Voilà un parcours plus compliqué qu'il n'en a l'air, celui des américains de Defeater. Eux qui ont marqués au fer rouge le Hardcore Mélodique avec un
« Travels » pour le moins incroyable, un second album lui aussi des plus réussis et enfin un dernier disque intitulé « Letters Home » qui proposait un virage plus propre, plus lisse et donc plus décevant. De quoi attendre « Abandoned » avec une certaine appréhension puisque leur nouvelle orientation avait laissé pas mal de leurs aficionados sur le carreau. Alors quoi de neuf pour Derek Archambault et sa bande ? Rien, serait-on tentés de dire en visant l'honnêteté la plus totale. Et pire que ça, Defeater offre sa seconde déception à la suite...
« Abandoned » s'axe sur un concept textuel (comme toutes les autres sorties de Defeater cela dit...) nous narrant cette fois-ci l'histoire d'un prêtre pêcheur et de ses sentiments intimes face à ses propres contradictions. Il s'agit en gros d'un spin-off sur un personnage déjà mentionnés dans les autres sorties de la formation. Ce récit est d'ailleurs mis en image par une pochette des plus réussies, ce qui n'était pas forcément évident étant donné que l'on traite d'un sujet (la religion) déjà vu et revu dans le Metal au sens large. Une intellectualisation des paroles tout à fait honnête donc, même si j'avoue sans complexe préférer les thèmes plus originaux présentés sur les premiers travaux du combo.
Dire que ce dernier opus est un disque facile d'accès serait aller un peu vite en besogne. Même si la recette Defeater semble simplifiée, plus direct et plus concentrée sur un groove Hardcore et sur des explosions calculées de dopamine, il serait un peu de simpliste de limiter ces compositions à des décharges de violence. « Contrition » arrive dès le départ à poser une ambiance avec un titre option « mono-riff » que ne reniera pas l'ouverture du « Witness » de Modern Life Is War. Un morceau construit d'une manière efficace et orientant sa réussite sur une montée en puissance qu'on aurait cependant aimée un peu plus explosive. Une entrée en matière finalement assez timorée qui nous amène à citer quelque chose de plus réussi en la matière. Par exemple, le climat général d'un « Vice & Regret » est beaucoup plus abouti, rempli d'intensité et versant dans une atmosphère de regrets et de solitude qui fait mouche. Une preuve s'il en est que si la formation le veut, elle est visiblement toujours apte à nous émouvoir.
Cependant, il est difficile de ne pas remarquer le fait que Defeater semble clairement en roue-libre sur certaines pistes. Que dire du refrain en chant clair sur « Borrowed & Blue » qui n'a strictement aucun intérêt (Derek Archambault est un homme talentueux en ce qui concerne les vocalises Hardcore arrachées et les textes mais il est très loin d'être un bon chanteur...) ou de certains titres mollassons et peu remarquables qui passent à la trappe au bout de quelques écoutes. On citera en exemple un « Divination » qui a bien du mal à se faire une place dans la tracklist ou un « Remorse » franchement timoré. Bref, on s'ennuie vraiment par moments – surtout sur la deuxième partie de l'album - et c'est finalement, grâce à l'efficacité que Defeater arrive à tirer son épingle du jeu. Les morceaux de la première partie du disque comme « Unanswered » ou « Spared In Hell » se révèlent être de bons gros défouloirs des familles, misant sur des riffs catchys, un chant toujours remarquable et quelques instants mélodiques bien menés.
Difficile donc d'accrocher à « Abandoned » puisqu'une fois le cap des premières écoutes passées (et ces premiers contacts ont été assez décevants pour ma part), on se retrouve nez à nez avec un album moyen, comme s'il prenait le soin d'allier moments épiques et échecs absolus. Voilà donc un quatrième opus qu'on ressortira sans doute de temps à autre, lorsqu'on aura envie de ré-écouter les quelques instants glorieux qu'il contient et de se rappeler par la suite à quel point
« Travels » était bon. Les ultras du combo américain y trouveront leur compte sur quelques pistes mais les amateurs moins chevronnées risquent clairement de passer à côté d'un disque aussi irrégulier. Dommage donc, car malgré sa durée plutôt expéditive « Abandoned » est un disque longuet, où l'inspiration agit par intermittence.
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