[ A propos de cette chronique ] Beaucoup pourront en témoigner, je ne suis pas un grand statisticien. Pour autant, avec un minimum de bon sens et d'oreille musicale, on peut affirmer sans craindre le quolibet qu'un bon pourcentage des sorties estampillées "NSBM" sont tout bonnement nullissimes, masquant leur absence de talent en empilant les clichés, samples attendus (coucou Tonton) et imagerie ridicule. Cette scène, qui n'est pas en perte de vitesse comme certains pourraient l'affirmer, est particulièrement active en Europe de l'Est. Et la Mère Patrie, berceau du communisme, est un vivier impressionnant de ce genre de groupes qui passent plus de temps le bras en l'air que sur leurs cours de solfège. Bref, dans cette scène, il y a à boire et à manger, et entre la Vodka et le Bortsch, il y a Moloth. Groupe radical aussi bien dans ses idées que dans la musique que ses membres pratiquent, la bête immonde a vécu dix ans de carrière, émaillée de nombreux faits d'armes, entre les rumeurs autour du cas du chanteur, Aleksey (interné pour meurtres) et leurs rares prestations scéniques, toutes plus folkloriques les unes que les autres.
Mon collègue Sakri s'est chargé de la chronique de leur dernier brûlot, "The Black March Saga", que beaucoup attendaient au tournant. Un disque clairement au dessus du lot, aux relents Pagan bien sentis, mais qui ne suinte pas autant la hargne et la haine que celui que je m'apprête à chroniquer, le bien-nommé"By the Wing of Black". Sorti en 2004 chez Stellar Winter Records (Temnozor, Velimor, et les groupes du Blazebirth Hall), l'album a bénéficié d'une réédition, en début d'année, chez les très actifs (mais peu réactifs) brésiliens de Pagan War, avec le même artwork et les titres bonus sur lesquels je ne m'épancherai pas, tant ils sont dispensables. Deux mois et demi (!) après la commande, je peux enfin tenir entre mes mains l'objet, pour mieux le décortiquer.
Un disque de Black Metal suscite généralement des attentes identiques : l'auditeur y recherche soit une dose d'émotions noire, de blasphème, ou de blast-beats pour lui matraquer les tympans et le laisser couché à terre, mais ce que nous recherchons tous, même sans l'avouer, c'est la haine. Du genre humain, du monde moderne, des croyants, des gauchistes, de la voisine, de ce que vous voulez. Tout ce qui compte, c'est de trouver un exutoire à nos émotions noires. Peu de groupes arrivent aussi bien que Moloth (sur ce disque) à transmettre une haine brute et viscérale. Une haine qui passe aussi bien par les compositions très directes et infusées de RAC ("The One Inspiring With Fear") que par les morceaux plus contemplatifs ("Beyond the Twilight" et ses chants clairs). Une chose reste certaine, Moloth sonnerait comme beaucoup de groupes s'il ne comptait pas en ses rangs Aleksey, le hurleur le plus psychotique qu'il m'ait été donné d'entendre. Alternant des vocaux déchirants à la limite de la démence (finalement, l'épisode de l'hôpital psychiatrique n'apparaît pas si surprenant), des hurlements de douleur purs et simples (comme sur le morceau éponyme) et des chants impérieux de haute volée, c'est lui le véritable chef-d'orchestre de "By the Wing of Black".
L'une des grandes forces de ce disque, c'est son effet "rouleau compresseur", un lynchage en règle qui, pourtant, ne déborde pas de blast-beats. Moloth préfère achever l'auditeur à grands coups de rythmiques saccadées ("Scum") ou de mid-tempos tout en lourdeur (le démarrage de "Scent of Blood"), s'autorisant malgré tout de nombreuses accélérations hystériques, le faisant parfois sonner comme du Grindcore ("The One Inspiring with Fear"). Les quelques résurgences mélancoliques, perceptibles dans les riffs de "Beyond the Twilight" ou "By the Wing of Black" ne font qu'ajouter au charme de l'opus, qui se pose comme un véritable classique de la scène NSBM, toutes époques confondues. Caricatural dans le son (nous n'échappons pas aux éternels samples de discours) comme dans l'imagerie, il n'empêche que Moloth écrase la concurrence au sein de ses pairs comme il renvoie se rhabiller bon nombre de groupes non-politisés se revendiquant comme 'haineux". Simple constat.
"By the Wing of Black" est une réussite sur tous les plans. L'album réussit à être très spontané, possédant un côté "bancal" (au détour de certains patterns de batterie en léger décalage) qui ne dessert en rien la qualité générale de l'opus. Et, c'est suffisamment rare pour être souligné, il possède un son très propre quand la majorité des sorties NS sont enregistrées dans un garage sur un vieux magnétophone. Suivi d'un "Unbreakable Faith" bon sans être grandiose, ce premier essai reste pour moi, comme pour beaucoup, le sommet de leur discographie.
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