Seulement un an après un bien bon
No Gods No Masters, revoilà nos Anglo-chiliens avec un
Sicario annoncé comme un retour aux sources par le leader Anton Reisenegger (le retour du bassiste original de la formation Juan "Kato" Cueto semblant faire partie du processus).
Ne connaissant pas les premiers albums, je ne pourrai pas confirmer ses dires mais une chose est sûre, le groupe a choisi la facilité par rapport au précédent opus et c'est bien dommage.
A l'écoute de
No Gods No Masters, on était tout de suite frappé par le son mécanique et bruitiste (produit par le groupe lui-même) qui donnait à Criminal une signature bien particulière et facilement reconnaissable. Sur
Sicario (mot espagnol désignant des tueurs au service de la mafia sud-américaine), même si la prod' n'est pas radicalement différente, puisque possédant toujours un côté très sec, c'est surtout la patte du producteur que l'on reconnait, Andy Classen. On se croirait presque sur le dernier Dew-Scented (comparaison valable à plus d'un titre, j'y reviendrai plus tard). Du coup, rien qu'avec le choix du producteur, le groupe se fond dans la masse et perd un peu de sa singularité. Pareil au niveau des keyboards qui ajoutaient aux morceaux de
No Gods No Masters une dimension à la fois atmosphérique et indus très intéressante. Ici, point de claviers, Mark Royce s'en est allé (si on m'avait dit un jour que je me plaindrai de l'abscence de claviers...). Criminal me donne l'impression d'être devenu un simple groupe de thrash parmi d'autres. On retrouve certes pas mal de bons morceaux: "Time Bomb", "Walking Dead", "Shot In The Face", "From The Ashes", "Preacher Of Hate", "Por La Fuerza De La Razon" ou encore "The Land God Forgot" mais il y a trop de hauts et de bas, trop de riffs anecdotiques, trop d'inégalité sur cet album. Et surtout, où sont passés les riffs accrocheurs et entêtants de l'album précédent? Pas grand chose de mémorable à se mettre sous la dent sur ce
Sicario, si ce n'est quelques riffs percutants à la Dew-Scented qui provoquent une petite réaction ainsi qu'un riff "tournant" sur "Walking Dead" qui rappelle ce fameux
No Gods No Masters. Les morceaux rapides d'inspiration dew-scentienne sont d'ailleurs les meilleurs. Malheureusement, trop de passages mous du genou viennent un peu gâcher ces bonnes périodes.
Attention, je ne dis pas que tout est à jeter, sûrement pas! Le thrash de Criminal reste varié et recèle encore de bonnes choses, notament des solos inspirés à chaque morceau, des blasts et autres séquences death (bien que beaucoup moins présents), quelques plans mélodiques bien sentis ("Walking Dead" et sa touche légèrement planante du début, "The Root Of All Evil" avec sa jolie mélodie rapide en fondu sonore avant le solo tout aussi mélodique, le break lent de "From The Ashes" qui laisse enfin la basse s'exprimer et où le chanteur ne hurle plus mais parle... ), ainsi que la voix criarde de Reisenegger qui rappellent que c'est bien de Criminal dont il s'agit. Le combo n'oublie pas non plus d'où il vient et nous propose un morceau en espagnol ma foi plutôt bon. Reisenegger avait parlé d'un retour aux sources, c'est donc également un réenregistrement d'un vieux morceau (pas transcendant) figurant sur le premier album du groupe,
Victimized (1994), qui nous est offert en bonus.
Au bout du compte,
Sicario s'avère donc assez décevant, malgré une pochette qui n'annonçait que du bon vu la ressemblance frappante avec le design d'un certain webzine (:p). Le groupe a clairement perdu de son charme en simplifiant sa musique.
Sicario n'est pas non plus un mauvais album, 5-6 morceaux valent le coup, mais il n'a rien d'excitant, on était en droit d'en attendre davantage. Je conseillerai ainsi à ceux qui veulent découvrir Criminal de se pencher de préférence sur l'album précédent,
No Gods No Masters, plus accrocheur, plus inspiré, plus diversifié, plus brutal, plus tout quoi!
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28/08/2005 10:14