Ceux qui ont vu « Des hommes d'honneur » – avec Tom Cruise, Jack Nicholson et Demi Moore – se souviendront sans doute des fameux « Code Red », ces bizutages punitifs administrés au sein d'une troupe de soldats à ceux qui déméritent ou qui s'éloignent trop des standards en vigueur. Ce genre de brimade peut évidemment bien vite dégénérer, notamment quand celui qui l'inflige répond au doux patronyme de Sodom: dans ce cas de figure extrême, le saignement de tous les conduits, auditifs ou autre, est évidemment à prévoir!
M'enfin comme c'est souvent le cas avec ce genre de brimade avilissante, celui qui l'administre le fait souvent pour palier à ses propres frustrations – p'tite bite, boulot de merde, vie de con, pot de Nutella retrouvé vide sur l'étagère … ou cruel manque d'inspiration au moment de sortir son nouvel album. Et il semble bien qu'en effet, le père Tom se soit retrouvé dans l'une de ces situations peut enviables à l'arrivée de la fin du millénaire, quand a sonné l'heure de dégainer sa basse pour composer les nouvelles hymnes de la machine de guerre teutonne.
En effet, cette nouvelle galette se révèle très inégale, et surtout assez peu inspirée. L'intro de l'album constitue en cela une parfaite mise en abyme du contenu de ce CD: ces quelques bruitages creux, sans originalité ni direction, n'apportent rien de bien intéressant à la suite des évènements et sentent à plein nez la figure imposée exécutée sans conviction. Heureusement suivent deux solides pièces de thrash Sodomien véloces et efficaces … le problème étant qu'on a franchement l'impression d'avoir déjà entendu tout ça sur les albums précédents.
« Code Red »? C'était pas déjà sur
« Tapping The Vein » ça ?
Ca ne serait pas tiré de « Silence is Consent » ce passage des fois?
Et les effets rythmiques bombardier de « What Hell Can Create », on ne les aurait pas déjà entendu sur « Magic Dragon »?
Prenez « The Vice of Killing » tiens: vous aurez là encore un parfait exemple de thrash bien efficace, mais complètement téléphoné, l'illustration la plus flagrante en étant le superbe – mais usé jusqu'à la corde – passage guerrier débutant à 2:20. Ajoutez à cela que cette fois-ci, les refrains imaginés par le père Tom sont parfois vraiment mauvais, « The Vice of Killing » ou « The Wolf and The Lamb » remportant la palme du plus gros grincement de dent à ce petit jeu. Et puisqu'il faut finir la bête pendant qu'elle est au sol, baignant dans son sang, il convient d'ajouter que « Tombstone » est formidablement lourdingue et pataud, que « Warlike Conspiracy » assure vraiment le service minimum, que « The Wolf and the Lamb » manque atrocement d'inspiration, et que « Cowardice » et « Visual Buggery » sont chiants comme la mort.
Bah merde alors, qu'est-ce que t'as foutu Tomtom? Un excès de zozisses à l'Octoberfest ? Un caillot de houblon coagulé coincé dans l'urètre? Une nuit de trop avec la mère Merkel?
Heureusement, même quand il écrit un album au radar, la gueule dans le cul et la muse aux fraises, le père Angelripper sait toujours envoyer la sauce avec classe sur une poignée de brûlots destructeurs (
qui a dit « envoyer la sauce au poignet sur ta culasse brûlante avec ardeur» ?). Ainsi, le mélange evil thrash vicelard / rock graisseux pratiqué sur « Liquidation » casse méchamment la baraque, de très courtes incartades purement evil death (
à 0:37 et 1:08) renforçant encore la sauvagerie du titre. « Book Burning » fait de son côté dans l'hyper rapidité, Bernemann n'ayant clairement pas besoin de napalm pour foutre le feu à sa 6 cordes … Le refrain de ce titre apportant par ailleurs sa dose de « légère mélodie », cela crée un contraste jouissif avec les redémarrages au taquet des riffs carburant au kérosène. Et puisqu'on parle de contrastes, il faut saluer l'éternelle science de la cassure et de l'accélération assassine que Tom met cette fois encore à profit sur de nombreux titres dont « Spiritual Demise »: après près d'une minute de thrash pépère, l'auditeur se fait cueillir par une claque surboostée vers 0:53, puis repart taper du pied à 1:18, avant de se faire embarquer dans un plan heavy et lourdement puissant à 1.31 … "Fuck yeah!" comme dirait ma grand-mamie! Enfin, en vieux renard aguerri aux tactiques du combat métallistique sur rondelle laser, Tom a gardé pour la fin une cartouche de choix avec « Addicted To Abstinence », morceau crusty et crassouille à souhait qui fait – une fois de plus – rejaillir le Lemmy qui est en lui: sale, bête et méchant, ce morceau finit, dans un jouissif chaos de basse vrombissante, de voix écorchée et de bon vieux riff thrash bourdonnant, un album en l'occurrence plutôt médiocre, mais relooké in extremis en une arme de guerre encore en bon état de marche via cet efficace camouflage final.
« Code Red » n'est donc clairement pas un album vital, et sûrement pas le point d'entrée idéal pour découvrir la discographie du groupe. Il permettra néanmoins aux fans de toujours de garder la rondelle convenablement dilatée en attendant l'album suivant, ceci étant tout particulièrement vrai pour ceux ayant fait l'acquisition de la version double CD qui contient la sympathique – mais inégale elle aussi – compilation « Homage to the Gods », qui rassemble un grand nombre de reprises du groupe par - entre autres -
Cradle of Filth,
Impaled Nazarene,
Krisiun,
Brutal Truth, Order From Chaos ou Swordmaster (la meilleure de ces reprises étant à mon sens le « Blasphemer » complètement transcendée par
Luciferion).
4 COMMENTAIRE(S)
28/10/2008 18:34
Disons qu'en dehors des bons points que je récapitule à la fin de la chro, les moments "efficaces" (relativement nombreux certes) sont souvent plats, ou alors des redites du passé. Quant au tribute CD, tous les titres peuvent être trouvés sur les productions des groupes en question. 'fin bref
En tout cas Sodom vaut mieux que ça ...
28/10/2008 17:38
28/10/2008 13:05
Oui mais ça aurait manqué de cuisse tout ça. Il faut également savoir replacer Sodom dans un contexte hétérosexuel ...
28/10/2008 13:01
Colonel Nathan Jessep, Guantanamo Bay, Cuba.
A part ça t'aurais pu citer Kevin Bacon ou Kiefer Sutherland en lieu et place de cette endive de Demi Moore.