Si tu aimes bien les trucs scabreux, pour ne pas dire foncièrement dégueulasses, tu es forcément un jour tombé sur la pochette d’«
Erotic Diarrhea Fantasy » des Finlandais de
TORSOFUCK. Et pour cause : deux adolescentes asiatiques en uniforme d’écolière qui se galochent dans une flaque d’urine et de merde, cela ne peut qu’émoustiller la libido de l’homme (ou de la femme d’ailleurs) de goût. Ou alors peut-être étais-tu davantage adepte du missionnaire pratiqué avec une femme décapitée (le split avec
LYMPHATIC PHLEGM) ? Combien de mouchoirs délicieusement souillés grâce à ces fines illustrations ! Dieu merci, la musique n’est pas encore en odorama… Par conséquent, s’il y a bien deux mecs qui ont marqué (en bien ou en mal) la scène
brutal slam death gore grind entre 1999, année de sortie de la démo «
High Level Cannibalistic Violence », et 2004, c’est bien eux. Depuis, plus rien : un live à Mexico paru en 2019 bien qu’enregistré en 2008, une compilation datant de 2020… Pas de quoi pratiquer un fistfuck sur le cadavre d’une naine obèse nonagénaire (je vous laisse le choix de l’ethnie). Il y eut bien la petite parenthèse
TORSO en 2019 avec un single suivi d’une démo (
« Demonic Vomiting ») mais force(ps) est de reconnaître qu’on commençait à les oublier ces vieux pervers ! Et là, venu tout droit des tréfonds des ignobles chiottes de l’Enfer : «
Postpartum Exstasy ». Ce titre d’album putain… Qui osera encore dire que la poésie n’a pas sa place dans le
metal ?
Heureusement que l’illustration est floutée, je ne sais même pas si je l’aurais supporté sinon… Elle met la trique ou non ? Hein gros vicelard ? Cela ne te fait pas bander une femme éventrée ? Un corps dénudé marbré de sang frais ? Tu n’aimes pas le
death metal alors, comme c’est triste… Un autre truc que j’ai eu beaucoup, mais alors vraiment beaucoup de mal à supporter, ce sont les interludes. En consommateur assidu de
brutal death, je suis bien sûr habitué à toutes sortes de samples gores, de hurlements… Du moins, je pensais l’être car, alors que le disque ne dure qu’une petite trentaine de minutes, j’ai été une ou deux fois sur le point d’interrompre l’écoute tant les cris des victimes torturées m’ont foutu les nerfs à vif, à huit minutes quatorze par exemple… Car oui, le plus difficile à supporter dans ces neuf titres, ce ne sont pas les blasts programmés, le chant ultra guttural à la
MORTICIAN (jamais chroniqué en ces pages, comment est-ce possible ?), l’ambiance totalement malsaine dégagée par les compositions, les riffs à la finesse du paléolithique ou encore les ralentissements qui broient la cervelle, ce sont bel et bien les extraits cinématographiques (du moins j’espère que c’est du cinéma) faits de pleurs, de gémissements, de coups, de vomissures, d’os sciés, de chairs déchirées, de corps violentés, maintenus en vie durant des jours et des jours afin d’endurer des souffrances de plus en plus abjectes, une perversion à l’état pur qui, je le dis sans honte, m’a foutu foncièrement mal à l’aise.
Bien sûr, l’existence d’un tel disque peut questionner. C’est dérangeant et malsain comme rarement, totalement stupide de brutalité, les limites du tolérable sont repoussées encore et encore, une fois l’écoute terminée on vide son historique de navigation pour que personne ne sache, quand on sort dans la rue on s’attend à être arrêté pour détention de snuff movies et, réellement, ça laisse un malaise persistant dans la tronche, un truc pas vraiment explicable qui me fait dire que oui, ce retour de
TORSOFUCK est justifié car
Jarkko Haapala et
Mikko Friberg ont un don, quelque chose qui fait que leur musique schlingue la putréfaction et le fécal, avec une dimension monstrueusement humaine qui fout la frousse. «
Postpartum Exstasy » est un disque répugnant, pourtant fascinant de par ses excès, son abnégation à descendre toujours plus bas dans l’horreur.
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