Depuis la sortie de
"Historia Nobis Assentietvr" en 2009, le commun des auditeurs était sans réelles nouvelles d'Absentia Lunae, modeste "all-star band" italien composé, entre autres, de Ildanach (Tenebrae in Perpetuum), Climaxia (Melencolia Estatica) et Blastphemer (supersonique batteur live des autrichiens de Belphegor). Pire encore, l'histoire du combo, et la gestation anormalement longue de "Vorwärts" avaient pris des tournures de mauvaise sitcom : annoncé initialement pour 2012, puis 2013, Absentia Lunae avait fait face à des problèmes entre membres qui l'avaient conduit à cesser toute activité, jetant ainsi l'album (quasiment prêt, selon les dires du groupe) aux oubliettes. Nous fûmes nombreux à sermonner, de façon plus ou moins directe, le groupe pour cette décision jugée "hâtive", surtout pour un album qui était censé être déjà mixé.
Ce que j'ai écouté, de nombreuses fois, de "Vorwärts", a fait germer une autre hypothèse en tête : Absentia Lunae n'avait absolument RIEN à proposer à l'époque, s'étant contenté d'effets d'annonces pour faire monter la sauce pour mieux tuer le poussin dans l'oeuf en annonçant des dissensions dans le groupe, puis un split qui semblait inévitable. ATMF, au vu des réactions (très) nombreuses et de l'attente que suscitait "Vorwärts", se sera probablement fendu d'un petit appel téléphonique pour remonter les bretelles de nos amis ritals :
"Les gars, vous êtes bien gentils pour le buzz, mais avec les daubes que je presse en ce moment, les caisses sont vides. Torchez moi un disque, en deux semaines disons, on mettra le paquet sur le packaging, on sort un beau t-shirt, et ça passera comme une lettre à la poste !". Ceci n'est qu'une hypothèse, bien sûr. Mais au vu de la qualité de "Historia Nobis Assentitetvr" et de ce titanesque ratage qu'est "Vorwärts", c'est bien la seule qui chose qui me permettrait d'expliquer un tant soit peu cette déception.
Oui, la carapace est très attirante pour celui qui, comme moi, sera sensible aux références futuristes qu'elle comporte et aux rappels d'une période qui fleure bon les purges politiques et la violence. Shurik'n, prophète en ses terres, prétendait ainsi que quand
"On prend le moyen, on fait croire que c’est bon, souvent l’emballage est plus solide que ce qu’il y a dedans", théorème qui, tristement, s'applique à Absentia Lunae. Car dès la diffusion du premier extrait, "Furor of the Monuments", on savait que "Vorwärts" allait être complètement loupé. Son de batterie en carton pâte, production claire d'une platitude effarante, une voix aussi peu inspirée qu'incisive, et de vaines tentatives pour instaurer une ambiance qui ne décollent à aucun moment : vieux mégaphone de manifestant CGT suivi d'un blast-beat mollasson au possible, sans parler des parties en chant clair absolument pitoyables, vraiment, cet extrait aura filé la trouille à tout ceux qui s'attendaient à retrouver une trempe de la taille de leur précédent méfait.
Et l'on continue à creuser, puisqu'à aucun moment, nous ne trouvons de rappel aux deux précédents disques de la formation. Nulle part de plans de batterie déconstruits et brises-nuques que l'on trouvait sur "In Umbrarum Imperii Gloria", nulle part les lynchages auditifs en règle couplés à ces claviers fantomatiques qui faisaient toute la force de
"Historia Nobis Assentietvr". A la place, on se retrouve face à un monolithe d'ennui, à peine réveillé par quelques blast-beats qui ont le mérite de venir remuer un peu l'auditeur ("Tragedy Told by Golden Horns") ou des titres un peu moins mauvais que l'ensemble : "Manipulated Statues of Flesh", hormis ce chant au charisme et à la puissance quasi-nulles, possède suffisamment de coupures et de tournures rythmiques véloces pour être séduisantes. D'une façon générale, Absentia Lunae semble avoir ralenti son tempo pour tenter de mettre en place une ambiance particulière : mais empiler des riffs usés jusqu'à la corde et des plans batterie sans aucune efficacité et tenter de planquer un flagrant délit de remplissage sous une belle imagerie n'est pas ce que j'appelle "faire un bon disque". Ou plutôt, "donner aux fans ce qu'ils méritent".
Dans les disques que je chronique, même dans ceux que je descends, je fais quand même habituellement l'effort de chercher les qualités, mêmes infimes, qui pourraient remonter un tant soit peu le disque : par exemple, saluer les efforts de composition, la maîtrise de tel ou tel musicien, le travail de mixage, les arrangements... Ce qui marche plutôt bien pour ceux qui n'ont pas pour mètre-étalon deux disques déjà excellents. Ce qui contribue encore plus à plomber "Vorwärts", déjà bien lourdingue. La seule chose qui vient sauver le disque de la noyade complète (et encore) est son titre de clôture, "L'Arrivée", titre entièrement Martial/Industriel qui sonne comme du sous-Arditi/Thoroid, certes, mais qui est la
seule et unique chose porteuse d'ambiance sur la galette. Une bonne idée de base qu'Absentia Lunae " étire sur cinq minutes, en faisant parler leur chanteur, déclamant une litanie sous Vocoder dont tout le monde se fout, masquant presque le fond sonore pourtant agréable.
Les fans l'attendaient de pied ferme, ils ont même cru ne jamais en voir la couleur. Il aurait peut-être mieux valu que "Vorwärts" ne sorte jamais des tiroirs d'Absentia Lunae tant le résultat est bidon. Ou sont passés les blasts supersoniques, les nappes électroniques, la voix haineuse ? Quid de la production "brut" et du feeling mélancolique ? "Vorwärts", le pétard mouillé de l'année, rythmé par une batterie échantillonnée en 320kbps, une voix empruntée à Gollum à qui l'on aurait passé une chemise noire, et des riffs entendus et usés jusqu'à la corde, sans magie, sans cette "poigne de fer" que l'on connaissait au groupe. Sans aucune profondeur, les compositions sonnent complètement creux, le groupe semblant s'être plus concentré à créer un layout fasciste/solaire/mes couilles et à jouer de cette image "tendancieuse" (assumez, les gars, c'est bon, surtout quand vous faites durer votre purge 44 minutes et 44 secondes) qu'à retrouver le même feeling qui faisait la force de 'Historia Nobis Assentietvr", que j'avais saigné à blanc à sa sortie. Climaxia annonçait peut-être déjà la couleur, en sortant "Metropolis" l'année dernière, qui n'avait ni la superbe ni la maîtrise de ses autres sorties sous Melencolia Estatica. Absentia Lunae rejoint la série noire des albums qu'on attendait avec impatience et qui, finalement, ne se révèlent être que du cliché en concentré. Des assemblages, des copier/collers déjà entendus mille fois ailleurs, en bien mieux. "Vorwärts" est long, pénible, et ne parvient jamais à décoller, vide malgré sa production clinique, mou malgré le talent indéniable de ses musiciens.
Un point pour l'infographiste, un point pour les quelques sursauts, un point pour le morceau de clôture. Recalé, mais merci pour votre candidature. Au suivant !
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