Ophidian I - Desolate
Chronique
Ophidian I Desolate
Neuf longues années c’est le temps qu’il a fallu au combo de Reykjavík pour donner une suite au très réussi
« Solvet Saeclum » sorti en 2012, un temps interminable à une époque où tout va très vite et où les singles au format digital se multiplient de partout. Outre l’arrivée du tentaculaire batteur Ragnar Sverrisson (HELFRÓ, ex-BENEATH) – tout comme d’un nouveau frontman et d’un deuxième guitariste – et une signature chez les sudistes de Season Of Mist c’est surtout la multiplication des différents projets annexes de chacun des membres actuels qui est à l’origine de ce délai très long, mais qui sera oublié par les fans du groupe tant ils seront comblés. Car ayant condensé sa musique de façon plus poussée que précédemment (un peu de moins de quarante minutes de gros son pour dix morceaux), le quintet va montrer que le Death Metal a tout autant droit de cité dans son pays que la scène Black Metal qui fait sa renommée à l’international. Il est en effet évident que bien qu’étant plus rare celle-ci a de nombreux atouts à faire valoir et ce deuxième chapitre de l’entité va le montrer tout au long de l’écoute avec une musique incroyablement technique mais qui reste largement humaine, et surtout bien loin des excès synthétiques et plastiques communs désormais à Unique Leader. Si le label marseillais n’est heureusement pas le californien la production a réussi à insuffler une véritable chaleur à des compositions qui pouvaient facilement partir en vrille, ce qui aurait été dommage tant la qualité de l’écriture est incontestable et portée par un jeu à la fois fin et brutal, où les guitares offrent un récital de riffs et d’harmonies diverses sur fond d’ambiance aériennes et éthérées.
Tout ceci va exploser au grand jour dès les premières secondes de « Diamonds » qui ouvre les hostilités d’un disque sans intro, outro ni interlude… juste un mélange continu de brutalité exacerbée et d’envolées mélodiques bien troussées, et à ce petit jeu cette plage d’ouverture sert de parfait condensé de ce que savent faire les insulaires. Portée par une dynamique à toute épreuve et des cassures rythmiques à tire-larigot celle-ci nous montre un frappeur déchaîné et qui n’arrête jamais derrière son kit nous rappelant son boulot effectué au sein de son ancienne formation, à l’instar de la paire de guitaristes qui semble s’inspirer du boulot des deux Sigurðsson. Si pour l’instant on attend toujours le successeur de l’excellent « Ephemeris » nul doute que des passages sur cette galette combleront largement les amateurs de leurs compatriotes, à l’instar de « Sequential Descent » où là-encore les longues parties plus lentes et rampantes nous envoient loin dans les étoiles, sans pour autant que la violence y soit absente. Gardant tout du long un équilibre stable des forces en présence l’accroche ne faiblit à aucun moment, et ce même si on pourra ressentir une certaine répétition des plans et la difficulté à faire émerger un moment marquant plus qu’un autre, un point relativement récurrent dans un genre si relevé.
Néanmoins la faible durée de chacune des compositions permet de mieux faire passer la pilule et d’oublier ce petit problème, d’ailleurs le très court « Unfurling The Crescent Moon » bien qu’étant toujours aussi barré va adopter une posture plus directe et frontale, bien qu’elle continue de jouer sur les deux tableaux opposés. D’ailleurs si la stabilité reste majoritairement présente les nordiques n’hésitent pas à intégrer des éléments surprenants comme l’introduction acoustique et latino de « Captive Infinity », qui sert de tremplin à une suite brutale des plus classiques. Et quand ça n’est pas cela qui transparait c’est un tabassage plus massif à l’instar de « Dominion Eyes » où les gars se lâchent encore plus (sans pour autant mettre de côté la lourdeur exacerbée) niveau débridage, comme vers une technicité plus poussée via le redoutable et dense « Jupiter » où toute la palette technique y est proposée. Si « Enslaved In A Desolate Swarm » va augmenter sa densification musicale en sortant une série de riffs découpés et plans brise-nuques modernes, ça n’en reste pas moins toujours cohérent et totalement digeste tant le surplus bourratif n’est jamais là même si l’abondance de notes pouvait légitimement le faire penser.
Ayant clairement gagné en maturité comme en professionnalisme (sa précédente livraison avait parfois tendance à être un peu juste voire à en faire trop) la bande signe ici une œuvre difficile d’accès de prime abord (tant ce côté parfois un peu bordélique mais maîtrisé peut être repoussant pour les non-initiés), même si à force d’écoute et de persévérance tout ceci va disparaître progressivement. D’une grande intelligence dans la manière d’être amené malgré que ça soit très classique sur le fond et la forme l’ensemble prendra du temps et de la patience pour être parfaitement assimilé et totalement découvert, preuve de sa qualité générale à défaut de marquer l’année de son empreinte et d’être indispensable. En tout cas une fois encore l’Islande réussit à faire parler d’elle de façon positive et confirme sa diversification musicale, portée ici par des vieux briscards locaux expérimentés et qui ne confondent pas vitesse et précipitation… un choix osé à l’heure actuelle où la quantité prend trop souvent le pas sur la qualité.
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