Graveland - Hour of Ragnarok
Chronique
Graveland Hour of Ragnarok
Graveland fait partie de ces légendes du BM à l’aura sulfureuse, non pas tant d’ailleurs en raison de ses paroles, relativement imagées, que de la présence en son sein de personnages plus douteux comme Capricornus, par exemple, qui a frayé avec la bande de Rob Darken durant quelques années au siècle dernier. Extrêmement prolifique, Graveland a sorti pas moins de 20 albums en 30 ans de carrière, une multitude de demos, EP et split. Très hétérogène, la discographie du combo polonais a connu des hauts et des bas, de sa première période relativement raw BM très réussie, de Carpathian Wolves à Immortal Pride en gros, en passant par une traversée du désert nettement moins pertinente (The Fire of Awakening, Dawn of Iron Blades…) jusqu’à ses derniers développements, eux aussi en dents de scie (pour un Will Stronger than Death intéressant, combien de Thunderbolts of the Gods ou de 1050 Years of Pagan Cult sans intérêt ?).
Que vaut donc ce Hour of Ragnarok, dernier venu en date ? The Wolf of Twilight ouvre l’album sur du pur Graveland, archi classique. Gros son guerrier, chœur de chevaliers prêts au combat, rythme basé sur une volonté d’apporter une forte dimension épique au morceau et arrangements/samples de champ de bataille et d’entrechoquements d’épées qui immergent de suite l’auditeur au cœur de la bataille. Puissant, ce premier titre annonce la couleur ; le BM très pagan de Graveland trace sa route sans dévier. Le rythme est soutenu, les arrangements nombreux, comme ces instruments traditionnels qui enrichissent la structure et dressent un décor belliqueux parfaitement réaliste. De ce point de vue, on est vraiment sur le haut du panier de ce que le combo polonais a pu proposer de meilleur.
On notera un point important. Les guitares ne tiennent pas la place prépondérante. Le clavier et les arrangements s’accaparent l’essentiel de l’espace sonore, sans pour autant qu’il faille nécessairement le regretter. Certes, le BM de Graveland manque depuis longtemps déjà de l’agressivité qui pourrait lui faire passer un cap mais l’apport des claviers est réel dans l’ambiance tissée au fil des titres. Les aspects folkloriques se taillent également la part du lion, en témoignent un The Wolf of Twilight, un Hour of Ragnarok ou un Conspiracy of the Wizards littéralement portés par ces ornements folks et gonflés d’une dimension épique et guerrière puissante. L’absence de guitares « fortes » n’est pas dirimante en ce sens que l’emphase qui se dégage des morceaux de Hour of Ragnarok est suffisamment présente et imposante pour que l’on puisse, à mon sens, se dispenser d’une dose d’agressivité supplémentaire. Les morceaux sont équilibrés ainsi et le parti pris d’axer l’album davantage sur les atours folks et pagans que strictement BM se conçoit et demeure en ce sens cohérent.
Pour autant, la musique de Graveland demeure fondamentalement guerrière. Le folk n’est qu’un élément chargé de faire contraste. Les guitares, même effacées, demeurent. Le propos est BM ; la musique proposée n’est pas celle d’un Korpiklaani merdique ou tout autre groupe assimilé. Le folk et les claviers sont au service de la bataille ; ils soutiennent le choc des armes et contrastent le bruit de l’acier. Il en va de même des chœurs proposés. Sur Children of Hyperborea, ils se mêlent à une musique clairement combative. La batterie, un peu trop discrète, apporte en arrière-plan un rythme épileptique qui dresse un mur sonore bienvenu, toujours en contraste avec les chœurs déclamés. C’est efficace et parfaitement exécuté. Puis, surtout, la voix de Rob Darken n’a pas varié depuis les débuts ; elle reste écorchée, comme passée au papier émeri. Naturellement agressive, elle apporte naturellement la touche BM aux morceaux sans fioriture (par exemple, sur des morceaux plus « faibles » comme Following the Azure Light ou The Three Gifts of the Gods).
River of Tears vient clore d’une manière différente l’album, en axant son propos davantage sur les guitares et sur le blast, sans jamais oublier l’emphase néanmoins, rappelant le « vieux » Graveland, celui des débuts.
Hour of Ragnarok n’est pas un retour aux sources ; c’est un album qui s’inscrit dans la droite évolution de Darken depuis des années maintenant, lui qui souhaite développer davantage les aspects folks de sa musique, à l’image de ceux qu’il déploie dans Lord Wind… jusqu’au jour de la fusion, qui sait ? Pour autant, ce Hour of Ragnarok guerrier est une vraie réussite, équilibré et puissant, inspiré et qui s’écoute, comme Darken le souligne lui-même, en un trait de respiration.
| Raziel 25 Septembre 2021 - 1755 lectures |
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