Le black/thrash, c'est bien. Peut-être même la plus jouissive des fusions, hors Vegetto. Ce qu'a bien compris Craven Idol qui, sans faire partie des figures les plus connus du style, a su mine de rien se faire une petite place depuis sa formation il y a déjà plus de dix ans. D'abord sur deux démos pour se faire la main. Puis sur un très bon EP,
Ethereal Altars, qui m'a permis de découvrir le groupe en 2010 et enfin sur un premier full-length réussi,
Towards Eschaton, en 2013. Quatre ans, un nouveau guitariste et un nouveau batteur plus tard, Craven Idol ressort de la tombe chez l'un des labels underground les plus en vue du moment, Dark Descent Records, avec un deuxième album,
The Shackles Of Mammon, orné d'une jolie pochette signée du talentueux chilien Daniel "Desecrator" Corcuera. On a vu moins alléchant!
Alors, quoi de neuf chez les Anglais? Pas grand chose à vrai dire mais la qualité reste présente, et c'est bien cela qui importe. Le groupe peaufine son style black/thrash qui rappelle de plus en plus Desaster, notamment par ce chant râpeux agressif (qui part de temps en temps en cri aigu strident, plus en hommage à Destruction) ou les riffs thrashy affûtés de la paire Immolator of Sadistik Wrath / Obscenitor. Pas pour me déplaire vu mon amour pour les Allemands. D'autant qu'un autre grand nom du black/thrash que je chéris, Deströyer 666, fait lui aussi sentir son influence, en particulier sur ces leads mélodiques en tremolo au feeling plus ou moins épique qu'affectionne K.K. Warslut ou d'autres moments qui fleurent bon le satanic speed metal australien ("Pyromancer" à 1'14 avec les chœurs, le début de "Black Flame Divination" et sa basse proéminente suivie d'un riff presque dansant, "A Ripping Strike" à 4'57, "The Trudge" et ses "oooh" à la Bathory, "Hunger"...). Vous avez là les deux points forts de la formation britannique. Un riffing black/thrash au poil et un sens prononcé de la mélodie. Ce qui suffit en général à faire un bon album, ce dont peut se revendiquer ce
The Shackles Of Mammon. La diversité rythmique, du tchouka-tchouka entraînant au mid-tempo headbangant ou conquérant en passant par quelques blast-beats énervés ("The Trudge", "Dashed To Death", "Mammon Est", "Hunger"), ainsi que l'hétérogénéité de l'ensemble qui en découle, entre morceaux/passages joués pied au plancher et titres/séquences davantage dans l'ambiance épique comme sur l'intro de "A Ripping Strike" ou plus tard avec ces spoken words scandés, et surtout sur les plus longues pièces "The Trudge" ainsi que le final prenant voire poignant sur le lancinant et dissonant "Tottering Cities Of Men" (qui offre aussi du spoken words), font aussi partie des qualités d'un opus qui n'en manque pas. Le tout bien servi par une production exemplaire, claire et puissante, sans faire trop travaillée afin de conserver l'aspect old-school, dangereux, direct et agressif d'un genre qui se doit d'être un peu punk et rock 'n roll s'il veut sonner un tant soit peu légitime. En gros ça joue bien et varié, ça bourre, ça fait dans l'épique, c'est efficace et ça passe comme un terroriste dans une salle de concerts à Manchester, pour le même résultat dévastateur.
Malgré le talent du quatuor et la réussite certaine qu'est le digne successeur de
Towards Eschaton qui n'a pas de réel défaut si ce ne sont des samples atmosphériques sans grand intérêt ou des influences parfois trop évidentes, je dois toutefois avouer que l'opus ne me transcende pas non plus totalement. On voit là la différence entre un bon voire très bon groupe qui récoltera les louanges l'année de la sortie d'un album mais qu'on ne retiendra pas à l'heure de choisir les opus réellement marquants du style, et ceux qui les ont composés, pour la plupart quinze ou vingt ans plus tôt et qui font toujours école. Cela dit, c'est le cas pour quasiment toutes les productions actuelles dignes d'intérêt. Inutile donc de se prendre la tête avec de telles considérations.
The Shackles Of Mammon plaira sans problème aux fans de black/thrash à la Deströyer 666 et Desaster dont Craven Idol s'impose un peu comme la synthèse. Ce nouveau disque des Londoniens fait même la nique au quelque peu décevant
Wildfire des Australiens, sans atteindre le niveau du
The Oath Of An Iron Ritual des Allemands qu'on préférera cette année dans le genre. Une belle performance néanmoins pour un groupe rarement cité mais qui mérite le coup d'oreille.
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