Il est toujours difficile de pointer du doigt le moment où ce qui nous a plu dans une musique devient moins marquant, où ce qu’on considérait comme une identité forte devient un gimmick, une manière de faire qui n’épate plus, voire fait soupirer tant elle paraît convenue.
Certes, ce n’est pas encore tout à fait l’effet que procure Tristan Shone, l’homme-machine derrière Author & Punisher. Il faut dire que son idée de base – comme à chaque chronique, un rappel s’impose : non, ce ne sont pas des guitares que vous entendez – est assez unique pour voir chacune de ses œuvres comme originale. Clairement, on ne pourra pas accuser
Beastland, premier longue-durée sous la bannière de Relapse, de tomber dans le tout-venant. Et pourtant…
Pourtant, impossible de ne pas remarquer que ce nouvel essai confirme cette direction vers une musique plus lisse et policée que l’on sentait chez Author & Punisher depuis
Melk En Honing. Après le chef d’œuvre que reste
Women & Children, le mécanicien est en effet allé vers toujours plus d’accroche, cerclant ses ambiances industrielles et animales d’une accessibilité qui a pu émerveiller sans regret autrefois (l’EP
Pressure Mine) mais qui aujourd’hui donne le sentiment d’avoir affaire à une musique toujours hautement inédite mais n’allant plus au bout des choses. Là où on plongeait auparavant dans une atmosphère de déroute, entre – grossièrement, car rien n’est aussi simple avec ce projet – contemplation à la Blade Runner et attaque athlétique et méthodique à la Terminator, on effleure désormais plus qu’on pénètre ce monde de bête, au travers d’un enrobage puissant mais sans aspérité, de morceaux trop courts pour faire divaguer… Une amélioration de surface sur tous les plans (le chant notamment, irréprochable) mais une perte en immersion qui fait regretter le temps où Tristan Shone faisait de certaines maladresses un atout, l’humanité derrière les machines.
Bien sûr, il serait excessif de dire que tout est à jeter ici. L’efficacité du propos est indéniable, un titre comme « The Speaker is Systematically Blown » restant en tête au point de se retrouver, surpris, à en chantonner les mélodies sans s’en rendre compte. Le dépit laissé de côté, Author & Punisher semble encore capable de créer des atmosphères particulières sur un temps court, la fin de ces trente-sept minutes renouant avec la brume technologique que les longue-durées précédents magnifiaient de belle manière. Succédant à des albums prenants, ainsi qu’un concert hypnotique,
Beastland a aussi pour défaut d’arriver à cet instant de la carrière de Tristan Shone, là où il aurait pu me laisser estomaqué comme premier jet.
Finalement, peut-être l’origine de cette (petite) déception est-elle à chercher dans le fait que, pour la première fois, on se trouve à dire que cet album est « bon » – et pas plus que cela, là où Tristan Shone faisait preuve d’excès, certes, mais finissait par en tirer une part de sa personnalité si énigmatique et attachante. La suite nous dira si on tient là l’œuvre par laquelle Author & Punisher a commencé à perdre son étrangeté. Mais que cela ne décourage pas les tentés de lui laisser une chance car – et je n’arrive définitivement pas à en dire autre chose –
Beastland est un bon album. Et c’est si dommage…
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