Epitaph - Seeming Salvation
Chronique
Epitaph Seeming Salvation
Petite pépite oubliée de Death Metal Old School, Epitaph est un groupe Suédois injustement méconnu du public, même des aficionados de l'underground. La faute à une carrière particulièrement courte puisque le groupe n'a existé qu'entre 1990 et 1992. Formé à Sollentuna, à quelques kilomètres au nord de Stockholm, le trio officie dans un premier temps sous le patronyme de Dark Abbey sous lequel ils sortiront en 1990 une seule et unique démo intitulée Blasphemy. L'année suivante le groupe décide de changer de nom et opte alors pour celui d'Epitaph. Fraichement renommé, le trio s'empresse alors de sortir une nouvelle démo intitulée Disorientation avant de s'associer ensuite à ses compatriotes d'Excruciate pour un split qui malgré une pochette particulièrement horrible ne sera pas sans susciter un certain intêret. En effet, ces récents enregistrements attirent très vite l'attention d'un jeune label Français aujourd'hui disparu, l'excellent Thrash Records (non sans l'appui d'un certain Christoffer Jonsson). Si le deal sera bien vite enterriné, Epitaph ne sortira son unique album, l'excellent Seeming Salvation, qu'en 1993. Soit plus d'un an après son enregistrement et surtout à titre posthume. Malgré une reconnaissance limitée, l'album sera réédité en 2009 par le label de Singapour, Konqueror Records. Quasiment introuvable dans son édition d'origine, cette réédition pourtant récente s'échange aujourd'hui à prix d'or puisqu'il faut compter en moyenne une soixantaine d'euros (sur Discogs) pour espérer se la procurer. A noter également qu'un coffret double LP limité à 500 exemplaires réunnissant l'intégralité des enregistrements de Dark Abbey/Epitaph à été édité en 2010 par le label The Crypt.
Je ne vais pas vous refaire un petit laïus au sujet de la scène Scandinave et à plus fortes raisons Suédoise. Si vous avez lu les quelques chroniques de Nihilist, Nirvana 2002, Darkified, Dismember, Entombed etc... qui ponctuent Thrashocore, vous savez exactement de quoi il retourne. Bien qu'enregistré aux Sunlight studios par Tomas Skogsberg, Seeming Salvation tend malgré tout à se distinguer de la masse d'albums produits là bas. Car si le son de guitare se révèle assez caractéristique du genre, il se démarque néanmoins assez significativement de celui rendu célèbre par Entombed et Dismember notamment par son aspect moins gras mais aussi plus cru. Une bonne initiative de la part d'Epitaph qui avouait d'ailleurs à l'époque avoir utilisé d'autres amplis afin justement de se démarquer sensiblement de ce qui se faisait aux Sunlight studios.
D'un point de vue strictement musical, la recette proposée par Epitaph s'apparente à un Death Metal Old School tout ce qu'il y a de plus classique aujourd'hui auquel vient s'ajouter quelques relents Thrash bienvenues. Ainsi la musique du groupe Suédois oscille entre plans mid tempo souvent lourds et sinistres et parties beaucoup plus rapides et entraînantes, souvent à base de tchouka-tchouka voir de semi blasts (l'intro de "Purgation From Within", "Disorientation"). Une recette ultra classique et déjà éprouvée par bon nombre de ses compatriotes de l'époque. Néanmois, cela n'empêche pas Epitaph de se révéler particulièrement intéressant grâce à plusieurs choses. Le premier point est un riffing classique mais ultra efficace qui parsème Seeming Salvation de riffs impeccables, souvent mémorables et surtout d'une quantité de solo astronomique. C'est bien simple, il y en a au moins un sur chaque titre: "Seeming Salvation" à 3:06, "Prey To Dismay" à 2:26, "Engraving The Epitaph" à 2:48, "The Twisted Grace" à 2:48 et 3:07 et ainsi de suite jusqu'à la fin du tracklisting. Le second point est une ambiance générale très réussie à la fois blasphématoire et morbide, un peu à l'image de cette obscure et très chouette pochette réalisée par Kristian Wåhlin aka Necrolord (Grotesque). Le troisième point est un certain sens de l'originalité qui passe par exemple par quelques passages acoustiques interessants apportant un léger soupçon de mélodie (le break de "Prey To Dismay" à 3:26, l'intro de "Engraving The Epitaph"), des featurings discrets mais bien amenés comme celui de Cristofer Johnsson de Therion sur "Self-Inflicted" et surtout "Purgation From Within" où il s'adonne à un jeu de question/réponse avec Johan Enochasson, enfin une construction sonore parfois bien senti comme ce solo de "Prey To Dismay" qui passe d'une oreille à l'autre. Bref, une quantité de petites choses qui font véritablement la différence pour peu que l'on se donne la peine de les entendre.
Au delà des dix titres qui composent l'album Seeming Salvation, on retrouve sur cette réédition les quatre titres de la démo Disorientation qui figurent également sur le split en compagnie d'Excruciate. Toujours enregistré aux Sunlight Studios, on sent toutefois une très nette différence dans la qualité de l'enregistrement. Le son des guitares demeure assez similaire même s'il se rapproche davantage de celui d'Entombed et compagnie. D'une façon générale, la qualité de l'ensemble (démo oblige) est de moins bonne facture (son plus étouffé) mais demeure pour autant parfaitement audible et compréhensible. Et puis surtout, la patte d'Epitaph est déjà bien présente avec son lot de passages thrashy et de solo (malgré moins de mid-tempo que sur Seeming Salvation).
Souvent passé inaperçu, Epitaph mérite pourtant qu'on lui prête une attention toute particulière. Ce groupe de Death Metal Old School Suédois n'est pas un énième clone sorti des Sunlight studios et à un peu plus à offrir qu'un simple Death Metal aux relents putrides. Le décor est d'ailleurs planté dès la superbe intro "Chastity" qui vous colle littérallement la chair de poule grâce à son lead incroyablement sombre et inspiré. Le reste est indiscutablement d'excellente facture malgré des apparats on ne peut plus classique. L'ambiance, le riffing, la dynamique générale, le growl profond et puissant de Johan Enochasson... Bref, tout amateur de la vieille école Suédoise qui se respecte se doit de jeter une oreille attentive sur la musique d'Epitaph. Elle en vaut vraiment la peine.
| AxGxB 19 Octobre 2012 - 2477 lectures |
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