Enslaved - Below The Lights
Chronique
Enslaved Below The Lights
Qui aurait pu imaginer un jour qu'Enslaved se lancerait dans une aventure aussi ambitieuse que
"Monumension". En un album, le groupe aura opéré une totale remise en question de sa direction musicale qui malgré les (sans doute) nombreux fans laissés sur le carreau, aura eu le mérite d'amener leur musique vers un style totalement novateur. Deux ans après cette introspection musicale et une coupe franche dans le line-up avec les départs de R. Kronheim (guitare) et Dirge Rep (batterie), les norvégiens viennent confirmer leurs nouveaux engagements avec ce "Below The Lights" et ainsi évaporer toute rumeur d'un éventuel "retour au sources".
Même si Enslaved continue d'aller de l'avant, ce septième album marque tout de même le retour à un style plus compact et beaucoup moins expérimental. Leur musique retrouve une certaine homogénéité dans sa forme, chose qui manquait peut-être à un grand frère se perdant parfois dans des divagations pas du goût de tous. Les guitares reviennent alors au centre, qu'elles soient électriques ou acoustiques, leurs racines black metal aussi avec toujours cette dimension mystique, l'essence même de leur musique. Mais toute la puissance d'Enslaved résite dans leur capacité à repousser les limites de leur style, à faire tomber les étiquettes pour qu'on ne retienne finalement que l'essentiel : le fond. Ainsi, le groupe poursuit son chemin sur les terres du metal progressif avec des compositions aux structures alambiqués qui intègrent de plus en plus de claviers, de sons synthétiques, de passages atmosphériques et de somptueux solos planants. Concernant cette évolution, l'arrivé de Arve Isdal en tant que lead-guitariste apporte un plus indéniable à leur musique, dans les mélodies, les solos et il n'y a qu'à écouter celui de "A Darker Place" pour se rendre compte du feeling de l'homme. Pour ce qui est de la voix, en marge de ses hurlements toujours aussi reconnaissables, le chant clair de Grutle continue de se bonnifier, mis en avant par des compositions qui lui laissent de plus en plus de place ("Havenless", "Queen Of Night", "The Dead Stare").
Le style d'Enslaved n'a donc plus de limites et en ce sens, "Below The Light" n'a rien d'un album facile d'accès. Les compositions sont longues (pas moins de 5'30), aux différents changements de rythmes et aux différentes atmosphères, alternant hargne et violence, calme et sérénité sans qu'à un quelconque moment, les norvégiens y perdent leur intégrité. Tout demeure cohérent, envoûtant, construit comme un récit dont on ne demande qu'à entendre la suite. Même si j'y ai trouvé quelques longueurs ("Havenless", "The Dead Stare"), "Below The Light" n'en reste pas moins un voyage passionnant, d'une profondeur et d'une richesse quasi-inépuisable à l'image de morceaux tels que "As Fire Swept Clean The Earth", "Ridicule Swarm" ou "The Crossing", un des plus beaux titres que le groupe ait composé. Avec ce septième album, Enslaved affirme donc une nouvelle fois sa liberté et son identité musicale, pour le plus grand bonheur des amateurs de musique extrême et novatrice. Vraiment prenant.
| Dead 13 Juillet 2007 - 4594 lectures |
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