Impaled Nazarene - Manifest
Chronique
Impaled Nazarene Manifest
_ « Oh p'tain les gars, on a un super album de nuclear metal bien rapide et malsain là, ça défouraille à fond.
_ Ouais, mais le problème c'est qu'il fait 25 minutes, c'est pas un peu court ça ?
_ Bah, on a qu'à diviser le tempo par deux, comme ça il sera deux fois plus long !
_ Oh p'tain ouais c'est pas con !
_ Quelqu'un a vu les bières ? »
Voilà en substance ce qu'ont dû se dire les grands mathématiciens de Impaled Nazarene avant de finaliser ce dixième album studio de leur longue carrière. Et avec ce Manifest (non, pas celui du parti communiste, je vous rassure), nos finlandais ont réussi à prendre tout le monde à contre-pied en composant un album moins rapide, moins technique et bien plus primaire que leurs dernières créations. Alors, bonne ou mauvaise nouvelle ?
Une chose est sûre, ce Impaled Nazarene va faire hurler les fans de ce que le groupe a fait depuis Nihil en 1999. Oubliez les guitares mélodiques et les refrains endiablés, cet album ne s'embarrasse pas de riffs compliqués ou d'un semblant de technique. Oh non, là les guitares vous balancent une belle succession de refrains et de breaks tout en accords, eux-mêmes soutenus par une batterie plus punk que jamais. Il faut attendre le sixième morceau « Pandemia » pour que le groupe se décide enfin à passer en troisième, sans toutefois réussir à atteindre ne serait-ce que le début de leur fureur d'antan
Et là, c'est le drame. Après un morceau presque rapide et mélodique, Manifest repart de plus belle dans le médiocre avec un morceau simpliste et peu inspiré. Au final, cet album ne comporte que de très rares passages à vélocité soutenue, et sonne comme un (trop) long mid-tempo. Et encore, je ne sais pas comment qualifier les horreurs que sont « Funeral For Despicable Pigs » et « Dead Return » et leurs accords qui s'enchaînent environ deux fois moins vite que n'importe quel morceau de Shape Of Despair. C'est – outre le fait d'être purement insupportable – tellement mauvais que l'on prendrait presque plaisir à écouter le reste de l'album, qui a au moins le mérite de comporter plus de trois notes à la minute.
En plus de cette composition déplorable, notons que Mikaa a dû enregistrer ses vocaux un jour d‘angine blanche, et l'on doit supporter une voix de gorge qui doit abriter une famille de chats errants toute entière tant le timbre du plus chauve de nos finlandais est devenu monocorde.
Mais cela ne vous sautera pas aux oreilles tout de suite, oh non, car notre cher Mikaa fait quand même office de repère sonore, seul élément ayant été sauvegardé du naufrage d'un Impaled Nazarene dont on se demande comment il a pu sombrer si profond.
Car même le son de ce Manifest a trouvé le moyen d'être raté : des guitares compressées, écrasées, indéfinies et à la saturation brouillonne dont le rendu tient plus de la bouillie sonore bien grasse que du son metal actuel laissent surnager une batterie claquante au jeu aussi plat que l'encéphalogramme de Grégory Lemarchal. Peut être que les amateurs de vieux death de Stockholm y trouveront leur compte, mais cela m'a fait mal à la tête bien avant la fin des 50 minutes que dure cet album.
Et là vous-vous dites sûrement : « bouah, c'est un con qu'aime pas les premiers Impaled Nazarene et qui supporte pas leur retour aux sources, tout simplement », ce à quoi je vous répondrais sale petit impertinent que non, cet album n'est pas un retour aux sources. C'est même un grand bon en avant dans l'aseptisation galopante qui règne au sein du metal extrême actuellement. Oubliez le côté dégueulasse, ultra teigneux et malsain des premiers efforts du groupe, vous ne trouverez ici que des riffs poussifs gentillets et proprets qui vous feront amèrement regretter les années 90.
Plus j'écoute Manifest et plus je me dis que Impaled Nazarene a tout voulu faire dans la précipitation, suite à une tournée européenne désastreuse (annulations et vol de matériel à la clé), qui n'excuse pas pour autant que cet album le soit aussi.
Certes quelques rares bons passages et un ou deux morceaux sympathiques viennent sauver ce Manifest de la catastrophe totale, mais ne pourront nous faire oublier que Impaled Nazarene, à l'instar de trop nombreux autres groupes de metal extrême, est tombé dans le piège de la simplicité sans arriver à donner plus d'efficacité à leur musique, ce dont vous admettrez que nos finlandais n'avaient pas besoin.
Au dos du promo, il est écrit : « more dynamic and diverse album » ainsi que « excellent production ». On ne leur a pas dit chez Osmose que la publicité mensongère était interdite ?
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