Grave Ritual - Euphoric Hymns From The Altar Of Death
Chronique
Grave Ritual Euphoric Hymns From The Altar Of Death
À force d'y faire allusion (cf. chroniques d'Ectovoid et Resurgency), je me suis enfin décidé à vous parler de Grave Ritual. Si vous avez bien suivi, vous savez déjà que le combo américain nous vient de l'Alabama et qu'il a sorti son premier full-length Euphoric Hymns From The Altar Of Death, mixé et masterisé par le batteur de Resurgency, en 2010. Ce que vous devez aussi savoir, c'est que l'opus m'en a touché une sans faire bouger l'autre. En complément d'information, on rajoutera que c'est Razorback Recordings qui s'est chargé de la version CD et Dark Descent Records de l'édition vinyle de l'album qui fait suite à la démo éponyme de 2009 dont seul le titre "Drenched In Madness" est repris ici.
Vous voyez la pochette typée early 90s death metal demo tape? Hé bien la musique, c'est pareil! Grave Ritual s'inscrit dans le courant revival pour exhumer un death metal d'un autre âge. Pas de metal de la mort à la suédoise cette fois mais plutôt du bon vieux death américain qui colle et qui blasphème. Pour faire simple, et c'est bien là le but du trio de toute façon, Grave Ritual s'inspire très fortement de deux groupes US légendaires: Incantation et Autopsy. En gros, Euphoric Hymns From The Altar Of Death = 3/4 Onward To Golgotha + 1/4 Severed Survival. Le son de guitare étouffé, les riffs brutaux aux mélodies sombres et evil et l'ambiance blasphématoire renvoient en effet au premier album culte de la bande de McEntee. Le rapprochement saute aux oreilles dès le début de "Beyond Diabolus". Pour le côté Autopsy, c'est le gras de certaines séquences et les rythmiques punk/thrash entraînantes qui lient les deux entités nauséabondes.
De belles références qui donnent envie. Malheureusement, si on ne peut pas reprocher au combo d'avoir bien appris sa leçon, la musique n'est pas à la hauteur des modèles. C'est bien fait, bien exécuté mais l'impact et l'effet sur l'auditeur ne sont pas du même niveau. Il manque en effet quelque chose à Grave Ritual malgré des compositions de qualité qui tiennent toute la route, à commencer par "Beyond Diabolus", "Abysmal Rotting", "Drenched In Madness", "Invoke The Realm Of Tormenting Blasphemy" et le duo final "Obscurdom" et "Incanted Celestial Devourment". Les mélodies sinistres alliées à la brutalité des passages les plus radicaux vous feront sentir souffler le vent de l'Enfer (le début de "Beyond Diabolus" et à 1'56, l'ouverture de "Invoke The Realm Of Tormenting Blasphemy", "Morbid Aura Of Desolation" à 3'40, "Incanted Celestial Devourment" à 0'13), les parties entraînantes vous donneront envie de piter ("Beyond Diabolus" à 3'26, la catchie "Sick Into The Grave", "Abysmal Rotting" à 2'08, "Grotesque Summoning" à 1'04, "Morbid Aura Of Desolation" à 0'50...), les ralentissements doomy vous enterreront six pieds sous terre (surtout l'intro jouissive de "Incanted Celestial Devourment" qui rivaliserait presque avec le monumental "Abolishment Of Immaculate Serenity" et qui rappelle aussi ce que propose un groupe comme Encoffination), le growl et les intonations plus écorchées vous renverront à une autre époque, les mid-tempo ultra evil à la Grave Miasma feront apparaître le Cornu dans votre salon ("Abysmal Rotting", "Drenched In Madness", "Invoke The Realm Of Tormenting Blasphemy", etc.), bref, tout un tas de choses classiques mais indispensables comme une vraie ambiance maléfique et malpropre ou une efficacité certaine vous feront passer un moment agréable en compagnie du trio infernal. Mais difficile de retenir des passages vraiment marquants qui resteront en tête longtemps après l'écoute. Pas de mélodies noires à vous hanter pendant des jours comme sur "Unholy Massacre" ou "Immortal Cessation" par exemple. Ou très peu de leads histoire de sublimer les morceaux (un vrai solo sur "Incanted Celestial Devourment" tout de même et pas mal en plus, dommage). Quelques éclairs de génie parsèment effectivement l'opus mais ceux-ci restent trop marginaux pour en faire une sortie qui compte.
Grave Ritual ne démérite pas sur ce premier album, montrant même des qualités indéniables dans l'art du death metal evil. Mais à trop vouloir se rapprocher des flammes du grand Onward To Golgotha dont ce Euphoric Hymns From The Altar Of Death est un hommage flagrant, le combo se brûle les doigts. La ré-écoute de l'album fondateur d'Incantation après celle du premier full-length du combo de Montgomery n'est ainsi pas favorable à ce dernier, même en rajoutant des influences Autopsy sympathiques. Des tas de groupes s'inspirent d'Incantation et certains le font mieux que les ritualistes de la tombe. Il faudra donc montrer davantage sur une prochaine sortie si Grave Ritual veut exister parmi tous les copycats. Ou alors il lui faudra se détacher de ses modèles et proposer quelque chose de plus personnel. En attendant de voir où les chemins tortueux du death blasphématoire vont mener les Américains, Euphoric Hymns From The Altar Of Death restera réservé aux die-hard fans d'Incantation qui n'en ont jamais assez de découvrir de nouveaux disciples.
| Keyser 27 Juillet 2012 - 1372 lectures |
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