Coucou c’est moi ! Je débarque aujourd’hui la bouche en cœur et l’air de rien pour vous parler du dernier album en date de Turnstile sorti il y a maintenant plus d’un an... Intitulé
Time & Space, celui-ci fait suite à un EP passé ici sous silence parce qu’à dix euros la galette de huit minutes, non merci, mais aussi et surtout à un premier album tout en couleurs et en légèreté, l’excellent
Nonstop Feeling. Un disque d’une fraîcheur énergisante dont la force réside clairement dans cette faculté à mélanger les genres sans se soucier de trop en faire.
Cette formule, si elle a rencontré quelques réfractaires peu disposés à se laisser bercer par ce genre de mélodies acidulées et de mash-up improbables (Hardcore meets Pop meets Nu Metal meets easy listening d’ascenseur) a su pourtant ravir le cœur de jeunes et de moins jeunes (je ne parle pas que de moi) bien décidés à jouer les fifous, à justifier auprès de madame l’achat de long sleeve fluo à s’en faire mal aux yeux et à "jumper" comme si on était encore en 1996. Ce succès d’estime confirmé par des prestations particulièrement sportives a naturellement fini par attirer quelques gros poissons dont un certain Roadrunner Records qui y a vu l’opportunité de faire entrer quelques dollars supplémentaires dans sa besace déjà bien garnie. Une opportunité que le groupe ne pouvait décemment pas refuser car, comprenez-vous, outre le fait de côtoyer désormais les grands de ce monde (Soulfly, Slipknot, Trivium...), qui n’aimerait pas un peu d’extra cash pour continuer à se payer ses belles petites paires de Jordan et autres Air Max 97 ?
Et donc ce
Time & Space ? Et bien vous ne risquez pas d’être dépaysé par son contenu puisque ce dernier s’inscrit bien volontiers à la suite de son prédécesseur (normal me direz-vous). Exécuté à la cool, les doigts de pied en éventail en un tout petit peu plus de vingt-cinq minutes, ce deuxième album renoue sans grande surprise avec ce qui faisait le charme de
Nonstop Feeling. On retrouve ainsi ces mêmes titres courts, variés et hyper accrocheurs, relevés par des mélodies ensoleillées et une production absolument impeccable pour le genre.
Car si les fondations de Turnstile sont bien évidement à chercher du côté de la scène Punk/Hardcore (pour rappel, le groupe compte dans ses rangs des anciens membres de Trapped Under Ice), les Américains continuent de s’en foutre royalement en faisant preuve d’un éclectisme plein d’insolence, piochant entre autre dans ce qui se faisait de plus ou moins recommandables dans les années 90 (et aussi un peu dans les années 80, Faith No More, Fishbone et Living Colour en tête). De 311 à Rage Against The Machine en passant par P.O.D. ou bien encore Incubus et autres délices surannés que certains aimeraient n’avoir jamais écouté de peur de perdre leur précieuse crédibilité, Turnstile y va franco, se vautrant avec plaisir dans des mélodies et autres gimmicks empruntés à une époque que l’on aborde aujourd’hui toujours avec un brin de nostalgie mais aussi pas mal de gêne (les baggy, les grosses pompes de skate, les cheveux en pics, les chaînes de portefeuille qui traînent jusqu’au genou, la liste est longue…). Mais chez Turnstile tout coule de source. Les codes sont assimilés et recrachés avec une fluidité et une aisance déconcertante qui font de
Time & Space un disque particulièrement catchy et facile à aborder.
Adepte de morceaux relativement courts affichant rarement plus de deux minutes au compteur à quelques exceptions près, Turnstile se plaît comme toujours à varier les plaisir en apportant systématiquement de quoi alléger son propos (un refrain entêtant, une ligne de chant vaporeuse, une mélodie pop légère et sucrée, un break ultra fédérateur...). Car lorsqu’il ne fonce pas tête baissée à coup de riffs nerveux, de basse vrombissante, de chant arraché et de batterie Punk haletante (qui constituent donc l’essentiel de ce que fait Turnstile), le groupe passe le reste de son temps à nous surprendre comme avec cette musique d’ascenseur sur la conclusion de "Real Thing", ce riff Rock’n’Roll/Rockab sur "Big Smile" à 0:32 suivi de cette petite ligne de chant psychédélique à 1:03, la seconde moitié très inspirée par 311 de l’excellent "Generator", ces titres disco/bossa nova/jazz au rabais que sont "Bomb" et "Disco", les wouhouhou de "I Don’t Wanna Be Blind", le piano hystérique de "High Pressure", le chant hyper mélodique de "Moon" (qui n’est probablement pas celui de Brendan Yates)... Bref, on trouve une fois de plus de tout sur cet album aussi rafraîchissant qu’efficace.
Si les guerres de chapelles ont toujours été légions dans le Hardcore ou ailleurs, Turnstile continue avec ce deuxième album de nous montrer qu’il n’en a strictement rien à carrer de tout ça et qu’il n’est pas là pour sauver le Hardcore… Et trois ans après
Nonstop Feeling (enfin quatre aujourd’hui), le constat demeure absolument identique à savoir que Turnstile continue d’amener avec sa formule un vent de fraîcheur et de nouveauté toujours aussi bienvenu dans un genre qui a tout de même malheureusement tendance à s’ankyloser (Code Orange, Harms Way...) à force de fricoter d’un peu trop près avec le Metal (je m'étonne moi-même d'écrire cela) et le Beatdown... Avec les beaux jours qui arrivent, voilà en tout cas un album qui risque de pas mal tourner chez moi.
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