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Accept + Hell

Live report

Accept + Hell Le 06 Avril 2012 à Paris, France (Bataclan)
Mars et sa série de concerts de folie à peine achevé, voilà qu'avril démarre lui aussi sur les chapeaux de roue. Le quatrième mois de l'année devrait toutefois être bien plus calme en ce qui me concerne mais sa première affiche signée Base Productions fait baver. La légende ACCEPT revient ainsi à Paris nous présenter son nouvel album Stalingrad. Pour l'accompagner, rien de moins que HELL, les Anglais ressuscités des années 1980. Les Parisiens ont entendu l'appel et c'est une longue queue de fans patientant avant l'ouverture des portes du Bataclan qui m'attend à mon arrivée boulevard Voltaire, moins de deux semaines après la prestation mémorable de Steel Panther.

L'entrée se fait un peu plus tard que prévu (18h45) et la foule s'amasse vers le devant la scène où un décor singulier est déjà installé. Des vitraux détournant les iconographies du christianisme ornent ainsi l'endroit, nous plongeant dans une ambiance de temple sataniste. Un environnement parfait pour la musique de HELL, qui porte bien son nom. Rien que par son vécu d'ailleurs. Car HELL a vécu l'enfer. Formé en 1982, le combo a la malchance de voir son label mettre la clé sous la porte quelques jours avant l'enregistrement de son premier album qui devait parachever le travail de ses différentes démos. Un coup dur pour la bande que quitte le guitariste Kev Bower. S'ensuit le split et le suicide du chanteur/guitariste Dave Halliday en 1987. Plus de 20 ans passent avant que le groupe ne se reforme en 2008 pour enfin sortir son premier full-length. Ce qui sera chose faite l'année dernière sur Nuclear Blast avec le très sympathique Human Remains. À la guitare, sachez que c'est Andy Sneap de Sabbat, plus connu en tant que producteur (c'est lui qui a produit les deux derniers ACCEPT justement!), qui reprend le flambeau laissé par Halliday. Martin Walkyier (de Sabbat lui aussi), qui devait enregistrer les parties de chant, a depuis laissé sa place à David Bower, le frère du guitariste Kev Bower, normalement acteur de théâtre et de télé. Ce qui explique beaucoup de choses quant à la prestation de HELL ce soir. Car David, maquillé d'un fond de teint blafard comme les autres membres, portant des lentilles de contact rouge et affublé de la Sainte-Couronne, joue son rôle de frontman comme s'il s'agissait d'une pièce. Théâtral jusqu'au bout des ongles avec une gestuelle importante pour faire vivre ses paroles (souvent à genoux) et un eye-contact perçant avec les spectateurs. Pas étonnant dès lors qu'il porte un micro devant sa bouche pour lui laisser les mains libres. Le bonhomme défilera aussi avec quelques costumes, notamment une tenue de moine encapuchonné portant un masque d'oiseau de mauvais augure, et un habit de prêtre. Comme au théâtre je vous dis! Alors certes, tout cet attirail peut paraître kitsch, voire ridicule pour des musiciens de cet âge (le batteur Tim Bowler ressemble à Bill Ward d'ailleurs!). Mais ça donne du cachet à la performance et l'impression agréable d'être au théâtre. Sauf que la musique est mieux ici! Parce que oui derrière tout ça, il y a quand même de la musique, et de la bonne. Du vieux heavy à la NWOBHM comme le jouait HELL à l'époque. Tous les morceaux de Human Remains datent d'ailleurs de cette période et ont simplement été ré-enregistrés avec un son actuel. Du bon riff efficace à l'ancienne, de bonnes leads, des rythmiques entraînantes et un chant aïgu prenant et vivant, ce sera ça pendant trois quarts d'heure. Une recette classique mais que les Britanniques maîtrisent à merveille. Légère déception toutefois, je n'ai pas été aussi convaincu en live que sur CD. La faute à un son médiocre envahi par les graves. En gros, basse et grosse caisse en avant qui couvrent les guitares et les mélodies, une mauvaise habitude en concert qui m'a un peu gâché la performance qui aurait sans cela été excellente, les musiciens ayant chacun fait le job (sympa d'avoir vu Andy Sneap) même si le chanteur attire tous les regards. Pas rédhibitoire pour les spectateurs qui ont bien remué la nuque et acclamé les Anglais après chaque morceau.

Setlist HELL:

Let Battle Commence
On Earth As It Is In Hell
Plague And Fyre
The Quest
The Oppressors
Macbeth
Save Us From Those Who Would Save Us


Le rideau se ferme pour ne se rouvrir qu'une demi-heure plus tard sur les coups de 20h30, nous laissant découvrir le décor sobre mais classe d'ACCEPT: un backdrop aux couleurs du dernier album et un mur d'amplis signés du nom du groupe. Le Bataclan est bien rempli et hurle à l'arrivée des Allemands sur scène. Les lumières se rallument et c'est parti! ACCEPT sort le même jour son nouvel album Stalingrad et le fait savoir en ouvrant son set sur "Hellfire" qui passe auprès du public comme s'il s'agissait d'un classique! Le quintette enchaîne ensuite sur un deuxième extrait de son nouveau bébé, le morceau-titre. Grosse tuerie avec les gros chœurs sur le refrain et un break ultra mélodique magnifique en fin de parcours. Dans la fosse, ça remue gentiment mais sûrement (pogos, slams, air guitar, headbanging), ce qui me surprend car je ne pensais pas le public si remuant sur ce genre de groupes. Il faut dire que c'est la première fois que j'assiste à un concert d'ACCEPT, groupe culte mais dont je connais encore mal la discographie, ne possédant que Restless And Wild (énorme), Balls To The Wall (bon mais inégal) et le petit dernier Stalingrad en promo mp3 puisque j'ai l'honneur de me charger de la chronique. Ces trois albums constitueront toutefois une part non négligeable de la setlist. Les Teutons nous offriront ainsi quatre morceaux de Restless And Wild ("Restless And Wild", "Neon Nights", "Princess Of The Dawn" dans une version à rallonge et évidemment en final LE tube d'ACCEPT "Fast As A Shark" qui préfigure toute la scène speed metal et dont l'intro heido, heido, heida de "Ein Heller und ein Batzen" (qui a valu au groupe une controverse) est chantée par tout le public à l'unisson), deux de Balls To The Wall ("Losers And Winners" et en fin de rappel "Balls To The Wall", l'autre tube interplanétaire de la formation) et trois de Stalingrad (outre le début de set sur "Hellfire" et "Stalingrad", on aura aussi le droit à "Shadow Soldiers", belle chanson moins directe que les deux premières). Pour le reste, les Allemands se sont concentrés sur leurs autres classiques (en plus de trente ans de carrière, ils en ont quelques-uns!) comme "Breaker", "Son Of A Bitch", "Up To The Limit", "Living For Tonite" et "Metal Heart" joué en rappel avec une énorme tête de lion dans le background, ainsi que sur leur précédent opus Blood Of The Nations, encensé par la critique mais dont je ne connais que quelques extraits (notamment la magnifique ballade "Kill The Pain" que le groupe ne jouera pas ce soir malheureusement), avec pas moins de quatre pistes: "Bucket Full Of Hate", "No Shelter", "Teutonic Terror" en rappel et "Pandemic" sur lequel les Teutons s'arrêtent de jouer. Ils viennent en effet de remarquer le problème de son que l'on subit depuis deux titres. Je me demandais si c'était moi qui venais de perdre 70% de mon audition. Non, pas encore du moins! D'un coup, le son des guitares est devenu étouffé, le chant inaudible et on n'entendait plus que la basse et la batterie. Jusqu'ici le son avait pourtant été très convenable, bien plus clair et mieux réparti que pour HELL. Après plus de dix minutes de cafouillage pour identifier la source du problème et le régler sous les encouragements impatients des Parisiens, ACCEPT revient sur scène. Ça re-fonctionne! Le groupe aura alors la gentillesse de rejouer "Pandemic" qui avait été gâché par le magma sonore.

Le problème technique a un peu plombé l'ambiance mais celle-ci reprend vite de l'allure. On oubliera donc rapidement ce contretemps fâcheux. Certes les morceaux du groupe sont parfois redondants et certains m'accrochent moins (les titres les plus hard rock mid-tempo à la AC/DC) mais la prestance scénique des Allemands rattrapent le coup. ACCEPT, c'est juste la classe! Typiquement le genre de concert que seuls les vieux de la vieille savent donner. Ils dégagent à la fois une sérénité et un plaisir de jouer, à l'image du guitariste Wolf Hoffmann, et ses faux airs de Bruce Willis en plus longiligne, qui joue toujours ses solos avec le sourire de ses 20 ans. Quant à l'Américain Mark Tornillo, c'est un frontman lui convaincant qui n'a pas besoin de parler pendant des heures pour nous montrer son charisme (malgré ses trois croix autour du cou qui ne laissent aucun doute sur ses inclinaisons religieuses). Et sa voix à la fois puissante, rocailleuse et virile rappelle celle de Udo. Forcément, on ne peut qu'adhérer! Voilà un des plus vieux groupes de heavy metal encore en activité (formation en 1968 s'il vous plaît!) qui tient toujours la baraque et a encore la foi. Ça force le respect! Une belle leçon de passion et d'intégrité donnée pendant 2h, pour un putain de bon concert, même sans boobs.

Setlist ACCEPT

Hellfire
Stalingrad
Restless And Wild
Living For Tonite
Breaker
Son Of A Bitch
Bucket Full Of Hate
Monsterman
Shadow Soldiers
Guitar Solo (Wolf Hoffmann)
Neon Nights
Bulletproof
Losers And Winners
Aiming High
Princess Of The Dawn
Up To The Limit
No Shelter
Pandemic
Fast As A Shark

Rappel:

Metal Heart
Teutonic Terror
Balls To The Wall

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