Active depuis 1991, l’aura de Nightfall n’aura malheureusement jamais égalé celle de ses compatriotes Septicflesh ou Rotting Christ (arrivés au même moment) malgré trois premiers albums avant gardistes encore vénérés par certains (ah ce
Athenian Echoes). Après un gros désert qualitatif à la fin des années 90 et le début des années 2000, le groupe d’Athènes tentera un grand retour sous l’étendard Metal Blade. Malheureusement sans réel succès... Revoilà la bande de l'infatigable Efthimis, huit ans après un très médiocre
Cassiopeia, le groupe signe chez Season Of Mist et remodèle entièrement son line-up. Et là forcément cela mettra les premiers adeptes en transe puisque le guitariste et membre fondateur Michalis Galiatsos revient vingt ans après un pénible
Diva Futura. Vous savez le compositeur du morceau “Iris (And the Burning Aureole)”... L’autre changement majeur c’est l’arrivée du monstrueux (oui j’y reviendrai) Fotis Benardo (ex-Septicflesh, ex-Nightrage) derrière les fûts. Nightfall peut désormais dépoussiérer son nom.
Toujours compliqué de coller une étiquette au style de Nightfall, mélange de black, death, thrash et doom à forte appétence mystique et mélodique, aspect tout particulièrement mis en avant sur leurs derniers méfaits (
Cassiopeia parfois à la limite de Nightrage). Efthimis au timbre encore plus délectable, reste le compositeur principal et y mettra cette fois encore plus du sien. En effet la thématique de l’album se base sur la lourde dépression du frontman, l’artwork (méconnaissable) de Travis Smith (déjà responsable de
Astron Black and the Thirty Tyrants) allant dans ce sens. La première partie de la galette expose un Nightfall très direct, seules les paroles auront réellement un aspect sombre. L’enchaînement “Killing Moon” (juste imparable), “Darkness Forever” (refrain catchy) ou “Witches” (démarrant d’un pas lourd pour finalement imploser à mi-chemin) est tout simplement redoutable… Happé par ce début savoureux, le soufflé retombera d’un coup.
Généralement dans les groupes de metal, vélocité de côté, il y un décalage entre les musiciens, outre le mixage ingrat de la basse, le jeu du batteur a bien du mal à suivre celui des guitaristes en termes de richesse. Bien souvent on se retrouve ainsi avec des frappes binaires sans nuances et des cymbales faméliques derrière des riffs alambiqués. Ici c’est tout l’inverse, Fotis Benardo fait le “show” ! Double pédale en acier trempé mais une finesse de jeu dans ses mains incroyable. Il est le pilier de cet album, comblant les lacunes importantes des guitaristes. Car oui après un début d’album des plus accrocheurs, Nightfall s’essayera à une musique plus ambiancée mais très inégale. Les prouesses de Fotis ou une mélodie titilleuse viendront redonner un coup de fouet à une musique bien terne et vide : “Giants Of Anger”, “Temenos” (dieu que c’est long…), “Martyrs of the Cult of the Dead (Agita)” ou le morceau éponyme (ZZZzzzz) ne pourront que faire piquer du nez. Des compositions qui auraient pu être rognées de moitié et plus affûtées, je pense surtout à “Meteor Gods” ou au morceau final “Wolves In Thy Head” laissant comme un arrière goût d’inachevé.
At Night We Prey ne marquera pas encore le grand retour de Nightfall et réitère les tares de ses prédécesseurs, à savoir une musique ambiancée anesthésique dénuée de saveurs et quelque peu anémique. Nightfall se rattrappera sur la première partie du brûlot, catapultée par la rythmique dantesque de Fotis Benardo et les quelques mélodies entêtantes. Pas suffisant malheureusement pour capter notre attention et pour un groupe de cette stature. On garde tout de même espoir, peut être que l’ancien acolyte Michalis Galiatsos mettra davantage son nez dans la composition.
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