CarmelaR »
Vilosophe »
Jungle Rot - What Horrors Await
Chronique
Jungle Rot What Horrors Await
Dans le jargon militaire, le jungle rot est une infection de la voûte plantaire contractée à force de ramper dans la boue et l'humidité de l'enfer vietnamien. Death old school maladif et thématique guerrière ? Accélérations thrash modérées, lourdeur du tempo et growls caractéristiques illustrant l'enlisement des forces armées US dans un conflit où la bonne vieille machette finit toujours par triompher de la mort au napalm ? Tout juste Auguste. Jetez un dernier regard en direction de vos orteils, enfilez vos rangers et foncez tête baissée dans la fange une fois tirées les dernières salves à travers la végétation, dès fois qu'un jaune un peu trop téméraire ait quitté sa tanière pour vous faire un deuxième sourire. Six pieds sous terre, c'est bien là que JUNGLE ROT vous entraîne et ça tombe plutôt bien, étant donné que la dernière livraison de Chris Barnes n'a pas complètement répondu aux attentes des adeptes du close combat faisant l'impasse sur les gravity blasts et autres artifices du death moderne.
OBITUARY ayant à son tour trouvé la mort dans l'anonymat d'une fosse commune aux environs de Saïgon, on expédie les réservistes en première ligne. A charge donc pour les troisièmes couteaux ricains de JUNGLE ROT (from Kenosha, Wisconsin), au front depuis 1994 et dont « What Horrors Await » est tout de même le sixième full length, de sauver ce qui peut l'être avec un arsenal limité, quasiment dépourvu de solis et misant tout sur le groove et la force brute. La tactique, frontale mais modérément brutale, capitalisant sur quelques assauts aussi répétitifs que prévisibles (le groupe donne souvent du riff avec une approche simpliste, voire minimaliste) garantit l'efficacité immédiate de la manoeuvre, l'album prenant aux tripes dès la première écoute. L'entame, plutôt saignante, fait ainsi se succéder pas de charge éléphantesques et footings thrash modérés avant de basculer dans le heavy slayerien (« Worst Case Scenario »). Et si l'attaque soudaine de « Straight Jacket Life » peut surprendre vu la lourdeur du titre précédent, JUNGLE ROT n'en délivre pas moins le quota minimal de riffs brise-nuques attendu, quand il ne fonce pas tête baissée avec la grâce d'un phacochère ennivré par l'odeur de son propre sang (« Two Faced Disgrace »). Franchement basique et directe (chaque titre oscillant en moyenne entre 2 et 3 minutes), la musique de JUNGLE ROT souffre principalement de l'usage systématique de rythmiques saccadées et monocordes qui cantonne les américains dans le rôle de chair à canon sur un champ de bataille death bien garni en la matière. Le mimétisme avec OBITUARY est parfois frappant, « Brain Dead » ressemblant à s'y méprendre aux compos récentes des floridiens. Meilleur extrait du lot (une guitare lead, enfin, à 2:53!), « Brain Dead » participe de la réussite d'une fin de programme curieusement plus offensive et inspirée que les deux premiers tiers de « What Horrors Await » : le punch de « Atrocity », qui martèle bien les côtes, le mid tempo pesant de « Exit Wound » (et deux leads sur l'album, deux!), la rythmique syncopée de « Black Candle Mass » et le travail de sape du chanteur (registre grassouillet de rigueur, enrichi de quelques rares percées plus éraillées) font in extremis passer « What Horrors Await » du statut d'album moyen à celui, plus enviable, d'aimable divertissement pour les vieux deatheux en manque de viande fraîche. Comme sans Dave Matrise (guitare, chant) la puissance n'est rien (promis, je replace la même vanne dès la prochaine apparition de Al Pitrelli), JUNGLE ROT se fend également d'une excellente reprise du « Invincible Force » des thrashers de DESTRUCTION, haussant par la même d'un bon cran son niveau de jeu. La production pour finir, co-signée par Chris Wisco est parfaitement équilibrée, bien qu'un peu trop proprette vu le genre pratiqué. Compte tenu de la galerie de mutilations en tous genres contenue dans le livret (mention très bien au vieillard découpé au niveau de la taille), un peu plus de rouille et de matières grasses n'auraient parfaitement servi la cause (of death) de JUNGLE ROT.
DONNEZ VOTRE AVIS
Vous devez être enregistré(e) et connecté(e) pour participer.
AJOUTER UN COMMENTAIRE
Par Jean-Clint
Par gulo gulo
Par Jean-Clint
Par gulo gulo
Par Sosthène
Par Niktareum
Par Lestat
Par Sosthène
Par Sosthène
Par gulo gulo
Par AxGxB
Par Jean-Clint
Par Raziel
Par Sosthène
Par Keyser
Par Keyser
Par Lestat
Par Lestat