Du contexte
Révélé en 2003 avec leur album
"Mechanical Spin Phenomena", le groupe danois n'a cessé d'accroître sa popularité pour atteindre une notoriété que beaucoup trouvent peu justifiée. Il fut un temps (quand j'ai découvert ce premier album en gros) où j'aurais crié au scandale en entendant ça mais leur seconde production
"The Audio Injected Soul" m'avait jeté un gros, mais alors très gros froid, leur musique retombant déjà dans un amer classicisme. Autant dire que je n'attendais pas grand chose de ce troisième album. En 2006, Mnemic a connu un changement majeur de line-up : le départ de son chanteur et figure du groupe Michael Bøgballe, ce dernier souhaitant prendre de la distance par rapport à cette notoriété. Après le recrutement et l'éjection rapide d'un premier remplaçant en la personne de Tony, c'est finalement sur le français Guillaume Bideau (de Scarve) que le groupe a jeté son dévolu pour continuer l'aventure. "Passenger" s'annonçait donc comme un sérieux défi, défi à moitié gagné (voir perdu) en ce qui me concerne.
Des trucs qui le font grave
Pour commencer sur une note positive, je viens tirer mon chapeau à M. Guillaume Bideau pour avoir su remplacer (voir surpasser) son prédécesseur dans le rôle du parfait chanteur/hurleur. Je ne connais pas du tout Scarve et c'est donc avec "Passenger" que je découvre son chant, qui se rapproche d'ailleurs étonnamment de celui de Mikael à l'exception près qu'il est plus varié dans les parties claires (ce qui n'est pas rien). Autant vous dire qu'il s'agit là d'une excellente opération pour les danois qui peuvent enfin se vanter d'avoir une voix à la hauteur. Cependant, on pourrait lui reprocher d'en faire parfois un peu trop, mais bon.
Côté musique, comme le laissait présager le précédent album, Mnemic en a terminé avec les expérimentations du premier album et se concentre désormais sur l'efficacité. C'est un choix (j'y reviendrai). Pour le coup, si vous aimez ça (l'efficacité je veux dire), le groupe ne s'est pas foutu de votre gueule puisque "Passenger" ne compte que des titres bruts et directs, bien moins techniques et complexes qu'auparavant, et apporte bien évidemment son lot de gros tubes en puissance ("Meaningless", "In Control", "What's Left", "Shape Of The Formless", ...). La formule est devenue très simple : un mélange hurlement/chant avec des refrains super accrocheurs, des rythmiques bien lourdes et agressives sur des structures basiques. Ajoutez à cela une bonne dose d'effets et d'électronique pour donner un côté très mécanique, un tas d'arrangements en tous genres (mélange des chants, guitares, ...) sans oublier la production irréprochable ultra compacte signée Tue Madsen et vous obtenez un truc qui ferait danser des tétraplégiques. Dans ce chapitre, on peut également citer l'artwork plutôt sympa qui devrait rendre encore mieux sur un petit digipack.
Des trucs qui le font carrément grave moins
Enfin bon c'est bien beau de vouloir donner dans l'efficacité mais il ne faudrait pas en oublier son identité pour autant. Même si à la base Mnemic n'était pas *franchement* un groupe original, ils avaient leur style (si si j'insiste). Aujourd'hui, force est de constater que le quintette se complait dans une certaine facilité, enchaînant des compositions toutes basées sur un même schéma qui en devient vite répétitif et donc lassant. Même s'il est indéniable que les fautes de goût du précédent album ont été gommées (notamment en ce qui concerne certains refrains), cette sensation de "formatage" qui ressort de l'ensemble ne le hisse guère plus haut que son grand frère et fait au contraire retomber la formation dans la masse des groupes de seconde zone qui bastonnent sévère mais sans rien de plus. Et puis ce côté "refrain-en-chant-clair" systématique typé néo-metal pourrait en énerver plus d'un : on pourrait même presque croire à un petit manque de personnalité si les lignes de chant n'était pas aussi bien trouvées...
De la conclusion du chroniqueur
Pour conclure, en ce qui me concerne, je pense qu'il n'y a plus grand chose à attendre de Mnemic. "Passenger" n'est pas un mauvais album, mais caché derrière une production béton, son outrageux conventionnalisme ne lui assure pas une durée de vie exceptionnelle. Je suis un peu déçu que le groupe ait choisi d'aller dans ce sens et je regrette les prises de risques (même minimes) et les expérimentations d'antan au profit de l'efficacité et du formatage. Toutefois, je ne dis pas que cet album ne vous plaira pas, d'antant plus qu'il s'agit là du plus accessible de leur discographie. En fait, ça dépend simplement de ce que l'on en attend : les amateurs de musique simple et directe (et pas trop réticents au chant clair type néo) apprécieront, les autres (dont moi) l'écouteront peut-être et l'oublieront aussitôt.
Par gulo gulo
Par AxGxB
Par Jean-Clint
Par Raziel
Par Sosthène
Par Keyser
Par Keyser
Par Lestat
Par Lestat
Par Sosthène
Par Sosthène
Par MoM
Par Jean-Clint
Par Sosthène
Par AxGxB
Par Deathrash
Par Sikoo