Argh, enfin ! Après douze ans de carrière et moult sorties, un (nouveau) EP sans grand intérêt reprenant à la manière d’une compilation quelques titres déjà parus auparavant (
The Pharynxes Of Hell) et un premier album sorti il y a maintenant plus de quatre ans, il était temps que les Russes de Pseudogod se décident à compiler sur un seul et même format tous ces autres morceaux disséminés ici et là (démos, splits, compilations...) qu’on ne trouve aujourd’hui que sur Discogs à des prix pas toujours très attractifs.
Intitulée
Sepulchral Chants, cette compilation sortie sur Sekt Ov Gnozis Productions et qui avoisine tout de même les quatre-vingt minutes, réunie les titres de la démo
Illusion Of Salvation parue en 2006, ceux du split
In Void And Serpent The Spirit Is One en compagnie de Blaze Of Perdition, ceux du split
Four Wings Of Blasphemy And Abomination, les quelques inédits de la compilation
Triumphus Serpentis Magni, le morceau "Muerte" figurant sur un autre split en compagnie de Morbosidad, une reprise de Beherit, une autre d’Antaeus et enfin pour conclure quelques titres dans des versions brut de fonderie. Un total de quinze morceaux présentés de manière chronologique (à l’exception des trois derniers) afin de mieux saisir l’évolution de Pseudogod au fil des années et des différentes sorties. Cette compilation s’accompagne également d’un épais livret où textes et photographies occultes et morbides se mêlent les uns aux autres.
Sepulchral Chants s’ouvre sur les morceaux de la démo
Illusion Of Salvation. A cette occasion, l’introduction "O Luserp Sitativic" a été intégrée au titre "Bleeding With Pus Of Black Plague" pour ne faire qu’un seul et même morceau. Nous sommes en 2006 et ce que l’on peut dire c’est que les bases de la musique de Pseudogod étaient déjà particulièrement solides. Certes, la production peut sembler un peu crue en comparaison des sorties les plus récentes de la formation russe mais en même temps, celle-ci colle plutôt bien à ce qui n’était encore que du Black bestial particulièrement bas du front. Entre ces riffs vicieux et répétitifs, ces assauts de batterie incessants, cette voix arrachée et glaireuse et cette production lointaine et grésillante, tout était déjà réuni pour assoir Pseudogod parmi les valeurs sûres de la scène Black(/Death) underground.
Malgré ces débuts particulièrement encourageants, le groupe originaire de Perm ne fera son retour que trois ans plus tard avec la sortie d’un split en compagnie des Polonais de Blaze Of Perdition. Trois années que Pseudogod aura mises à profit pour peaufiner sa recette, s’orientant ainsi vers un mélange Black/Death désormais plus équilibré (chant beaucoup plus growlé, riffs nettement moins rachitiques...). Un changement qui s’accompagne également d’une production beaucoup plus puissante et compacte qu’auparavant. Si la musique des Russes perd alors un peu de cette atmosphère sale et vicieuse qui caractérisait
Illusion Of Salvation, elle gagne à l’inverse en lisibilité et en impact. C’est flagrant dès les premières secondes de "Branded By Hornz", surtout en comparaison des deux titres précédents qui paraissent tout de suite beaucoup plus maladifs. Pour le reste, la formule reste inchangée avec notamment ces riffs aliénants répétés à outrance et ces successions de blasts quasi-ininterrompues. Sans pitié.
Viennent ensuite les deux titres du split
Four Wings Of Blasphemy And Abomination sorti en 2010, à savoir "Awakening Of Archdemon" et "Divine Merging". Ces derniers ayant déjà été abordés via la chronique du EP
The Pharynxes Of Hell, je vous invite pour plus de détails à cliquer sur le lien hypertexte. Ceci étant, Pseudogod fait encore une fois un pas en avant en matière de production. Moins dense, plus abrasive et surtout plus metalique elle rend le propos des Russes encore un peu plus compréhensible tout en gardant néanmoins un aspect toujours très old school (cette réverb sur la voix). Bref, je radote, si vous intéresse, vous savez où cliquer.
Les deux titres suivants sont issus de la compilation
Triumphus Serpentis Magni sortie elle aussi en 2010 et qui regroupe en plus des titres tirés du split avec Blaze Of Perdition un morceau inédit ("Azazel") et une reprise de Beherit ("The Gate Of Nanna"). Si le premier n’est aujourd’hui plus aussi inédit qu’à une certaine époque (on le trouve également sur l’album
Deathwomb Catechesis sorti en 2012 qui, soit dit en passant, est aujourd’hui bien plus accessible que cette fameuse compilation), le second est quant à lui resté beaucoup plus rare. Pseudogod nous offre ainsi une relecture particulièrement intense de ce célèbre titre de Beherit présent sur l’album
Drawing Down The Moon. Bien loin des tempos modérés de la version originale, les Russes rendent un hommage d’une violence inouïe aux Finlandais (et par la même occasion à Satan). Ave Satan, Ave Lucifer !
Grosse saveur également avec l’excellent "Muerte" tiré du split en compagnie de Morbosidad qui, lui non plus, ne fait pas dans la dentelle. Pseudogod n’a pas changé son fusil d’épaule (d’ailleurs il n’en a même jamais eu l’idée) et continue ainsi d’avoiner sans jamais se poser de questions. Heureusement, quelques changements de rythmes sont à signaler et viennent rompre avec cette répétitivité qui caractérise généralement son Black/Death agressif et revanchard. Rien de neuf mais toujours ce sens affûté du riff qui fait mouche et surtout une efficacité exacerbée qui les place d’emblée parmi les groupes les plus intéressants du genre.
Habitué à trouver ce titre dans les différentes setlists du groupe, voici enfin la version studio de cette reprise d’Antaeus. A l’inverse de "The Gate Of Nanna", cette relecture respecte le rythme déjà particulièrement soutenu imposé par les parisiens. Si, comme dans ma chronique du EP
The Pharynxes Of Hell, j’avoue préférer la version originale, on ne peut que se féliciter de voir un groupe français repris par une formation de la trempe de Pseudogod. Une preuve supplémentaire, s’il en était nécessaire, du talent de ces foutus parisiens.
Les quatre derniers titres de cette compilation, aussi bons soient-ils, présentent tout de même nettement moins d’intérêt puisqu’en dehors du fait que trois de ces morceaux figurent déjà au tracklisting de
Sepulchral Chants, ils sont proposés ici dans des versions « rehearsal » c’est-à-dire complètement dépouillés (pas de mixage, pas de mastering, rien...). S’il est toujours sympa de pouvoir comparer plusieurs versions d’un seul et même morceau l’intérêt est ici ailleurs (voir les quelques paragraphes juste au-dessus).
Extrêmement complète et n’oubliant surtout aucun titre délibérément (coucou Diocletian et sa compilation
Annihilation Rituals sur laquelle il manque cette reprise de Bolt Thrower !),
Sepulchral Chants comblera tous les amateurs de Pseudogod qui, comme moi, n’ont jamais cherché à mettre la main coûte que coûte sur ces multiples cassettes, CDs, 7" et autres split 12" que le groupe a pu sortir depuis 2006. Quatre-vingt minutes c’est effectivement très long, mais lorsque la qualité est constamment au rendez-vous, cela tend à rendre l’écoute beaucoup moins pénible. En plus de faire un tour d’horizon quasi complet de la discographie de Pseudogod,
Sepulchral Chants est également le moyen idéal pour constater l’évolution (aussi subtile soit-elle) de ces Russes que l’on attend désormais de pied fermes avec (on l’espère) un deuxième album.
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