La mise en sommeil de la vierge de fer ayant laissé un trou béant dans la discographie des anglais au milieu des années 90 (non, « X-Factor » et « Virtual IX » n'ont jamais existé !), ceux qui n'en pouvaient plus d'endurer du riffing sur deux cordes ont fini par se rabattre sur les efforts solo d'un des membres les plus progressistes de l'institution heavy metal UK, l'irremplaçable Bruce Dickinson. Histoire de voir s'il n'y avait pas moyen combler le gouffre existant entre « Fear Of The Dark » (1992) et « Brave New World » (2000) ? Oui et non. Si
« Accident Of Birth » et
« The Chemical Wedding » sont bien plus que d'aimables passe plats en fer forgé (cf mes précédentes chros), le joyeusement rétrograde « Tattooed Millionaire », composé avec Janick Gers avant l'enregistrement de « No Prayer For The Dying », prouvait l'attachement de l'ex-SAMSON aux bonnes vieilles valeurs du rock n' roll.
Faisant suite à son départ d'IRON MAIDEN, « Balls To Picasso » est quant à lui bien plus difficile à cerner. A la différence des œuvres passées et à venir de Dickinson (je mets volontairement de côté l'intermède SKUNKWORKS, très comparable à FIGHT dans la mesure où comme Rob Halford, Bruce cherchait avant tout à se fondre au sein d'un collectif), celle-ci déconcerte plus qu'elle ne séduit par sa coloration incertaine, l'opus jonglant en permanence entre rythmiques heavy rock bien propres sur elles et incartades pop à moitié convaincantes (« Tears Of The Dragon », qui eût les honneurs d'un clip à l'époque). Bien sûr, Dickinson ne vole pas les pauvres pour engrosser les riches et même en mode canada dry, toute comparaison avec un certain Brian A. tourne à son avantage, le tout étant emballé avec savoir faire par un line up largement reconduit par la suite (Roy Z, Dave Ingraham, Eddie Casillas). Pour rester dans le classique mais en plus énervé, « Shoot All The Clowns » -
qui aurait pu figurer sans problème sur « Tattooed Millionaire » - électrise gentiment un programme parfois un peu trop ronronnant (« Hell No ») malgré le soin apporté à chacune des compos d'un album tirant, malgré tout, son charme de ces quelques imperfections.
Franchement calme et mélancolique, ce deuxième essai solo a le mérite de permettre à Bruce Dickinson de s'affranchir de toutes contraintes stylistiques (trop diront certains) : de la superbe ballade aux accents flamenco « Change Of Heart » (« Arc Of Space » et « Journeyman » lui doivent beaucoup) à l'envoûtante et progressive « Cyclops », en passant par une aimable relecture blues rock façon ZZ TOP (« Fire ») et du hard FM des compatriotes DEF LEPPARD (« Laughing In The Hiding Bush »), il y a tout de même de quoi faire pour qui aime le hard rock léché doté d'un supplément d'âme bienvenu. Ses compagnons de jeu donnant dans la sobriété (solis efficaces, jamais trop démonstratifs), l'ex-icône du heavy metal s'en donne à cœur voix sur un « Balls To Picasso » qui souffre avant tout d'une direction artistique un peu lâche, défaut relatif qui lui assure une durée de vie plus substantielle qu'un
« Tyranny Of Souls » plus facile à appréhender. Il faut croire que les effluves délicieusement groovy de « Gods Of War », affublées de wo-ho-ho caractéristiques correspondent plus à la sensibilité de Dickinson que le speed metal burné de « Abduction » et « Soul Intruders »!
Point de heavy metal basique à l'horizon donc, la variété de styles et d'ambiances permettant de mieux comprendre la décision de Bruce Dickinson de se libérer de ses obligations purement heavy. Quitter la prison dorée IRON MAIDEN, un choix courageux (qui se souvient de l'époque ou Bruce peinait à remplir des salles moyennes sur son propre nom ?) pour un touche à tout attachant (pilote de ligne, cinéaste) qu'on aimerait voir revenir à des considérations plus personnelles qu'une énième redite métallique en compagnie du Steve Harris ‘s Band.
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