La boucle est bouclée : j'ai pu aborder, l'année dernière, le tout premier et fantastique
full-length de Sublime Cadaveric Decomposition, sorti chez Osmose en 2001. Il est logique que je me colle à l'écriture pour leur dernière fournée, le bien-nommé
"Raping Angels in Hell", livrée par Animate Records en fin d'année dernière. Logique, mais surtout très plaisant : si je ne me suis pas franchement attardé sur
"Sheep'n'Guns" (2011), et que je reviens assez rarement sur
"Inventory of Fixtures" (2007) malgré les indéniables qualités des deux opus, je garde un attachement tout particulier pour les deux premiers disques des parrains du Goregrind français. Deux disques fleurant bon l'adipocire et les viscères, sommets jumeaux de tout ce que je peux rechercher dans le style : une ambiance morbide, glauque, gluante, à vous en coller la nausée et des sueurs froides.
Forcément, en voyant la pochette de
"Raping Angels in Hell", presque en forme de rappel aux belles illustrations figurant dans le livret du premier
full-length du combo, j'avais bon espoir que SCD revienne à un bail bien crasseux. Si nous ne retrouverons pas le son opaque et brouillon, ni les chuintements incompréhensibles de l'éternel vocaliste Seb, nous sommes par contre en présence d'un album qui synthétise à la perfection tous les détours qu'a pu emprunter la formation durant ces vingt dernières années. Une fois les gants en latex enfilés,après avoir farfouillé sa carcasse, on y découvrira pêle-mêle des bouts de Black Metal, de fortes odeurs de Death Metal putride, et, bien entendu, cette saveur Crust si particulière développée sur
"Inventory of Fixtures".
La grande force de
"Raping Angels in Hell" reste et restera celle de ravir les fans de longue date du combo français, comme celle d'apaiser la faim des curieux. Ceux qui seraient venus y chercher une bonne tannée des familles seront comblés, car l'album est peut-être l'un des plus frontal de la discographie de SCD, mené tambour battant par Dragulard, aussi à l'aise dans les blast-beats menés pied au plancher (le démarrage monstrueux de "Apostate Angels (Rituals And Taboo)") que dans les plans plus posés, ou la notion de
groove prend clairement le pas sur celle de la vitesse ("Maggots Feed On Carrion", ou il accompagne à la perfection des guitares contagieusement dansantes). Pas besoin de tabasser en Mach 3 pour mettre tout le monde d'accord... Et les français l'ont bien compris. L'indéboulonnable Seb mène sa troupe au moyen d'un organe toujours aussi puissant, passant du growl caverneux aux tonalités plus "liquides" du Goregrind avec une aisance déconcertante, rappelant à la fois le bon vieux temps (celui-là même ou l'absence de paroles plaçait la voix au rang d'instrument à par entière) et les élans plus revendicateurs de
"Inventory of Fixtures".
Le groupe a taillé ses nouvelles compositions pour la scène (une aubaine,
"Raping Angels in Hell" sera défendu par moult concerts au court de l'année à venir), et ça se sent. Comment résister à cette dose de Rock'n'roll furieux, déjà présente sur
"Sheep'n'Guns", et sublimée sur le présent opus ? Guitares vrombissantes ouvrant "The Day They Dissect Me" (cadencée par une batterie tout en contretemps et en breaks), mid-tempo tranquille mais jamais pépère de "Medico Legal Psalmody" (pour mieux nous tromper, le titre partant dans des embardées furieuses tout au long de ses quatre minutes), et toujours ce sens du riff qui fait mouche qui s'insinue jusque dans les titres les plus véloces de l'album... Le mélange fonctionne, normal, les chefs ont la recette depuis plus de vingt ans. Et, même s'il peut s'avérer un peu indigeste sur la durée, l'ensemble possède un indéniable goût de "reviens-y" - la marque d'une ogive Grindcore réussie.
Je vois un peu cette dernière livraison comme ce fameux copain d'enfance que l'on a toujours plaisir à revoir, même s'il a suivi une voie bien différente de la notre. Un pur mélange d'appréhension (
"A quel point aura-t-il changé, après toutes ces années ?") et d'affection - car Sublime Cadaveric Decomposition est attachant.
"Raping Angels in Hell" ne souffre en fait que de sa durée, qui le rend un poil lourd à assimiler d'une seule traite. Une longueur que l'on excusera sans problème, tant elle semble découler de l'envie de Sublime Cadaveric Decomposition de faire rentrer toute sa personnalité, passée et présente, dans la galette. Le groupe suit sa voie, et forge un très bon disque-synthèse de sa discographie, à l'image de sa carrière : fait de passion, de détermination et d'envie. Respect, messieurs, et bon vent pour la suite !
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