Précurseur de cette scène méconnue (et parfois injustement raillée) qu’est le « unblack » (black metal « chrétien ») scandinave au côté d’
Antestor, Crimson Moonlight s’était fait discret après son pèlerinage de presque neuf ans.
Veil of Remembrance en 2004 puis un EP
In Depths of Dreams Unconscious et plus rien. Le line-up subira plusieurs remaniements mais la séparation sera évitée de justesse, rejoint par un dénommé Per Sundberg (guitare, basse et claviers) quant à Johan Ylenstrand (Exhale, Inevitable End, ex-Miseration) il tient désormais à la fois la guitare et la basse. Après des nouvelles au compte-gouttes sur sa page Facebook, le retour céleste est enfin acté pour 2016 :
Divine Darkness.
Des débuts « raw black », suivis d’aspects symphoniques puis un black/death moderne à fort penchant mélodique typiquement suédois : quid de ce
Divine Darkness ? A l’instar d’Antestor, Crimson Moonlight revient finalement à ses racines primaires. Emmené par ses deux musiciens grind/death (Exhale, Inevitable End), le groupe met de côté ses mélodies « grand public » pour se tourner vers un black metal épuré des plus virulents. Le triptyque est simple : hurlements à la mort modulés (dès la première seconde de « The Dogma Of Chalcedon »), vagues de riffs monolithiques et batterie ô combien intense. Redite de mes précédentes chroniques, déjà Gustav Elowson (Gurra) maltraitait ses pauvres fûts mais là un palier semble avoir été franchi en dix ans. Finie la production plastique et trafiquée (Panic Room) de
Veil of Remembrance, ici un son plus organique qui permet de se manger les frappes en pleine face sans filtre. Ceux connaissant Exhale savent de quoi est capable le gaillard, ce dernier usera d’ailleurs de cette expérience pour ajouter un bouquet extrême à la limite du grind. Le final de l’extrait « The Suffering » comme exposition de son impressionnante endurance !
Une violence d’énergumène qui pourra faire passer ces titres pour un bloc brut uniforme assez épuisant. Néanmoins Crimson Moonlight n’efface pas complètement ses appétences mélodiques, on retrouve quelques réminiscences accrocheuses passé (transpirant le Dark Funeral) sur les refrains de « The Dogma Of Chalcedon » et « The Suffering », « Dusk » (4:42) ou « In Silence In Chains ». Un peu maigre… Les mélodies dévastatrices habituelles paraissent cette fois absentes, le départ de ses trois guitaristes après
Veil of Remembrance a donné un sacré coup aux compositions. Comme son prédécesseur, Crimson Moonlight ne jouera pas dans la subtilité ni la prise de risque. Cela manque de nuances et les quelques timides escapades sur le final au piano de « The Suffering », le break du morceau éponyme, l’ambiancé « Voistinu Voskrese » (sous exploité) ou l’introduction de « Dusk » (pour un virage à 360° à 1:05) permettent d’infuser des endorphines à nos tympans maltraités mais ce n’est pas suffisant. Amputé de ces passages en roule libre (« I Am Tribulation » et « Kingdom Of The Wolf ») et des morceaux raccourcis (pour rester dans la thématique brutale),
Divine Darkess aurait certainement pu faire d’avantage de dégats.
Quelle mandale… Ceux se moquant des groupes de « unblack » auront droit à la réponse sans fioriture de Crimson Moonlight. Un brutal black intense plutôt éprouvant (même pour des oreilles averties) porté par son batteur grind bourreau. Une baffe malheureusement trop bas du front et sans la saveur mélodique d’antan, on décrochera en milieu de parcours.
Divine Darkness bien que ultra carré et faisant son effet, demeure trop linéaire pour pouvoir marquer les esprits et revenir dessus. Après de longues années, on était forcément en droit de s’attendre à une musique de qualité supérieure. L’opus reste en deçà des capacités des Suédois, déception donc.
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