Blasphemer - On The Inexistence Of God
Chronique
Blasphemer On The Inexistence Of God
Connue pour ses eaux calmes, la Mer Méditerranéenne traverse depuis quelques années une période agitée. La faute à des courants extrêmes en pleine ébullition, on l'a bien vu l'an dernier chez les Grecs. Les Italiens sont également pris dans la tourmente. Hour Of Penance, Necrotorture, Septycal Gorge, Fleshgod Apocalypse, Putridity, les tempêtes font rage aussi de l'autre côté des Alpes. Et d'après les météorologues, il ne faut pas attendre d'accalmie avant un moment. Un nouvel ouragan du nom de Blasphemer vient d'ailleurs de dévaster la botte avec des rafales violentes et complètement imprévisibles.
Premier full-length pour Blasphemer qui après dix ans d'existence, une démo et deux splits (avec notamment les Russes de Scrambled Defuncts) peut enfin laisser éclater l'orage avec cet On The Inexistence Of God brutal, intense, technique et chaotique qui n'est pas sans rappeler la tornade Deeds Of Flesh. Blasphemer ne bouleversera pas durablement le climat mais surprendra les amateurs de cyclones ravageurs typiques des cieux nord-américains. La splendide pochette de Marco Hasmann fait dès lors office de prévention face au danger représenté par le quintette lombard. Ambiance sombre et chaotique de fin des temps, épisodes plutôt courts, bourrasques rapides et complexes aggravées par le hurlement parfois déchirant du vent, changements de direction nombreux et inopinés, terre qui tremble à cause des basses fréquences, brutalité dévastatrice incarnée notamment par des décharges fulgurantes, Blasphemer fait très mal. Une musique extrême où il se passe beaucoup de chose en peu de temps et dont les parties de chant assurées par pas moins de quatre membres ne fait qu'accentuer l'intensité d'un phénomène climatique connu mais toujours difficile à appréhender. Le quatuor vocal, s'il participe grandement aux déchaînements des intempéries, peut aussi se voir pointé du doigt. Le chant principal, grognement guttural qui ne fait que répéter le même son incompréhensible à longueur de temps, s'avère trop monotone et handicappe la dynamique de l'ensemble. Les autres vocaux ne sont pas spécialement géniaux non plus avec des screams et des pig squeals très dispensables. Seuls les growls classiques tirent leur épingle du jeu mais leur faible présence ne peut les poser en sauveur. Si l'idée de chants à quatre est formidable par le potentiel de diversité qu'elle représente, on est ainsi loin des dégâts causés par le cataclysme Gorgasm, polyglotte renommé.
Un brutal death technique de très bon calibre qu'un chant trop brouillon vient un peu gâcher. Voilà en gros mon impression sur On The Inexistence Of God. On pourra aussi reprocher une batterie sous-mixée alors qu'Alex Solaro est pourtant l'un des atouts majeurs de la formation. C'est celà dit le seul point noir d'une production globale excellente. Autre problème mais récurrent dans le genre, le manque d'accroche. J'ai dû écouter l'opus une bonne quinzaine de fois et seuls quelques riffs me sont revenus en mémoire (des riffs un peu plus simples me faisant penser à Being Killed d'ailleurs, pour rester chez Comatose Music). L'album demande donc énormément de temps et de patience avant d'en prendre la pleine mesure. Pas vraiment un défaut toutefois pour ceux qui aiment les défis. Heureusement, quelques ralentissements bien lourds typiquement brutal death US sont là pour nous faire reprendre nos esprits et trouver un coin pour s'abriter, même si c'est la tête dans le sable. Blasphemer calme également le jeu grâce à quelques samples participant à l'atmosphère ambiante, sur "Nihilist Preachers Of Death" (30 jours De Nuit) et "Outro" (Bad Boy Buddy). Mieux, les Italiens samplent le grand Nino Rota et son légendaire parrain en intro de "The Killing Dogma". Bien vu! Et autre preuve que Blasphemer sait aussi se faire doux, le morceau-titre "On The Inexistence Of God", instrumental acoustique de toute beauté qui redonnera un peu de couleurs à des terres ravagées par un tel déluge.
Blasphemer a encore du travail mais pour un premier album, On The Inexistence Of God est ce que j'appellerais du bon boulot. La formation transalpine possède déjà toutes les qualités (blasts en pagaille, rythme frénétique et épileptique, riffs techniques assez complexes, ambiance chaotique et sombre) que recherchent les amateurs de brutalité éreintante demandant abnégation et persévérance. Quelques accalmies, une violence efficace vous sautant directement à la gorge et quelques élans mélodiques acoustiques devraient toutefois éviter aux plus faibles de se faire emporter. Un cyclone à fort potentiel qui pourrait passer force 5 en rendant plus accessibles ses parties de chant. En tout cas, voilà une nouvelle recrue de talent pour Comatose!
| Keyser 8 Février 2009 - 2485 lectures |
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