Morning Again est un groupe américain formé en 1995 dans la région de Fort Lauderdale en Floride. Le groupe voit le jour sous l'impulsion de John Wylie (guitare) après que celui-ci ait décidé de quitter Culture. Ce dernier est rapidement rejoint par d'anciens compagnons, notamment Damien Moyal (chant) et Louie Long (batterie). Le line-up sera finalisé quelques semaines plus tard avec l'arrivée de Mike Wahls à la seconde guitare et Eric Irvin à la basse.
Alors qu'à cette époque le Metal tend à prendre de plus en plus de place au sein de la scène Hardcore, Morning Again se positionne très rapidement comme l'un des chefs de file du Metal/Hardcore aux États-Unis mais également en Europe. Aujourd'hui encore, le nom de Morning Again résonne comme l'une des principales références en la matière, faisant ainsi de ses disques des objets totalement incontournables (en particulier
Hand Of Hope,
Martyr et
As Tradition Dies Slowly) pour quiconque souhaiterait aborder ce style avec un regard critique et historique. La force de Morning Again étant d'avoir réussi à proposer une musique puissante, agressive et mélodique sur laquelle vient se greffer un message fort et engagé cher à la scène Hardcore.
Souvent considéré comme le premier album de Morning Again,
Hand Of Hope est en fait la réunion de leurs deux précédents EPs:
The Cleanest War et
Morning Again sortis respectivement sur Conquer The World Records et Intention Records en 1996. C'est un jeune label Belge du nom de Good Life Recordings (Kindred, Congress, Liar...) qui fera preuve de flair en signant le groupe la même année, leur proposant au passage de sortir sur un seul et même format ces deux précédents EPs.
Loin du Metalcore d'aujourd'hui, Morning Again propose une musique beaucoup moins tape à l’œil et surtout nettement plus intéressante que celle que l'on nous sert malheureusement sous cette fameuse étiquette effrayante et putassière. Pas de sponsoring Red Bull, Monster ou Rockstar, pas de breaks abrutissants toutes les trente secondes, pas de clip vidéo tape à l'œil ni de looks sortis d'une quelconque fashion week au rabais pour collégiens fortunés... Pour Morning Again, le fond a autant d'importance que la forme. Aussi, les paroles tiennent ici un rôle prépondérant. Le groupe aborde sur
Hand Of Hope des sujets qui lui sont chers comme la défense de la cause animale ("Hand Of Hope"), la place déjà trop importante des écrans dans nos vies (nous ne sommes pourtant qu'en 1996 avec "America On Line"), le poids de la religion et des traditions sur la sexualité, la famille ou la société ("Family Ties", "God Framed Me") etc... Bref, une vision engagée et profonde qui donne évidemment beaucoup plus de poids à la musique de Morning Again. Une musique empruntant finalement davantage au Metal et au Thrash (tchouka tchouka simple mais entrainant, d'excellents riffs vengeurs et lourds rappelant le Slayer des débuts...) plutôt qu'au Hardcore. On trouve bien ici et là quelques réminiscences évidentes, notamment d'un point de vue rythmique avec ces breaks et passages plombés mid tempo bien amenés, mais ce sont finalement les paroles et l'attitude de Morning Again qui renvoient indiscutablement aux standards de la scène Hardcore de l'époque. Et c'est justement ce mariage qui fait toute l'originalité de Morning Again. Réussir à faire cohabiter deux écoles que tout oppose aussi bien d'un point de vue musical qu'idéologique. L'autre atout de Morning Again réside dans cet intérêt que le groupe porte à l'aspect mélodique de ses compositions. Que ce soit dans le chant de Damien Moyal ou dans certains riffs, nombreux sont les éléments qui viennent contrebalancer ces sonorités Thrash évidentes. Si Damien Moyal crie le plus clair du temps, il n'est pas rare de le voir s'adoucir grâce à un chant clair ("Turning Over", "Family Ties", "America On Line", "Minus One", "Hand Of Hope", "God Framed Me"...) parfois presque parlé ("Minus One"). Même constat en matière de riffs avec des passages électro-acoustiques pas désagréables et surtout très originaux pour l'époque ("Family Ties" à 0:40, l'introduction de "Minus One") ou des breaks mélodiques comme sur l'excellent "Hand Of Hope". Une façon de voir le Hardcore qui donnera naissance à une espèce de bâtard régional à la renommée mondiale connu sous le nom de Floridian Hardcore (Poison The Well, Strongarm, Shai Hulud, Culture...)
Avec
Hand Of Hope, Morning Again fait probablement parti des premiers groupes à avoir contribué à l'essor du Metal au sein de la scène Hardcore. Certains lui en veulent encore aujourd'hui mais beaucoup lui disent encore merci. Quoi qu'il en soit, la musique des américains demeure aujourd'hui encore une référence en la matière et même si
Hand Of Hope n'est pas l'album que je préfère de Morning Again (son successeur étant pour moi plus abouti), il n'en reste pas moins un disque tout à fait incontournable si l'on veut comprendre l'évolution de la scène Hardcore au milieu des années 90 ou si l'on veut tout simplement s'écouter un album de Metal/Hardcore digne d'intérêt.
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