquiétantes et mystérieuses dans lesquelles trempent, par ses riffs mais aussi par ses thèmes abordés (le monstre de Saint-Augustine ("St. Augustine, FL 1896"), le scalp du yéti du monastère de Khumjung "The Khumjung Scalp", le cannibalisme ("Long-Pig Feast"), etc) et autres samples choisi avec soin, le Death Metal des Californiens.
Des groupes officiants dans le même registre que Dipygus, ce n’est pas cela qui manque aujourd’hui dans le Death Metal. Pour autant, cela n’empêche pas les Californiens de tirer leur épingle du jeu grâce en partie à ces thématiques autour de la cryptozoologie mais aussi et surtout grâce à une formule certes simple et convenue mais que la formation à su correctement appliquer pour arriver à ses fins. Effectivement,
Bushmeat ne fera pas date dans l’histoire du Death Metal (c’est de toute façon probablement trop tard pour cela) mais pour ceux d’entre vous qui aiment les choses simples mais efficaces avec en sus des histoires de créatures étranges et mystérieuses, de tribus cannibales et de maladies génétiques rares, il serait dommage de passer à côté d’un tel album. Et si jamais vous étiez particulièrement emballés par tout cela, sachez que Dipygus s’apprête à faire son retour avec la sortie prochaine de
Wet Market, un EP à l’artwork des plus prometteurs.
PS : C'est une dame au chant. Avouez qu'il faut le savoir hein ?
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