Kanashimi - Inori
Chronique
Kanashimi Inori
C’est sans crier gare que KANASHIMI est revenu, 8 ans enfin après le premier album Romantik Suicide. 8 ans entre deux opus, mais pas d’inactivité. Les fans se seront procurés en 2010 In My Tears, un EP au CD lui aussi taille mini, puis les deux splits de 2012 et 2014. Le premier avec les autres Japonais de INFERNAL NECROMANCY, le second avec les Américains de HAPPY DAYS. Ces sorties avaient suffi pour nous repaître mais nous commencions véritablement à nous impatienter.
Mais personnellement, ce qui piquait encore plus ma curiosité, c’était de voir si l’unique membre, O. Misanthropy, allait négocier un virage ou garder à nouveau son approche ou se contenter de broder autour de l’univers qu’il s’était créé. Eh bien il y a un peu des deux. C’est à dire que le groupe de black metal dépressif garde ses fondements. Il y a toujours ce piano mélancolique qui mène les compositions, accompagné des grésillements d’une guitare électrique timide, et ces vocaux graves dégoulinants de souffrance. Sauf que voilà, notre homme a relevé d’un bon cran le côté éthéré des morceaux et sa musique s’en retrouve plus apaisée. Le suicide romantique a eu lieu, et il nous propose maintenant l’étape suivante. Il est désormais temps d’emprunter le chemin vers le paradis. La pochette va d’ailleurs dans ce sens. Succès de sa propre mise à mort, mais un repos trouvé. L’album s’appelle en plus Inori, « prière »...
Cette clarté plus appuyée en devient aveuglante. D’autant que par moments, des chœurs lumineux viennent ajouter encore de la crème de pathos. On se sent plongé dans le jardin d’Eden, tôt le matin, les pieds dans la rosée et le visage dans la lueur de l’aube. C’est beau et délicieusement triste à la fois. Ce qui en fera fuir certains au galop. Ils seront rebutés par la déferlente d’émotions de fragile.
Notons tout de même que l’album est une nouvelle fois bien trop court. Romantik Suicide faisait 29 minutes, celui-ci en fait 37, mais avec un instrumental de 2:35 et une piste déjà connue, bien que retravaillée : « In My Tears », raccourcie à 8 minutes au lieu de 10 précédemment.
Si vous trouviez que KANASHIMI avait un équilibre parfait, le changement pourrait être fatal. Même s’il n’est pas énorme, il est suffisamment important pour donner un côté trop propre, trop joli, trop doux. Si les beaux sentiments ne vous gênent pas, ce sera au contraire à nouveau l’occasion de sortir vos mouchoirs et de laisser vagabonder votre esprit.
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