En grossissant le trait, on pourrait dire que Krallice nous fait profiter de son évolution en sortant un album à chaque étape, à la façon de Darkthrone depuis les années Dennis Dread. Il existe d'ailleurs un autre lien entre les Ricains et les Norvégiens pour qui achètera la version numérique de
Porous Resonance Abyss mais chut ! Ne gâchons pas trop cette belle surprise crue, étrangement cohérente avec l'œuvre principale qu'elle accompagne.
Cette œuvre, parlons-en, tant elle surprend puis s'inscrit aisément au sein d'une discographie où habitent
Years Past Matter,
Hyperion ou encore
Demonic Wealth. Un rang d'honneur – mes petits favoris – que rejoint
Porous Resonance Abyss, tant l'étonnement de voir les noms de Voïvod, Yes et Rush s'inviter dans une musique instrumentale (vous êtes sûrs ? Tendez l'oreille...) laisse place à l'enchantement, celui de contempler un espace empli de planètes en lévitation, le regard perçant du fou dans la montagne comme seul spectateur.
Dénué d'humanité mais clairement pas d'émotions, le Krallice de 2023 se plonge dans l'émerveillement naissant du ciel, dôme indifférent et ô combien fascinant dans son mouvement perpétuel. On a beau être brusqué, chamboulé par ces guitares stridentes, cette batterie passant régulièrement en hyper vitesse, la contemplation se fait avec la sérénité transpirant des claviers, pris dans le même mouvement que les astres.
Porous Resonance Abyss donne à vivre l'éternel chemin des choses de l'univers, rien de moins, accrochant de ses structures fluides – clairement le groupe revient de loin sur ce point, souvenez-vous de la période irritante de convulsions post-
Ygg Huur –, émouvant de ses acmés répétées.
Il y a une étrange distance sur les quatre titres principaux, comme une sérénité à voir les éléments devenir des engrenages dans la grande roue du temps. Cela ne veut pas dire que rien ne se passe durant ses quarante-trois minutes : Krallice alterne entre magnificence des astres (les première et quatrième parties) et mordant d’un univers que l’on sent capable de nous écraser, notamment au travers de guitares qui, si elles sont parfois reléguées en soutien de nappes volontairement cheaps et stellaires – j’ai pu penser à certaines compositions de Disasterpeace, de même qu’à ces ambiances rétro Sci-Fi d’un jeu comme
Faster Than Light –, savent encore avoir ce grain menaçant dont on sait la formation capable. L’onirisme ne se fait pas sans péripéties sur
Porous Resonance Abyss. Il mérite son terme de « voyage » jusqu’à la richesse qu’il présente, loin des monomanies répétitives dans lesquelles ont pu s’enfermer les Ricains (décidément ce que j’aime le moins chez eux).
Ainsi, on peut voir en
Porous Resonance Abyss un aboutissement de cette part spatiale de la discographie de Krallice, une apothéose qui prend une saveur particulière une fois rapprochée de créations comme
Years Past Matter ou
Hyperion. Il profite d’un équilibre de chaque instant, de même qu’une ambiance où l’attention flottante n’est pas un défaut mais nourrit l’expérience. Il suffit d’écouter les réalisations suivant celle-ci pour constater que la bande a atteint ici un certain état de grâce,
Mass Cathexis 2 – The Kinetic Infinite et
Inorganic Rites tombant chacune à leur manière dans une surenchère absente ici.
Porous Resonance Abyss n’est pas une surprise pour qui connait déjà le talent de Krallice. Mais il se présente comme une forme d’achèvement, aussi bien spirituel – un gros mot, qui pourtant va bien à cette paix ressentie lors de son écoute – que musical. Indépassable ?
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