Loïc, tête pensante des entités N.K.V.D et Autokrator, ne semble pas particulièrement décidé à laisser le temps au temps. Ainsi, depuis 2014 et la sortie de
Hakmarrja, l’homme à la poigne de fer maintient son étreinte sur le paysage Black/Death industriel hexagonal. Après un premier album éponyme ayant su s’attirer les grâces de labels tels que Godz Ov War ou Iron Bonehead, Autokrator est aujourd’hui de retour avec un deuxième essai intitulé
The Obedience To Authority. Un titre sans équivoque qui ne laisse aucun doute quant aux thèmes abordés sur ce disque. Une intransigeance au service d’une musique toujours aussi radicale servi cette fois-ci par un line-up quelque peu allégé.
Ramené à l’état de duo, Autokrator semble avoir cédé à la facilité de la boîte à rythme. Sauf qu’après renseignements pris, il n’en est rien. Derrière ces blasts synthétiques et déshumanisés se cache en effet un véritable batteur (de session). Une surprise tant l’utilisation du triggue donne le sentiment d’être face à une machine. Ceci étant, son abus n’est en soit pas spécialement dérangeant étant donné la couleur synthétique déjà donné auparavant à cet instrument (
Autokrator). Ainsi, le duo poursuit fièrement et sans relâche sa quête d’asservissement grâce à ce nouvel album qui se "contente" en toute simplicité de reprendre les choses là où il les avait laissé il y a un peu plus d’un an. Aujourd’hui, si la formation a ainsi perdu plus de la moitié de ses effectifs, elle n’en reste pas moins une machine de guerre prête à écraser du talon de sa botte toute forme de résistance.
The Obedience To Authority reprend donc les qualités ainsi que les défauts de son prédécesseur. Ceux qui espéraient voir disparaître les quelques points de discordes abordés par mon collègue Høsty peuvent d’ores et déjà passer leur chemin, ce nouvel album est lui-aussi marqué par les mêmes maux. Ainsi, malgré une durée relativement courte, la présence d’interludes samplés ("Chapter VI") et de séquences plus mesurées ("Chapter VIII"), ce nouvel album se caractérise une fois encore par une trop grande linéarité. Linéarité qui, bien que probablement encrée dans cette démarche jusqu’au-boutiste engagée par Autokrator, nuit quelque peu à l’efficacité et à l’assimilation de l’ensemble. Elle est d’ailleurs exacerbée par une production d’une extrême densité qui à défaut de rendre justice aux riffs de Loic F. (on aurait vraiment aimé les discerner davantage) va mettre cette machine/batterie et ce growl infernal au centre de toutes les attentions.
Evidemment, le choix de cette production n’est pas anodin et permet la construction d’une atmosphère martiale et implacable si chère à Loïc. Il se dégage ainsi de son Death Metal une puissance froide et anxiogène dont le but est évidemment d’inspirer à l’auditeur un fort sentiment de terreur. En véritable despote, Autokrator impose son dictat sur la populace, faisant ainsi plier les volontés par ses riffs sourds et répétitifs, ses blasts synthétiques et aliénants ou ses séquences façon marche militaire, ce growl profond et menaçant et naturellement tous ces samples mécaniques, industriels ou, encore une fois, militaires (la totale sur "Chapter III"). Et c’est là l’une des grandes qualités de cet album et d’Autokrator en général, faire transparaître cette rigueur extrême, immerger l’auditeur dans une espèce de dictature sonore marquée par une musique et des paroles d’une rare intransigeance, transmettre ses idées par le poing et la matraque, le blast et le growl sur fond de riffs diffus en mode débarquement telle une nuée d’avions qui ne cesse de bourdonner au-dessus de nos têtes.
Marchant à sa manière sur les terres de groupes tels que Portal, Mitochondrion, Impetuous Ritual ou Vasaeleth, Autokrator a dès le départ cherché à se différencier en apportant à son Death Metal une touche finalement assez originale et peu représentée (à moins que ce soit ma méconnaissance voir mon désintérêt en matière de musique industrielle qui me le fasse dire). Cette atmosphère martiale et donc industrielle constitue pourtant l’intérêt majeur d’Autokrator. Suffocante et presque totalement impénétrable, la musique du duo s’impose à nous par la force et la violence. Malheureusement, les qualités d’Autokrator sont aussi ses principaux défauts. Privilégiant l’ambiance à une certaine efficacité, le groupe oublie de rendre son propos compréhensible et fini par exclure plutôt qu’à rassembler autour de son œuvre. Je reste néanmoins plutôt convaincu par l’ensemble car il y a dans le Death Metal du Français un réel potentiel. Potentiel qui demande néanmoins à être exploité avec davantage de clarté et de finesse si Loic et David souhaitent réellement marquer les esprits. En l’état,
The Obedience To Authority est un album agréable sur l’instant (violence exacerbée, puissance évidente...) mais duquel on a bien du mal à retenir quoi que soit même après plusieurs écoutes (les riffs ?).
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