C’était il y a 5 ans, je chroniquais
Inori, le deuxième album du Japonais de
KANASHIMI, et je signalais qu’il était moins sombre que prévu. Mais si sa pochette était dans des tons clairs et que les compositions installaient la fragilité, c’était plus pour signifier un abandon mélancolique qu’une plénitude rassurante. Je concluais en disant que le premier album était un acte de souffrance entraînant un suicide, et que le deuxième était l’accompagnement de cet acte final, une sorte de dernière promenade de l’âme…
2023 et O. Misanthropy revient une nouvelle fois seul, et une nouvelle fois sur un nouveau label. C’est cette fois-ci l’Autrichien Talheim Records qui le prend sous son aile, après le défunt Japonais Nekrokult Nihilism en 2009 pour
Romantik Suicide et le Chinois Pest Productions en 2017 pour
Inori. Et ce troisième album semble tout à fait poursuivre l’histoire de
KANASHIMI. Il en est une continuité musicale claire, mais avec une légère évolution qui rendent les ambiances plus fantomatiques. Le suicide est terminé, la libération est finie, il reste maintenant une âme qui rôde, chargée de souvenirs et de mélancolie douloureuse.
Ce qui ne change pas, et ne changera sans doute jamais, c’est avant tout l’apparente simplicité des éléments, qu’il faudrait en fait plus aborder comme une approche épurée. Les compositions sont toujours principalement menées par la douceur excessive d’un piano couplé à l’inexpressivité détachée de vocaux profondément rauques. Les autres instruments ne laissent que de légères traces en arrière plan. Des guitares grésillent doucement, une batterie survit difficilement… Bref,
KANASHIMI reste parfaitement dans son dépressif suicidaire doomesque.
Sauf que cette fois-ci, l’obscurité se fait bien plus ressentir que sur Inori. Encore une fois la pochette confirme cette impression, avec ce personnage errant de nuit, perdu et enfermé dans un monde humain mais désert. C’est aussi ce que transmettent les vocaux de O. Misanthropy. Ils étaient déjà rauques auparavant, mais ils se montrent cette fois-ci encore plus desséchés. Il n’y a quasiment aucun souffle de vie dans cette voix usée, et on n’y ressent même plus beaucoup de souffrance. C’est comme si elle ne pouvait plus que constater le vide existentiel. Elle est alors encore plus que jamais en opposition avec le piano, dont les notes pleurent tout ce que l’homme ne peut plus pleurer lui-même. Le changement dans la manière de s’exprimer entraine une autre évolution notable au sein du groupe : un prononciation bien plus audible. Je n’avais pas souvenir de comprendre les paroles sur les anciens albums, mais là, tous les mots sont parfaitement compréhensibles, même si chantés en japonais. Oui, la quasi-totalité des compositions sont chantées dans la langue de son géniteur, et elles sont terriblement poétiques et romantiques, parlant de « lune », de « pleurs », de « rais de lumières » ou de « roses ». Exemples traduits :
« Yamiuta » (Chant des ténèbres)
切望した孤独は 心蝕み 一筋の光を 涙へと変える
Cette solitude que je souhaitais, érosion du cœur, un rai de lumière, se transforme en larmes…
« Tadoritsuku basho » (Là où j’arrive)
傷だらけの 翼で 暗闇の中 独り飛び立つ
Avec mes ailes recouvertes de blessures, c’est en pleine obscurité, que je m’envole seul…
« The Funeral Song »
枯れた 薔薇と 永遠の 闇へ
C’est avec des roses fanées, que je vais vers l’obscurité éternelle…
Certains l’auront remarqué, il y a bien un titre qui s’appelle « The Funeral Song », en anglais, et qui fait donc « tache » par rapport aux autres. C’est que
KANASHIMI a, comme à son habitude, recyclé un de ses anciens morceaux. C’est une version légèrement remaniée du titre qui ouvrait le split partagé en 2014 avec
HAPPY DAYS :
The Great Depression II.
Une autre particularité de
Yamiuta est de ne pas limiter l’incursion d’éléments japonais dans les paroles, mais également dans quelques apports légers. Il y a par exemple un passage très proche de la musique traditionnelle japonais à 3:20 de « Yurari yurari ». Même s’il est interprété au piano, ce passage rappellera sans aucun doute de vieux films japonais aux amateurs du genre, d’autant que le bruit des cigales a été ajouté, renforçant l’image…
Les 5 compositions de
Yamiuta sont complétées par une dernière, totalement différente, qui fait pus office de bonus. On y trouve le piano habituel, mais les vocaux sont assurés par le timbre très clair et très éthéré de l’Ukrainien Crying Orc, connu pour être à la tête de
KËKHT ARÄKH. C’est doux, cela permet d’accompagner la dernière plongée de l’âme perdue…
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