Phrase destinée aux disciples de Nightfall. Je tiens tout d'abord à m'excuser car je ne connais presque rien de la discographie des Grecs (sept albums et une formation datant de 1991), si ce n'est leur réputation de maîtres du « dark metal » (masquée par Septic Flesh ou Rotting Christ) et leur line-up qui aura vu passer du beau monde du pays (la brutasse George Kollias de Nile, Bob Katsionis de Firewind ou encore George Bokos de Rotting Christ). Quatre ans après leur séparation et leur album
Lyssa (chroniqué par notre webmaster adoré), le huitième opus
Astron Black and the Thirty Tyrants signe ainsi le grand retour des athéniens de Nightfall, enfin plutôt de sa tête pensante Efthimis Karadimas. Le gaillard ressuscitera sa progéniture avec peu de sang neuf connu (un guitariste, un claviériste et un batteur), à l'exception près du marteleur et producteur Jörg Uken, boss du Soundloge Studio (God Dethroned, Dew-Scented, Sinister). Un retour en fanfare épaulé de la promotion « tape à l'œil » de leur nouveau label Metal Blade et de l'artwork sobre mais classieux de maître Travis Smith.
Impossible de définir avec ou sans précision le style des Grecs (à s'arracher les cheveux pour un chroniqueur), vous devriez donc trouver dans cette chronique un nombre plus que conséquent de groupes cités. Atout majeur de Nighftall, cet éclectisme encore une fois poussé à son paroxysme ne tombe jamais dans la surenchère cacophonique et indigeste. On pensera plus d'une fois cerner le genre pratiqué lorsque d'un coup, la musique prendra une tout autre direction et alertera notre culture « métallistique ». Ceci dit plusieurs thématiques générales ressortent. La première base étant un metal résolument mélodique. Les aficionados retrouveront très rapidement la patte d'Efthimis sur chacun des titres, surtout dans ses mélodies méditerranéennes simples mais annihilatrices comme en témoigne le hit d'ouverture méchamment direct (trop ?) « Astron Black ». Le nouveau guitariste n'est d'ailleurs pas manchot, lançant quelques soli heavy techniques aux réminiscences d'un Marios Illiopoulos ou d'un Gus G (Nightrage). On retiendra dans le lot « Astra Planeta »« The Criterion », « Proxima Centauri/Dead Bodies » (typé Samael) ou bien « Epsilon Lyrae ».
L'autre socle de la musique de Nightfall c'est une base death que l'on palpera en premier lieu dans le timbre primaire d'Efthimis, façon Patrick Mameli « Pestilencien » (le refrain énorme de « Ambassador Of Mass » à l'introduction sortie d'un Katatonia) aux quelques virées claires limite « gothiques ». Mixture qui n'est pas sans rappeler les malheureux Cemetary. Encore du côté « velu », ce sont ces riffs « power chord » et cette rythmique martiale puissante. Certes bien éloignée des capacités du monstrueux George Kollias mais qui saura faire son effet (l'introduction pied au plancher de « Epsilon Lyrae »). Mais ce qui convertira surtout l'auditeur, c'est une ambiance mystique plus qu'inquiétante, difficilement descriptible, mariant noirceur et délirium spatiale (thème principal) toujours avec une grâce certaine (à la manière d'un Diabolical Masquerade ou d'un Arcturus). La production massive de même que certains passages aux résonnances symphoniques feront de suite penser à la puissance orchestrale et orientale (« The Thirty Tirants ») de leurs frères d'armes Septic Flesh (« Astronomical/Saturnian Moon », « Ambassador Of Mass »).
Que d'éloges et de comparaisons luxueuses me direz-vous ? Tout ne brille malheureusement pas. La galette a bien du mal à tenir la longueur du fait d'un léger passage à vide en milieu de course… Des titres bien peu inspirés (« Asebeia », « I-I », Archon Basileus) et quelques baisses de rythmes sur certains passages (tout particulièrement la fin d'album) assez pauvres musicalement comparés au reste. Une fois retirés, ce
Astron Black and the Thirty Tyrants laisse indubitablement sur sa faim. Il manque encore une once d'émotion et des titres moins hétérogènes pour que Nightfall puisse véritablement récupérer son blason.
Attendez-vous à voir chroniquée la discographie de Nightfall dans un futur proche (ce texte n'échappera pas à un ravalement de façade), ce type de metal mélodique indescriptible à l'ambiance léchée sied parfaitement à mes goûts musicaux. On en redemande des musiques possédant ce brin de fraicheur et qui vous donnent envie d'en écrire des tartines. Les fans de la première heure seront cela dit certainement déçus par ce retour en demi-teinte… Mais désormais appuyés de Metal Blade, les Grecs devraient enfin pouvoir faire connaître leur style à un plus grand nombre (je suis un bon exemple) ! Continuant dans ce sens, l'avenir de Nightfall devrait nous réserver quelques bonnes surprises.
Alea jacta est.
3 COMMENTAIRE(S)
02/09/2010 22:36
01/09/2010 12:23
18/08/2010 09:18