À l'heure où le transhumanisme s'habille au cinéma des agréables traits de Scarlett Johansson – ne me demandez pas mon avis sur l'adaptation en blockbuster de
Ghost in the Shell, rien que l'idée d'aller le voir me fait frémir –, est-il étonnant de voir Tristan Shone embrasser de ses machines la pop de manière aussi assumée ? Sans doute pas, surtout au regard d’œuvres précédentes s'étant faites de plus en plus affinées, avenantes, sans perdre en pouvoir de sujétion.
Il n'empêche que
Pressure Mine reste une énorme surprise. Sorti sans grande pompe au milieu d'autres nouvelles (dont une signature chez Relapse pour un futur album), cet EP sonne comme une refonte complète de l'OS Author & Punisher, faisant sienne cette occasion d'expérimenter que peut être un format court, souvent vu comme un « à-côté » de l'histoire principale. Beats entraînants faisant irrémédiablement bouger la tête malgré leur avancée lourde, voix blanche où les cris sont presque aux abonnés absents (seul « Nazarene » les utilise à foison), mélodies léchées, entêtantes, allant jusqu'à emprunter les structures « couplet / refrain / break / on recommence » des compositions taillées pour réussir... En toute logique,
Pressure Mine réussit, à la fois la mue du projet, dont l'évolution semble on-ne-peut-plus évidente, et son objectif apparent, à savoir transmettre tout ce qu'ont pu dessiner les essais précédents mais de façon plus claire, affirmée, intime, totalitaire... Pop, en un mot.
En effet, on pourra appuyer sur ce changement de ton qu'opère ici Tristan Shone, citer des formations telles que Nine Inch Nails, Pinkish Black ou encore ce que les scènes électroniques contiennent de plus efficace et rock – je ne m'avancerai pas à citer de nom, confessant ma méconnaissance de cette scène – : ce serait passer sous silence cette sensation bien connue, déjà rencontrée lors de
Women & Children et
Melk en Honing. Author & Punisher, malgré ses nouvelles lubies, reste cette sorte de peinture de notre temps, celui d'un pic technologique, où les hommes sont à un pas de devenir des androïdes connectés au monde par le virtuel, et cependant pris dans un déraisonnable fracas, un chaos en mouvement constant, où les questions ancestrales sur notre existence ont en réponse des applications et pop-ups pour les mettre en sourdine momentanément. Industrielles car Implacables, Doom car Damnées, Pop car Prenantes : voilà ce que sont, en surface et au cœur, ces vingt-sept minutes, où un chant humain erre au sein de sons purs et synthétiques, où l'émotion cherche à reprendre ses droits sur un univers monochrome et fabriqué, où l'urgence de danser se mêle d'un besoin d'expulser.
Autant dire que l'on ressort pareillement mélancolique que revigoré de
Pressure Mine, aussi bien épaté par tant de maîtrise (les transitions entre les morceaux par exemple, montrant que tout a été calculé au point de voir cet EP comme un seul morceau dans lequel se laisser couler) qu'emporté dans ce sentiment de rage diluée, dématérialisée, où l'envie nous prend de détruire des lignes de codes froides et mécaniques à coups de poing, sueur, larme et autres choses humaines. En résumé, une nouvelle réussite pour Author & Punisher, dont j'espère un longue-durée de cette trempe le plus rapidement possible, tant sa courte durée laisse frustré de ne pas pouvoir se lover plus longtemps en lui. Mince, le silence, mon écran et mes notifications se rappellent à moi. Vite, appuyons sur « Lecture » !
Par gulo gulo
Par AxGxB
Par Jean-Clint
Par Raziel
Par Sosthène
Par Keyser
Par Keyser
Par Lestat
Par Lestat
Par Sosthène
Par Sosthène
Par MoM
Par Jean-Clint
Par Sosthène
Par AxGxB
Par Deathrash
Par Sikoo