Evil One - Militia Of Death

Encensés par Dr. Niktareum en personne pour leur album précédent, le très bon Evil Never Dies, les Français d'Evil One vont connaître le même sort avec le petit nouveau Militia Of Death. Ne comptez pas sur moi en effet pour dire du mal dU groupe qui confirme ici qu'il se place parmi les groupes de thrash les plus intéressants de notre pays. Un thrash/speed classique certes, mais auquel il est impossible de ne pas succomber.

Encore une fois, les Franciliens ont su s'entourer. Retour au Walnut Groove Studio chez Axel Wursthorn pour une production nickel bien balancée entre clarté et agressivité. Du bon boulot, plus burné que sur le précédent opus. Et si Evil One avait débauché Jeff Waters d'Annihilator pour le mastering d'Evil Never Dies, le combo a ici fait appel à Herman Frank, guitariste des légendaires Accept pour le mixing et le mastering. L'Allemand s'invite également sur "Suicide Fanatics" pour un bon petit solo. Il n'est toutefois pas le seul guest puisque Jeff Waters revient sur "Militia of Death", tout comme Pascal Betov d'ADX sur "Straight To Hell". Dernier convié à la fête, rien de moins que Gerre de Tankard qui squatte carrément les lead vocals sur le final déjanté "Militia Of Beer", version fun et alcoolisée de "Militia Of Death" qui célèbre dans la joie, la bonne humeur et la vitesse, l'amitié franco-allemande, deux pays réunis sous la bannière du thrash et du houblon. L'hommage rendu à la grande famille du thrash/speed par les Cergyssois trouvera son apogée dans une reprise du célèbre "Fast As A Shark" d'Accept, cover jouissive qui respecte l'original tout en l'accélérant légèrement. Seul le chant de Frédéric Botta souffre de la comparaison avec celui d'Udo Dirkschneider car bien moins puissant et viril. Attention, Fred est un bon chanteur, très dynamique, mais sa voix manque un peu de puissance et sonne parfois trop parodique. En parlant de chant, notez que si Evil One pratique bien du thrash, les influences speed et heavy restent omniprésentes et sont notamment incarnées dans le chant aigu de l'ex-Garwall. Et ça, ça ne plaira pas à tout le monde.

Mais grâce à Satan, je ne suis pas tout le monde et ce Militia Of Death s'avère délectable. Il y a bien quelques titres en-dessous comme "Suicide Fanatics" un peu mou sur les bords ou "Straight To Hell" qui traîne aussi la patte au début avant de se réveiller par la suite mais dans l'ensemble, j'ai pris mon pied et je continue à le prendre après plus d'une dizaine d'écoutes. Pourtant, on ne peut pas dire qu'Evil One soit des plus originaux. Que ce soit dans les rythmiques - en mid-tempo pour taper du pied, en chuka-chuka entraînant (rha ce "Militia Of Death" en ouverture, à vous laisser sur le carreau!) ou en down-tempo plus ambiancé - ou dans les riffs typiques, le thrash des Français reste ultra classique, sorte de old-Metallica avec des élans plus heavy/speed. Ca tombe bien, je ne recherche absolument pas l'originalité dans le thrash, tant que ça reste efficace, bien joué et avec tout plein de solos. Evil One propose tout ça avec un paquet de bons riffs catchy, des lignes de chant prenantes et entraînantes (avec choeurs à l'ancienne sur certains refrains) et de très bons solos mélodiques. Ca shredde comme à la bonne époque! Cerise sur le gâteau, la basse n'est pas délaissée et se fait entendre à plusieurs occasions. On oublie pas non plus l'émotion comme l'avait fait le groupe en 2009 sur "Mr Bassman", avec cette fois la magnifique ballade "Memories" et son intro en arpèges, son tempo calme, ses paroles pleines de tristesse et son solo acoustique final. Peut-être bien mon morceau préféré d'ailleurs.

C'est sûr, Evil One n'est pas là pour révolutionner la scène. Le quintette ne réinvente rien mais balance une musique efficace et catchy comme personne, avec des solos dans tous les coins et ce sans se prendre la tête, à l'image de cette pochette fun où les membres sont transformés en zombies. Du thrash/speed old-school qui ne se prend pas au sérieux tout en restant crédible et qui rend hommage comme il faut à ses influences. Quelques petites maladresses encore à déplorer (chant parfois un peu bancal, quelques passages un peu mollassons...), mais ça n'empêche pas ce Militia Of Death de se placer parmi les meilleures sorties thrash de 2010. Et mine de rien, Evil One est en train de devenir un de mes groupes de thrash français préférés.

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