Paru en janvier 2021 chez ASRAR,
Soul's Exhumation On The Pyres Of Trascension / Legends Of The Ancient Ones est la deuxième offrande de Veštac que le duo d’Europe de l’Est partage pour l’occasion avec le one-man band américain Mäleficentt. Certes, il ne s’agit là que d’un simple split 12" mais en plus d’offrir à l’auditeur deux nouvelles compositions par groupe (ce qui en soit devrait suffire à réjouir les amateurs des deux formations sus-nommées), celui-ci s’étend tout de même sur plus de trente-deux minutes. De quoi convaincre les plus réfractaires à ce genre d’exercice qu’il y a tout de même là matière à creuser.
Si le registre dans lequel s’inscrivent ces deux groupes laisse peu de la place à la fantaisie, on appréciera tout de même que Veštac et Mäleficentt aient fait le choix d’une illustration dédiée. Chacun aura bien évidemment sa préférence en fonction de ses goûts personnels mais dans les deux cas le résultat s’avère plutôt convaincant même si encore une fois il n’y a là rien de très original. Enfin, puisque l’on en est à parler de l’objet, sachez que l’on y trouve également un insert sur lequel, outre quelques informations d’usage, vous pourrez y apprécier de chouettes photos, notamment celle d’Eduardo Mora dans un esprit très inspiré par les années 90 et la Norvège (regard hautain et supérieur, clous et machette de sortie) ou celles de Svarog et Drekavac qui transpirent un peu plus l’amateurisme.
C’est d’ailleurs eux qui vont ouvrir les festivités avec "Taht-Darakshan-I-Daw" et "I-Kia-Draku-Deaz-Dia-Ha", deux titres qui s’étalent sur près de vingt minutes et durant lesquels on peut constater un certain bond qualitatif en terme de production. En effet, bien moins dépouillée qu’auparavant, celle-ci tend désormais vers davantage d’équilibre avec des instruments qui ont véritablement gagné en lisibilité (les guitares) et même en puissance (notamment cette batterie dont la grosse caisse et le tom basse s’imposent dorénavant avec force). Il en est également de même pour le chant qui cette fois-ci trouve place aux avant-postes et non loin derrière comme c’était le cas sur
Ključ Na Nebu, Katanac U Moru. Pour autant, le Black Metal du duo conserve une certaine abrasivité et surtout ce caractère décharné et authentique si cher à ce genre de formation.
Musicalement, Veštac n’a pas changé son fusil d’épaule proposant là encore de longues compositions menées pour l’essentiel le couteau entre les dents. Un rythme soutenu et parfois même aliénant à force dé répétition mais donc l’efficacité n’est certainement pas à mettre en doute. Aussi, on appréciera toujours autant ces quelques baisses de régimes, transitions et autres séquences moins frontales qui permettent au duo d’apporter le relief nécessaire à leur formule et d’entretenir au passage ces atmosphères étranges et inquiétantes qui contribuent au charme de ce Black Metal (les deux premières minutes de "Taht-Darakshan-I-Daw", "I-Kia-Draku-Deaz-Dia-Ha" entre 4:22 et 7:13, etc). Ce qui par contre fait quelque peu défaut à ces deux morceaux ce sont ces mélodies d’Europe de l’Est amenées par ce violon qui contribuaient grandement à la personnalité de Veštac tout au long de l’excellent
Ključ Na Nebu, Katanac U Moru. Certes, on retrouve un peu de cet héritage slave dans les mélodies de "Taht-Darakshan-I-Daw", "I-Kia-Draku-Deaz-Dia-Ha" mais ce n’est pas aussi flagrant qu’auparavant. Rien de rédhibitoire dans la mesure où la contribution du duo à ce split confirme que l’on a affaire ici à une formation talentueuse et inspirée mais c’est un petit regret malgré tout.
Sur la face B, Mäleficentt prend le relai le temps de deux nouveaux morceaux toujours aussi redoutables d’efficacité. Là encore, rien n’a changé du côté du one-man band américain dont on retrouve ici toutes les qualités à commencer par cette dynamique haletante et ces mélodies épiques et envoutantes. Aussi, à l’instar de ses collègues du jour, Mäleficentt mène le plus clair de ses assauts tambour battant et cela sans jamais vraiment faiblir. Bien entendu, on trouve tout de même quelques passages moins soutenus comme sur "The Kingdom Of The Ahuizotl" et ses quelques séquences au rythme plus chaloupé ou sur "Eternal Flight Of The Camazotz" à 3:39 mais dans l’ensemble c’est bien tout en blasts et autres délices de ce genre qu’Eduardo Mora exécute sa formule. Autre source de réjouissance, on l’a vu, ces mélodies toujours aussi bien fichues et évocatrices. Certes, leur nature un brin déglinguée et dissonante continuent d’évoquer en filigrane Les Légions Noires mais leur côté épique et particulièrement entrainant n’en confèrent pas moins au Black Metal de Mäleficentt une saveur toute particulière et le sentiment de devoir partir en mission, battre la campagne à cheval, une épée à la main. Bref, rien de bien nouveau pour le one-man band qui en l’espace de quelques minutes confirme (une fois de plus) tout le bien que l’on pensait déjà de lui.
Certes, le split n’est pas le format préféré de ceux qui achètent encore des disques mais pourtant - et c’est souvent le cas -
Soul's Exhumation On The Pyres Of Trascension / Legends Of The Ancient Ones n’a absolument pas à rougir de son contenu dans la mesure où les titres proposés tiennent aisément la comparaison avec tout ce qu’on pu sortir précédemment ces deux entités. On regrettera peut-être que Veštac ait quelque peu délaissé (temporairement) ces sonorités qui faisaient une partie de son identité mais c’est bien là le seul petit reproche que l’on pourrait faire à l’adresse de cette "collaboration". Aussi, veillez à ne pas faire l’impasse sur ces quelques titres si une sortie de l’un ou de l’autre de ces deux groupes vous a déjà séduits par le passé.
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