Cinq longues années séparent à peu de chose près la sortie d’
Endless Pilgrimage et celle de ce deuxième album paru il y a seulement quelques jours chez Sepulchral Voice Records en Europe et Dark Descent Records de l’autre côté de l’Atlantique. Une absence que l’on espérait évidemment moins longue mais compensée néanmoins par le fait que le groupe londonien s’est montré relativement présent sur les planches durant les années ayant succédées à la sortie de ce EP sus-cité.
Si la formation a mis naturellement à profit tout ce temps pour composer les neuf titres présents sur ce nouvel album intitulé
Abyss Of Wrathful Deities, Grave Miasma a également dû faire face aux départs de deux de ses membres fondateurs. Le premier a avoir quitté le navire est le bassiste Adam Wilkinson (Dead Void, ex-Goat Molestör) remplacé dans la foulé par Tom McKenna (Malthusian) qui occupe également depuis 2019 la place de second guitariste suite au départ cette fois-ci de Roland Cohen (ex-Goat Molestör, ex-Cruciamentum, ex-Deströyer 666). C’est donc dorénavant sous la forme d’un trio qu’opère le groupe anglais toujours mené par les frangins Ben-Haim.
Illustré par Pedro Felipe aka Ars Moriendee (Christian Mistress, Expurgo, King Woman, Voodus...), cette nouvelle offrande de Grave Miasma est également passée une fois de plus entre les mains du producteur Jaime Gomez Arellano (Altar Of Plagues, Abhorrence, Cathedral, Cruciamentum, Ghost, Hooded Menace, Paradise Lost, Ulver...). Celui qui a signé les productions d’
Odori Sepulcrorum et
Endless Pilgrimage revient ainsi partager son savoir-faire pour un résultat particulièrement proche (pour ne pas dire identique) à ce que l’on peut déjà trouver sur les deux précédentes sorties des Anglais.
Abyss Of Wrathful Deities jouit donc à son tour d’une production tout en équilibre, à la fois capable d’entretenir par ce côté dense et opaque ce voile de mystère qui plane sur la musique de Grave Miasma depuis ses débuts tout en offrant à chaque auditeur l’assurance de pouvoir s’immerger sans peine dans cet univers sombre, enfumé et occulte grâce à des instruments parfaitement restitués. Certains la trouveront probablement trop « propre » et peut-être même un peu trop "passe-partout" mais ce qu’elle perd sensiblement en caractère elle le gagne en puissance et en lisibilité. À l’image de cette production calquée sur les précédentes réalisations de Grave Miasma, on constate également que le groupe londonien a usé ici du même schéma qu’à l’époque d’
Odori Sepulcrorum. Si le groupe nous offre pour l’occasion un titre de plus qu’en 2013, on se retrouve à nouveau avec le même genre de compositions relativement longues puisque comprises entre cinq et sept minutes alors que le trio réitère également l’exercice de l’interlude qu’il a souhaité positionner là encore en antépénultième place.
Vous l’aurez compris, à l’exception de ce line-up quelque peu chamboulé, on ne peut pas dire qu’il y ait beaucoup de changements du côté de Grave Miasma. Et si "Rogyapa", premier extrait livré en pâture au public il y a maintenant plusieurs semaines, laissait planer peu de doute à ce sujet, une première écoute d’
Abyss Of Wrathful Deities confirme en effet qu’il n’y a rien d’autre à attendre de Grave Miasma que ce à quoi le groupe nous a habitué jusque-là. Est-ce à dire que ce nouvel album s’avère inintéressant ? Non, pas le moins du monde. Bien au contraire. Car si celui-ci ne nous réserve en effet aucune surprise, il n’en demeure pas moins d’excellente facture dans un registre que finalement peu de groupes ont choisi d’emprunter. Alors oui, les Anglais doivent beaucoup à Incantation mais à la différence de bon nombre de ses contemporains qui se sont également engouffrés dans la brèche d’un Death Metal dit "caverneux", Grave Miasma le fait à sa façon, en mettant notamment l’accent sur les ambiances par le biais d’un jeu sombre et tortueux.
Pour autant, et à la différence de toutes les précédentes réalisations du groupe,
Abyss Of Wrathful Deities semble se caractériser par une approche un poil plus dynamique qu’à l’accoutumé. Si les longues séquences mid-tempos tiennent toujours une place importante dans la construction du son et de l’identité de Grave Miasma, on remarque quand même que les Anglais ne sont pas sans donner de sérieux coups de collier tout au long de ces cinquante deux minutes. C’est le cas par exemple avec "Guardians Of Death" qui ouvre l’album sur les chapeaux de roue et qui au passage ne faiblit presque jamais. Loin d’être un cas isolé, on trouve par la suite tout un tas de titres et de passages menés peut-être pas pied au plancher mais avec une espèce de colère et d’énergie relativement nouvelles. C’est le cas notamment sur des titres tels que "Rogyapa", "Ancestral Waters", "Erudite Decomposition", "Under The Megalith" et "Exhumation Rites" où les séances de blasts, tchouka tchouka et autres démonstrations de force ne sont pas rares et dynamisent ainsi grandement le Death Metal de Grave Miasma.
Pour le reste, on va retrouver ce que l’on évoquait déjà un petit peu plus haut, ce riffing sombre et tortueux qui pue l’encens et les rituels occultes, ces mid-tempos opaques et tribaux dont se nourrissent ces atmosphères à couper au couteau, ces solos mélodiques chargés de feeling et capables de transporter l’auditeur dans l’au-delà, ces arrangements qui vont donner une couleur un brin exotique et orientale à certains passages ("Rogyapa" à 5:41, "Interlude", la toute fin de "Kingdoms Beyond Kailash") et bien évidemment ce chant lointain et incantatoire qui fonctionne toujours aussi bien. Bref, tout ce qui caractérisaient déjà dans les grandes lignes le Death Metal des Anglais.
Si
Abyss Of Wrathful Deities ne surprend pas, il n’en reste pas moins un album d’excellente facture. Son rythme plus élevé que ses prédécesseurs lui donne d’emblée une couleur un poil différente et offre dès les toutes premières écoutes entière satisfaction là où un
Endless Pilgrimage m’avait à l’inverse demandé un certain nombre d’écoutes avant de finalement abdiquer... Surtout, tout y est extrêmement bien ficelé si tant est que ‘mon soit client de ce genre de Death Metal davantage porté sur les ambiances plutôt que sur l’attaque frontale. Il y a ainsi dans ce deuxième album ce petit quelque chose qui vous prend aux tripes pour ne plus jamais vous lâcher. Une atmosphère délétère et pourtant enivrante qui offre autre chose à se mettre sous la dent qu’une simple relecture de n’importe quel album d’Incantation et compagnie. Si Grave Miasma se sera fait attendre, cela en valait donc la peine.
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