Orchidectomy - A Prelate's Attrition
Chronique
Orchidectomy A Prelate's Attrition
Miracle! Voilà ce que représente la sortie de cet album. Enregistré il y a deux ans et demi, supposé voir la lumière du jour voilà plus d'un an, le tant attendu premier album des Canadiens d'Orchidectomy, A Prelate's Attrition, atterrit enfin dans les bacs virtuels. Un retard dû au label Unmatched Brutality, rebaptisé pour l'occasion Unreleased Brutality, en plein marasme mais qui tente de refaire un peu surface. Ironie du sort, Orchidectomy a splité bien avant de voir son full-length décorer les étagères des brutasses du monde entier. De miracle celà dit, A Prelate's Attrition n'en a que sa sortie parce qu'autrement, il s'avère d'une médiocrité affligeante.
La démo trois titres 2005 m'avait agréablement surpris et j'avais même placé Orchidectomy ("ablation d'un testicule") dans la catégorie très restreinte des groupes de slam death à suivre de près, malgré le jeune âge des musiciens. La pochette sombre, dérangeante et old-school type The Descent dans les bois n'entamait pas mon enthousiasme, bien au contraire. L'écoute de l'opus lui, l'a annihilé en quelques secondes.
Pourtant, Orchidectomy n'a pas changé de voie et continue à perpétrer le death metal ultra brutal, blasté et slammisant de sa démo. Deux titres issus de cette dernière, "Fourth Blessed Gorge" et "Celestial Excruciations", ont d'ailleurs été repêchés pour l'album. Alors je ne sais pas si c'est moi qui commence à me lasser de ce genre de groupes mais quoiqu'il en soit, A Prelate's Attrition me fait beaucoup moins d'effets. Il faut dire que la production approximative et fouillie rend la musique de la formation de Toronto très difficile à appréhender. Il est même presque impossible de comprendre ce qu'il se passe quand le combo blaste à tout va, c'est à dire 70% du temps. Ca renforce le côté chaotique de l'ensemble mais trop de chaos tue le chaos. Comment pourrait-on malgré tout décrire ce que nous proposent les Canadiens? Disons qu'on peut diviser la musique en deux catégories, blasts-beats et slams, et rapprocher Orchidectomy de Foetopsy, Brodequin ou Devourment.
Tout d'abord les parties blastées, extrêmement brutales. Un beau foutoir, pendant lequel discerner les riffs relève de la discipline olympique, notamment à cause d'une batterie au son certes naturel mais qui prend trop de place dans le mix. Le batteur joue très vite, un des points qui impressionnait le plus sur la démo, s'adonnant même à quelques gravity-blasts, mais n'est pas toujours carré, ce qui renforce d'autant plus l'impression de bordel fini. Les guitaristes eux aussi savent appuyer sur l'accélérateur mais on a le sentiment que le groupe se laisse un peu emporter et n'arrive pas à contrôler l'ensemble. En gros c'est brutal mais ça n'a pas beaucoup d'intérêt et c'est même chiant comme la mort.
Ensuite, les slam parts. Simples, lourdes, grasses et un peu groovy avec comme souvent quelques harmoniques sifflées à la clé, elles n'ont malheureusement rien d'original et ne font que répéter un schéma mille fois utilisé. L'effet tombe donc à plat même s'il faut reconnaître la qualité de certains passages, pachydermiques et jouissifs, bêtes et méchants ("Celestial Excruciations", "Deifying Anthropomorphic Ruin"). Et heureusement, si le mix laisse en retrait les guitares, la production leur a donné assez de carrure pour accentuer la lourdeur des slam parts.
Vous mélangez tout ça sur des morceaux de 2'40 en prenant bien soin de changer souvent de rythme, vous ajoutez quelques samples (pour une fois vraiment bien fichus et utiles cf. "Debridement" et "Seraphic Abhorrence") histoire d'alourdir et de putréfier l'atmosphère et vous posez dessus une voix inhalée ultra gutturale, genre gargouillis de bidet à l'agonie et vous obtenez A Prelate's Attrition. Le chant de Justin Boehm, désormais chez Animal Killing People, s'avère d'ailleurs l'un des défauts majeurs du disque. Putrides, inintelligibles et inhumains, avec sans doute pas mal d'effets, les vocaux collent à la musique mais me tapent sur le système. J'avoue faire une indigestion de ce genre de pratiques vocales. Les adeptes prendront eux sûrement leur pied en tout cas!
S'il n'y avait que la production bancale ou les vocaux ridicules...sachez que les riffs, qu'ils soient mid-tempi, lourds ou rapides sont particulièrement inintéressants, plats et génériques au possible. J'ai rarement entendu une telle pauvreté à ce niveau d'ailleurs. La durée minimale de 28 minutes, s'impose dès lors comme un soulagement. Et si la pochette se range parmi les plus réussies de l'année, le livret est lui réduit à sa plus simple expression.
Beaucoup de bruit et d'attente pour rien, voilà résumé en une phrase le sentiment de déception que nous laisse ce premier et dernier opus d'Orchidectomy. Dans le genre, Abominable Putridity et Cephalotripsy, même s'ils varient beaucoup moins le rythme, ne blastent que très rarement et se retrouvent donc eux aussi handicapés par une grande répétitivité, sont bien plus jouissifs, avec un sens du groove plus développé, une puissance autrement plus importante et un niveau de putridité bien supérieur. A réserver aux fans inconditionnels de brutalité débilisante, pour les autres ce sera "circulez, y'a rien à voir"!
| Keyser 25 Décembre 2008 - 2061 lectures |
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