Unbounded Terror - Faith in Chaos
Chronique
Unbounded Terror Faith in Chaos
Si 2020 a été une année exceptionnelle en termes de sorties de qualité, il ne faudrait pas non plus oublier qu'il y a eu quelques ratés. Et puis j'en ai marre de mettre des bonnes notes, j'ai l'impression d'être un mec sympa alors que je suis un con fini. Voilà donc l'occasion de parler du retour de Unbounded Terror, vieille gloire espagnole de death metal qui a décidé vingt-six après de revenir semer la terreur par le biais d'un nouvel album intitulé Faith in Chaos et paru début 2020 sur Xtreem Music. Plutôt que la terreur, c'est toutefois l'ennui qui surgit ici.
La première partie de carrière d'Unbounded Terror fut courte, de 1991 à 1993, mais prolifique. Trois démos, un split live et un album, l'excellent Nest of Affliction (1992) qui fait partie de ce que l'Espagne a offert de meilleur en matière de metal de la mort. C'est déjà à l'époque Dave Rotten qui avait signé le groupe sur son label Drowned Productions puis réédité l'affaire en 2011 via Xtreem Music. Rien d'étonnant du coup à ce que Faith in Chaos repasse par la case de la maison de disques madrilène, d'autant que le guitariste Vicente Payá, seul membre d'origine rescapé, partage un projet ambient/expérimental avec le boss et que son autre groupe Golgotha, pour lequel il avait laissé choir Unbounded Terror, fait déjà partie de la roster. Deux membres de Golgotha, le bassiste-chanteur Andrew Spinosa et le deuxième guitariste Juan Mateu (live uniquement) font d'ailleurs partie de cette nouvelle ère que complète le batteur inconnu au bataillon Jaume Porta.
Il faut se méfier des reformations et en voilà encore une preuve. Honnêtement, je n'aurais jamais reconnu le groupe lors d'un blind test. Les Ibériques font toujours du death metal cependant il ne s'agit plus tout à fait de la même souche. On passe d'un death metal mixant brutalité floridienne et ambiances finlandaises à un variant monochrome misant tout sur le groove et le son musclé. Cela partait pourtant bien grâce à un beau travail d'illustration de Juanjo Castellano rappelant Immolation. On déchantera vite en lançant la lecture. Non pas dès l'intro éponyme qui ne sert à rien mais dure moins d'une minute, plutôt sur le premier véritable morceau "Hiding from the Light" qui présente déjà toutes les tares que l'opus va se traîner pendant trente-cinq minutes. Outre cette production moderne surboostée mais sans âme mettant beaucoup trop en avant la batterie et sa grosse caisse, c'est surtout le riffing qui pose question. Malgré les touches Asphyx pas déplaisantes, quelques accélérations soutenues efficaces et un solo mélodique appréciable, quel manque d'inspiration ! Générique à mort ! Sans parler de ce motif saccadé à 3'01 qui vire à la médiocrité ou les backing vocals plus écorchés pas du tout convaincants. Tout cela sonne mollasson et ne dégage pas grand chose. C'est pourtant important un titre d'ouverture, bordel ! On se dit alors que c'est mal barré avant que "Silent Soul" démarre sur des gros blast-beats complètement inattendus, soutenant un tremolo dark à l'inspiration retrouvée. En dépit d'un rendu trop mécanique, j'avoue avoir eu une petite gaule et fait le parallèle avec Purtenance qui avait fortement musclé son jeu sur son disque comeback. Dommage, les blasts ne reviendront faire coucou qu'un court instant sur "They Will Come from the Pain". Les mid-tempos et autres ralentissements plus banals viendront un peu freiner l'enthousiasme, néanmoins, cette troisième piste remonte le niveau. "Insidious", même si plus lourd avec ce riff pesant et sombre, s'avère lui aussi acceptable à défaut d'être génial. Un semblant d'ambiance, une lead mélodique correcte, un peu de rapidité, quelques notes Cannibal Corpse bienvenues sur le riff hypnotique et glauque à 1'43, ça passe !
Le reste de Faith in Chaos sera à l'image de ces trois premiers titres. On navigue entre le "ça va" (un titre sur deux en gros : "Silent Soul", "Insidious", "Hated in Hell" et "Engulfed by the Gods"), le "mouais un peu chiant quand même" (le plus souvent, avec un très faiblard "The Destroyers of Hope" qui remporte la palme) et le "ah pas mal là" (trop rare). Rien de vraiment désagréable ou de réellement mauvais, on note même quelques éclairs comme le début appuyé de "They Will Come from the Pain" à la Incantation, certaines mélodies sympathiques en lead/solo, une poignée de tremolos sombres pas dégueulasses ou quelques séquences de tchouka-tchouka thrashy entraînantes, sans toutefois jamais affoler le taux de sérotonine, endorphine, dopamine, ocytocine, adrénaline et autres molécules du plaisir qu'un vrai bon album de death metal est censé nous apporter. Riffs simplistes trop lambdas, ralentissements patauds, manque d'atmosphère prenante, trop de fins en fade-out, côté parfois trop easy-listening, Unbounded Terror ne propose ici rien de très passionnant ou de beaucoup plus intéressant qu'un Six Feet Under ou autre combo de death metal de seconde zone comme il en existe tant. En vétérans espagnols revenus d'entre les morts, préférez Aposento qui ont livré l'année dernière une œuvre d'un tout autre calibre. Moi qui étais très curieux de voir ce que pouvaient nous proposer les géniteurs de cette petite pépite méconnue qu'était Nest of Affliction, j'ai vite débandé avec ce Faith in Chaos poussif et complètement anecdotique. Ce n'était pas la peine de revenir pour nous pondre un album aussi décevant. Les Espagnols semblent cependant s'en contenter car ils n'ont pas décidé d'en rester là. Depuis, Unbounded Terror a sorti en début d'année un EP, Infernal Judgement, comprenant un inédit, quatre morceaux de Nest of Affliction réenregistrés ainsi que trois titres en live de Faith in Chaos. Le peu d'enthousiasme généré par ce dernier, la pochette ignoble et mon mépris des réenregistrements ont fait que j'ai soigneusement évité l'écoute. Le groupe prépare un nouvel album, à voir si on leur laissera une dernière chance. À une époque où le marché nous inonde toujours plus de sorties, rien n'est moins sûr.
| Keyser 20 Juillet 2021 - 856 lectures |
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