En 2009 Gojira nous sortait le décevant
« The Way Of All Flesh », incapable de renouer avec l'efficacité brute d'un
« The Link » ou le travail de composition remarquable du plus mélodique et quasi unanimement acclamé
« From Mars To Sirius », album charnière leur ayant ouvert les portes de la renommée internationale (et je ne parle évidemment pas de l'effet de surprise d'un
« Terra Incognita » foudroyant). Quatre ans plus tard c'est donc sans impatience particulière que je pose mes oreilles sur ce nouveau bébé au nom quelque peu énigmatique d'ores et déjà sapé par deux ou trois extraits franchement peu engageants et annonçant une nouvelle déception semblant inéluctable. Et pourtant... Si « L'Enfant Sauvage » ne se hissera évidemment pas au niveau des albums sus-cités (loin s'en faut), la déception - si elle est bien là - est moins grande que je ne l'avais craint. Explications.
Pour résumer le sentiment qui m' habitait après les premières écoutes de cette nouvelle offrande je pourrais dire que
je m'attendais à pire. D'ailleurs - et assez bizarrement - les extraits disponibles avant la sortie officielle de l'album (« Liquid Fire » et le titre éponyme), ceux là même qui m'avaient laissé craindre le pire, se révèlent être finalement parmi ceux qui passent le mieux l'épreuve du temps et ils sont peu nombreux. Malgré tout je fus rassuré (si je puis dire) de retrouver après deux ou trois tours de rondelle un Gojira ayant regagné la simplicité accrocheuse qui notamment faisait défaut sur un
« The Way Of All Flesh » certes plus brutal mais composé avec les pieds. On retrouve donc sur « L'Enfant Sauvage » ces riffs typiques des Bordelais basés principalement sur une rythmique saccadée appuyée par moult double pédale (le début d' « Explosia », « Pain Is A Master » à 1'25 ou encore à 2'20 sur « Born In Winter ») assortis des habituels glissements de manche/harmoniques, le tout baignant dans une prod aussi chaude que la couleur de la pochette, moins rêche que celle de son prédécesseur. Côtoyant ces riffs, les mélodies agrémentant de nombreux titres (« The Axe », « Liquid Fire », « The Gift Of Guilt », « Born In Winter », « The Fall ») feront de cet opus le plus mélodique du groupe à ce jour et l'on ne pourra que s'en réjouir tant ils sont pour moi les plus intéressants d'un album sinon une fois de plus tenu à bout de bras par un Mario dont j'apprécie toujours autant le jeu plein de groove et de feeling... plus qu'un Joseph dont le chant toujours puissant – et souvent doublé comme à son habitude - se fait pourtant de moins en moins guttural et prend même parfois des airs de Jonathan Davis version plus brutale (cf les couplets du titre éponyme par exemple).
Malheureusement ces quelques points de réjouissance seront les bouées de sauvetage d'une cinquième offrande nous présentant sinon un groupe semblant avoir atteint les limites de son propre style. Impossible dès lors de se défaire de cette désagréable sensation de déjà entendu (ce break tellement convenu à 1'58 sur « The Fall » pour ne citer qu'un seul exemple) venant miter l'écoute de l' « Enfant Sauvage » sur lequel les Français finiraient presque même par s'autoplagier (le pont à 1'15 sur « Planned Obsolescence » me rappelle immanquablement un passage de je ne sais plus quel autre titre ou le début de « Born In Winter » qui repompe allègrement « From Mars »). Aucune surprise donc, Gojira fait du Gojira, maintenant la simplicité des riffs rend inévitable l'impression de redite (surtout au bout de cinq albums). Si seulement la brutalité qui se fait tant attendre (tiens enfin des blasts au bout du sixième titre!) parvenait à relever l' intérêt de l'ensemble mais c'est à mon grand dam l'inverse qui se produit lorsque les-dits blasts se posent sur des riffs d'une inconsistance presque insultante (« Planned Obsolescence »). Les titres les plus ''violents'' se révéleront ainsi les plus mauvais de l'opus qui plus est grevé par des longueurs quasi rédhibitoires (la fin d' « Explosia » qui bien qu' intéressante traîne trop, « The Axe », « Pain Is A Master » ou encore « The Fall » qui mériteraient aisément quelques coupes franches). Reste donc un album plombé par une absence totale de prise de risque qui peine à décoller, s'embourbant dans un faux rythme qui finit inévitablement par lasser et ce ne sont pas deux titres bonus à l'intérêt plus que douteux (surtout « My Last Creation ») qui viendront changer la donne.
Toutefois malgré la sévérité de mon dernier paragraphe, « L'Enfant Sauvage » est un album que je ressortirai probablement à l'occasion en période de disette, en tout cas plus que son prédécesseur qui restera pour le moment celui qui aura le moins usé mes platines et mes tympans. En définitive « L'Enfant Sauvage » aurait aussi bien pu se situer entre
« The Link » et
« From Mars To Sirius » ou entre ce dernier et
« The Way Of All Flesh » ou bien encore être un simple album de b-sides, bref c'est un album passe-partout auquel il manque cruellement un semblant d'âme que le groupe avait jusqu'ici réussi à insuffler à ses précédentes réalisations. Le gros lézard, aussi impressionnant fut-il lors de ses premières apparitions, semble bel et bien commencer à se mordre la queue...
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