chargement...

haut de page
Remontez pour accéder au menu
196 visiteurs :: Invité  » se connecter  » s'enregistrer

Rivers of Nihil - Where Owls Know My Name

Chronique

Rivers of Nihil Where Owls Know My Name
« Ah, c'est MoM qui s'occupe du dernier RIVERS OF NIHIL ? Non mais attends, il a adoré le dernier OBSCURA, éthéré et aérien alors qu'il traîne la patte dans son délire Prog. Même combat avec BEYOND CREATION, qui se paume dans son évolution, pourtant MoM aime ça ! Il est même fan du dernier IRREVERSIBLE MECHANISM, alors que les mecs ont totalement changé de style ; il a affirmé préférer leur nouveau son plus Cynic-ien mêlé au Deathcore à leur premier disque plus symphonique et technique qui en mettait plein la vue.
Alors ce Rivers of Nihil qui est plus Prog, qui change totalement de direction pour passer à du Tech hyper dense vers de l'éthéré très marqué qui alterne des phases bien tranchées sous des transitions subtiles, il va forcément mettre une excellente note !
Allez, je lis même pas : tout le monde dit que c'est un essentiel de 2018, il va dire pareil et... »

Stop !

Allons, mes lecteurs et lectrices adoré.e.s, c'est que vous commenceriez à me connaître. Oui, j'aime énormément le Prog, j'aime les musiques qui ont une touche aérienne et éthérée et qui sont pourtant très ancrées dans des mélodies et phases rythmiques mémorables. La confusion dans des nappes m'endort, il me faut de la vivacité, et de la variation, eh oui : je suis pénible, vous le savez !

Pour moi, Rivers of Nihil avait tout du groupe de « Tech Death sympho je t'en mets plein la vue vas-y regarde comme je suis riche et complexe », façon BLACK CROWN INITIATE, ou VALE OF PNATH, voire NE OBLIVISCARIS (mais celui-là, je le mets car j'ai découvert le Monarchy de Rivers of Nihil en même temps...). Bref, des formations de musiciens qui ont du talent et qui bossent dur, mais qui manquent de cette sensibilité, de cette écriture toute en nuance qui me fera dire « : « Ah ouais, c'est pas juste du Tech Death prog sympho qui en jette, y a de ça aussi ! »
C'est typiquement ce facteur X qui m'a fait adorer le dernier Obscura alors que je déteste ce groupe, ou qui me fait relancer le Immersion d'Irreversible Mechanism, ou le Cybion de KALISIA ainsi que la sortie de THE BEAST OF NOD : il y a un élément qui m'évoque mon enfance, cette pique qui m'accroche droit dans le cœur, par-delà le temps et l'espace.

Alors je n'attends pas à ce que tous les albums me fassent ça, et je suis capable d'apprécier un album relax tranquillou juste pour les bons moments qu'il me propose. Mais dans le cas du Tech Death Prog super balèze, il me faut un service total.

Rivers of Nihil, avec son opus des chouettes qui connaissent mon nom (bon, hiboux, voilà, on peut poursuivre ?), entend bien remettre les pendules à l'heure : on va plaire aussi bien à nos fans, mais également leur proposer du neuf, et on ne pourra pas dire qu'on n'essaie rien, compris ? On tente des trucs, mais on garde notre touche !
Alors, oui, on a toujours des moments de technique qui fonctionnent du tonnerre ! « Subtle Change », il te calme bien toi qui veux dire du mal tout de suite sans écouter, grâce à un habile mélange des registres tendus, sensibles, colériques et nostalgiques. Tu te dis que ça peut le faire grave, tu te laisses emballer, d'autant que t'as du synthé à la JRPG, et que tout se met en place avec justesse, mesure et intelligence – purée ce changement à 3:41, sublime ! Puis je veux pas te dire où ça mène, parce que je te garde un peu de surprise (et que, sinon, je spoil ma conclusion, alors un peu de patience). T'as également « Hollow » qui fait super mal, avec cette batterie qui déploie de la double en veux-tu en voilà, avec des solos de guitares qui font mal aux dents et grincer des oreilles – parce que quand ça s'impose, ça fracasse, voilà, c'est bien fait, avouons-le ! Et « Death is Real », eh bien il te fait du riffing un peu différent, qui te pose une ambiance, t'as même des parties un peu Messhughesque (ne cherche pas ce mot dans le dico, je t'assure qu'il y est). C'est massif quand ça doit l'être, c'est bien emballé, pas de problème. Et le dernier morceau, « Capricorn » ? Mais oui qu'il est bon, lui aussi il montre bien la technicité des zicos, donc, là aussi, tu as de quoi manger si tu aimes Monarchy, aie confiance.
Dans le lot des réjouissances, on a aussi « A Home » et ses grosses qualités. Genre dès 1:54, tu as un développement super bien fichu, qui traverse les secondes jusqu'à un riffing tellement engageant, alors que le chant est à la frontière, et que les arrangements des pistes derrière ajoutent un relief bien appréciable, jusqu'à retomber sur une phase brusquement douce et apaisée. Et ça te montre avec une superbe transition de chroniqueur que, oui, Rivers of Nihil sait faire du Prog, qu'il a compris l'importance des arrangements, du son, des articulations, du volume, de l'espace, du relief...

Ah, mais il n'a pas saisi l'importance du timing.
Si je prends « The Silent Life », à mon sens ça traîne beaucoup trop et montre une limite du Prog : si tu appuies trop une phase, tu deviens légèrement rébarbatif. Il me faut un juste équilibre, un timing assez tendu entre « ne pas aligner trop de plan pour laisser chaque idée respirer » et « trop s’appesantir au risque de faire l'effet j'allonge pour l'artifice et la magie ». Je crois que le pire, c'est ce chant, surtout quand il est couplé avec un chanteur additionnel, parce que ça manque de punch et le mix ici me semble plat, compressé par une batterie qui claque trop sur sa double pédale, et une voix quelque peu étriquée entre des guitares qui jouent du riff pour montrer qu'elles sont là.
« Old Nothing », de son côté, a un truc qui aurait pu me plaire, mais le son massif un peu core, je le prends pas, il me semble venir comme ça, de but en blanc, avec son chant vénèr et son riffing très agressif. Ça manque de cohésion avec le reste, je ne suis pas du tout emballé. Et quand ça bute, quand ça trébuche et perd en équilibre, le moindre souffle peut effondrer toute la structure. Ça manque pas : sur 4 minutes 45, le morceau me semble long, il me fatigue.
Et le morceau éponyme, je ne peux pas. Pour moi, il est la raison de pourquoi j'ai écouté l'album une fois en mode bien emballé, et pourquoi la deuxième fois je suis passé à autre chose, du type : « Oh et puis zut, je mets Death ! »
Le disque ne tient pas la longueur. Je trouve les morceaux trop longs, je ne parviens pas à retenir de mélodie marquante, car les phases de nappes soyeuses ou de bourrages ne laissent pas respirer les instants riffings. C'est soit trop appuyé sur l'instant Prog, soit on passe à autre chose, et je n'arrive pas à rentrer dedans. Ça me passe totalement au-dessus, je ne parviens pas à m'impliquer. Le souci, c'est que sur l'ensemble du disque, je ne sens pas d'équilibre, j'ai de longs moments où juste je me laisse imposer des phrases longuettes qui me paument, et parfois je me raccroche au wagon, avant de retomber et de subir à nouveau.
Le titre « Where Owls Know my Name » contient trop de moments aux notes allongées, aux ambiances sur-présentes, et donne ce côté : « Regarde, je t'assure que je suis Prog, écoute ça ! »
Du coup, depuis la deuxième écoute, passée « Subtle Change », je change de skeud, je ne tiens pas, je ne préserve rien, comme un paysage qui défile et duquel on ne devine que quelques formes, et dont on ne retient que des semblants de couleurs.

« Donc, MoM, tu n'aimes pas ce disque autant que les autres ?
- Je vais poser une autre question : à ton avis, pourquoi autant de personnes l'ont retenu, qu'a-t-il en plus que d'autres du genre n'ont pas ? Qu'est-ce qu'ils ont mis qu'Obscura ou Irreversible Mechanism n'ont pas mis ?
- Du sax ? »

Et voilà on y vient ! Depuis quelques temps, des formations Metal ont placé du sax dans leur musique, et ça fait énormément de bruit. BLACK SIN pour le Black, IGORRR pour... Quoi qu'il en soit, le saxophone fait plaisir, et il marque les oreilles, car il a un timbre chargé, parce que ça peut soit apporter le velours, soit au contraire partir en vrille dans des notes aiguës qui s'enchaînent dans un tourbillon insensé.
Ici, le saxophone reste présent sur des moments de calme. Et c'est pas loin d'être du côté du gimmick. Tu le sens venir, tu sais où il va être placé. Et le morceau « Where Owls Know my Name » est le plus prévisible pour le coup, car c'est le morceau tubesque par excellence (ils en ont fait même un clip, qui lui aussi a fait parler de lui pour son visuel). Parfois il est judicieusement utilisé, comme dans « Subtle Change » qui reste mon titre favori, mais ça reste rare. J'aurais voulu, à l'instar d'autres projets où le Fusion est clairement assumé, que le saxophone prenne parfois la place de lead, conduise le morceau, et soit présent dans toute sa force. Si c'est juste en tant qu'outil pour instants moroses à tire larigot, ça ne me suffit pas – et, pire, ça renforce le fait que l'album me fatigue. Car dès la deuxième écoute, non seulement je ne retiens pas grand chose, mais en plus j'arrive à prévoir, à ne pas être surpris, ce qui renforce mon manque d'implication. Parce que je vois les ficelles sans même les manipuler, voire sans même les chercher ! Ce qui me laisse une impression très crispante d'être face à un album à plusieurs gimmicks : le gimmick du « on a changé de cap, regardez ! », le gimmick du « on a fait un clip au visuel qui claque, regardez ! « , le gimmick du « on a un instrument différent, écoutez ! »

Bref, un album auquel il me manque ce facteur X consistant qui tiendra sur la durée. Un album que je n'écouterai pas plus que de raison.

Alors, soyons clairs : Where Owls Know my Name est tout sauf un mauvais album ! Il a été travaillé avec soin et évite sans souci les écueils du Prog qui veut trop en faire. Ils sont à fond dans leur musique, le changement n'est pas opportuniste ni gratuit. On touche du doigt leur réflexion, leur envie de proposer des ambiances.
Seulement, le fait de rester sur des acquis du genre, de jouer beaucoup sur des tics de jeu et de devenir ainsi prévisible... Voilà, j'ai aimé une fois, mais je n'y reviendrai jamais.

Les + :
- des titres efficaces qui savent varier entre le colérique et l'aérien propres au Progressive Death
- un changement de style réussi !
- une production qui ne sonne pas artificielle ni modifiée par ordinateur
- Subtle Change, un modèle de ce que le groupe peut désormais proposer

Les - :
- une composition de qualité mais qui s'appesantit trop sur les parties célestes
- un manque d'équilibre sur la totalité de l'album
- parfois, le son peut paraître trop compressé, et le chant peut avoir du mal à se démarquer
- le saxophone qui aurait pu avoir une place plus importante au lieu de servir seulement dans les moments de calme
- la prévisibilité des idées pour qui a l'habitude du Prog
- trop peu de mélodies et de moments qui se démarquent vraiment

Une remarque ?
Un album qui divisera, comme les autres en Prog Death que j'ai chroniqués cette année. On aimera ou non. Vous serez sans doute en total désaccord avec ce que vous venez de lire, voire vous aurez envie de malmener votre clavier par la fougue de vos doigts alignant frénétiquement les raisons de pourquoi j'ai tort.
Et je vous avoue que j'aurais voulu aimer cet album, vraiment. Peut-être aurez-vous plus de chance ? Laissez-vous tenter, ça reste globalement une bonne production.

DONNEZ VOTRE AVIS

Vous devez être enregistré(e) et connecté(e) pour participer.

AJOUTER UN COMMENTAIRE

 
Vous devez être enregistré(e) et connecté(e) pour participer.
Rivers of Nihil
Progressive / Technical Death Metal
2018 - Metal Blade Records
notes
Chroniqueur : 6/10
Lecteurs : (6)  8.25/10
Webzines : (8)  8.38/10

plus d'infos sur
Rivers of Nihil
Rivers of Nihil
Death Technique - 2009 - Etats-Unis
  

vidéos
Where Owls Know My Name
Where Owls Know My Name
Rivers of Nihil

Extrait de "Where Owls Know My Name"
  

tracklist
01.   Cancer / Moonspeak  (01:44)
02.   The Silent Life  (06:34)
03.   A Home  (05:19)
04.   Old Nothing  (04:44)
05.   Subtle Change (Including the Forest of Transition and Dissatisfaction Dance)  (08:34)
06.   Terrestria III: Wither  (03:49)
07.   Hollow  (05:13)
08.   Death Is Real  (06:09)
09.   Where Owls Know My Name  (06:42)
10.   Capricorn / Agoratopia  (07:50)

Durée : 56:38

line up
Essayez plutôt
Contrarian
Contrarian
Their Worm Never Dies

2019 - Willowtip Records
  
The Beast of Nod
The Beast of Nod
Vampira: Disciple of Chaos

2018 - Indépendant
  
Irreversible Mechanism
Irreversible Mechanism
Immersion

2018 - Blood Music
  
Fractal Universe
Fractal Universe
Rhizomes of Insanity

2019 - Metal Blade Records
  
Anakim
Anakim
Monuments To Departed Worlds

2017 - Autoproduction
  

Annihilator
Refresh The Demon
Lire la chronique
Prestige
Reveal the Ravage
Lire la chronique
Witches
The Fates
Lire la chronique
La photo mystère du 16 Novembre 2024
Jouer à la Photo mystère
La photo mystère du 1 Novembre 2024
Jouer à la Photo mystère
Deceased
Children Of The Morgue
Lire la chronique
Enforced
A Leap Into The Dark (EP)
Lire la chronique
Muscadeath 2024
Lire le biographie
Ireful
Agents Of Doom
Lire la chronique
Muscadeath 2024 Jour 2
Aborted + Ad Patres + Disfu...
Lire le live report
Scumripper
For A Few Fixes More
Lire la chronique
La photo mystère du 16 Octobre 2024
Jouer à la Photo mystère
Morbid Saint
Swallowed By Hell
Lire la chronique
Machete Law
Chains of Despair (EP)
Lire la chronique
Scolopendra
Citadel Of Torment (EP)
Lire la chronique
Aggressive Perfector
Havoc At The Midnight Hour
Lire la chronique
La photo mystère du 1 Octobre 2024
Jouer à la Photo mystère
Armoros
Pieces
Lire la chronique
Laceration
I Erode
Lire la chronique
La photo mystère du 16 Septembre 2024
Jouer à la Photo mystère
Überserker
Ineffable Force of Will
Lire la chronique
Conquer or Perish European Tour 2024
Exhumation + Initiation + V...
Lire le live report
Evildead
Toxic Grace
Lire la chronique
Anthares
After the War
Lire la chronique
Void
Horrors Of Reality
Lire la chronique
Motocultor Festival 15
Griffon + Deicide + Inhumat...
Lire le live report
La photo mystère du 1 Septembre 2024
Jouer à la Photo mystère
Surgical Strike
24/7 Hate
Lire la chronique
The Hellectric Devilz
The Devilz Playground
Lire la chronique
Crushing Brain
Cenizas
Lire la chronique
Labyrinth
Unforeseen Consequences (EP)
Lire la chronique