Extinction Protocol - Aeonic Obliteration
Chronique
Extinction Protocol Aeonic Obliteration
Difficile de dénicher des vraies bonnes surprises aujourd'hui dans le brutal death, notamment chez les Américains, tant cette scène engendre de plus en plus de déchets. Heureusement, certains groupes talentueux arrivent toujours à tirer leur épingle du jeu. Comme Extinction Protocol, qui avec son tout premier full-length Aeonic Obliteration, fait montre d'un potentiel très intéressant.
Formés en 2011 du côté de Erie en Pennsylvanie, les membres d'Extinction Protocol sont pourtant quasiment inconnus. Seul le guitariste et le chanteur font partie d'un autre groupe, Gorged Afterbirth, le frontman ayant également fait un guest sur le morceau "Testsuo" des déglingos de Copremesis. C'est d'ailleurs par l'intermédiaire de l'un de ses membres, qui m'a demandé si une chronique était envisageable, que j'ai fait la connaissance d'Extinction Protocol.
Qu'il en soit remercié! Car cette toute première sortie du quatuor (pas de démo, d'EP ou de split!) est une petite tuerie qui devrait assurer au groupe quelques citations dans les milieux avertis. J'irais presque jusqu'à dire que la formation fait preuve ici d'une certaine personnalité, tout en étant fortement ancrée dans le brutal death US. C'est en fait le mélange des genres qui fait la force d'Extinction Protocol. Imaginez une partouze entre le brutal slam death de Devourment, le brutal death sci-fi chaotique du dernier Wormed, le brutal death bouillonnant et implacable de Hate Eternal, avec quelques accents plus techniques tendance Unique Leader-Californie à la Severed Savior. Alléchant, non? Le combo a mis en plus toutes les chances de son côté en donnant à son opus une production ultra massive qui fait des ravages sur les riffs mid-tempos slammisants. La batterie, ainsi que les guitares, ont un son assez synthétique mais qui ne dérange pas, d'autant qu'il colle avec les thématiques et le côté moderne, puissant de la musique. Il n'y a que sur les semi-blasts que le résultat détonne (ploc ploc).
Tout ceci nous donne des morceaux on ne peut plus efficaces de 3 à 4 minutes, naviguant entre slam parts groovy jouissives (parfois accompagnées d'harmoniques sifflées), blast-beats destructeurs, attaque de double et séquences assez chaotiques, le tout porté par le growl puissant du chanteur qui se laisse de temps en temps aller à quelques intonations "intestinales" du plus bel effet. Il vaudrait mieux éviter les "ree-ree" ridicules par contre, qui par chance restent rares. Pas de quoi gâcher l'écoute donc, surtout qu'on y pense à peine au milieu de ces bons riffs, de cette brutalité implacable et de ce groove sur-gras. Pas de solos mais là n'est pas le propos du groupe qui fait de toute façon du bon travail niveau riffs, n'oubliant pas la mélodie malgré l'abondance de slam parts purement rythmiques. Cela aurait d'ailleurs pu lasser si Extinction Protocol n'avait pas ce don pour les faire sonner admirablement malgré le classicisme de la chose. Du coup, impossible de ne pas remuer la tête quand le tempo s'alourdit. Le slam death c'est souvent chiant, mais quand on sait bien le manier, c'est jubilatoire! Et puis ce n'est pas comme si les neuf morceaux de ce Aeonic Obliteration n'étaient pas suffisamment variés.
Dans leur description promotionnelle, les Américains avaient même évoqué des influences black metal. Le terme "influences" est exagéré mais il y a bien deux-trois riffs dissonants blackisants sur "Pyroclastic Reformation" (1'25), "Chained To Oblivion" (2'46), "Arrival Of The Black Sun" (1'10) voire sur la fin de "Unraveling The Human Aether". Le chanteur y va même de ses shrieks criards très bien rendus. Trop peu pour parler d'influences mais ces passages s'avèrent excellents et fort bien amenés en ne tombant pas comme un cheveu sur la soupe. C'est même quelque chose qu'il faudrait approfondir à l'avenir car c'est une originalité dont Extinction Protocol devrait se servir pour se démarquer encore davantage de la concurrence. Juqu' à créer du brutal slam black? Je ne pense pas mais le groupe tient là quelque chose d'intéressant qu'il faudrait développer.
Intéressant, Aeonic Obliteration l'est déjà de toute façon. Le genre de bonnes surprises qu'on aimerait découvrir plus fréquemment. Extinction n'invente rien et a encore quelques points à éclaircir mais sa mixture synthétique de Devourment, de Wormed, de Hate Eternal et de brutal death californien, sans oublier les quelques épices BM, fait mouche. De quoi ravir les fans de brutal death US en mal de son percutant et inspiré.
| Keyser 30 Juin 2013 - 7423 lectures |
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