Si on devait retenir un nom parmi les groupes les plus frimeurs possibles, Rings of Saturn n'aurait rien à envier à un Dragonforce ! Après un
Lugal Ki En qui était leur manifeste de l'aliencore, les californiens se sont placés dans la tradition de ces jeunes formations qui, à défaut d'avoir un son vraiment novateur, vont tricher en inventant un genre, placer ça sous le signe de l'humour, mais derrière avoir une posture de rockstar en mode rois du monde qui affirmeront : « Mais si t'aimes pas notre musique, c'est qu'on fait de la musique d'aliens, tes oreilles sont pas faites pour entendre ça. T'es juste pas de notre univers. »
Avec une telle posture prétentieuse, que pouvaient donner ces jeunots originaires de la Bay Area, zone géographique cultissime de la culture Thrash des années 80 ? Un
Ultu Ulla certes moins over the top dans sa démarche, mais dévoilant un Deathcore qui semblait ouvrir la voie vers une musique plus écoutable, plus maîtrisée. Alors l'espoir était permis : étaient-ils devenus enfin adultes ? Allaient-ils mettre de côté leur prétention sans borne et enfin parvenir à rendre une copie intelligible et, surtout, qui tienne la route ?
C'est que les singles parus avant la sortie de l'album, à savoir « The Husk » et « Mental Prolapse », laissaient présager le meilleur pour eux. Le premier avait un côté maîtrisé et réfléchi dans les intentions : rapide et bourrin, jusqu'à des moments envolés et éthérés avec une lead qui fonctionne super bien, et des breaks qui parviennent à créer du relief dans tout ça. Moi je disais banco ! D'autant que « Mental Prolapse » semblait confirmer cette tendance à plus de travail et de rigueur, puisque, là, nous avons un souffle grandiloquent et sensible qui parviendrait à faire croire que Rings of Saturn avait gagné en maturité et en pertinence, créant une musique cosmique d'aliens parfois en proie à la nostalgie et au doute face au vide.
Mais voilà, hormis cette guitare lead qui tend parfois à créer des espaces de respiration, le reste est au mieux une bouillie hermétique pour tes oreilles de non-alien, au pire un concentré de ce qui s'est fait pire dans le genre.
Cette bouillie, c'est notamment ce qui noie des intentions louables. Si « Hypodermis Glitch » diffuse un départ Tech Death, très vite ça part en vrille. Le coup du break avec un appel type bass drop, ça ne marche pas. On approche de 2020, arrêtez avec votre Deathcore des années 2010. Il est où l'aliencore qui voit le futur ? Rien du tout, ils restent sur des plans établis. En revanche, à 2:57, là ça faisait l'effet ce break ! Parce que l'enjeu est créé, ça monte puis, vlan, dans la tronche. Et derrière ça conduit à un plan convenu, mais qui fait le taff car il est « réfléchi », « pesé ». Bref, le sens de la mesure, rendre les intentions plus claires et posées, ça permet aussi d'être sûr de son effet. Y aller au pif sans conscientiser, ça amène juste à frapper à tout va. Frapper fort et frapper juste, c'est ça qu'il faut !
Ce qu'un titre comme « Pustules » aurait pu prétendre faire, car la basse fait des pieds et des mains pour donner un côté vraiment groove et appuyé, et le reste des grattes fait montre d'une certaine qualité à enchaîner les plans avec justesse et fluidité. Dommage que la batterie sonne tant en retrait et semble totalement à l'ouest en terme de son.
Mais vous me voyez sans doute venir, avec ce qui, pour moi, constitue le point critique tellement absolu dans ce skeud que ça en devient un trou noir qui aspire tout sentiment positif que je pourrais ressentir pour Gidim : elle est où la modernité, l'avant-garde alien ?
Parce que le break à 1:42 dans « Pustules », c'est-à-dire quasiment aux premiers instants de l'album, ça t'annonce la couleur : le beat down fonctionne mal, problème de production je suppose, car ça n'apporte aucune lourdeur. Je trouve les riffs sous accordés terriblement mous, et témoignent d'une époque révolue du lourd à base de breakdown low tempo. Mais là, tu vois, c'est le début, et premièrement je me suis dit que, peut-être, il fallait un putain d'appel de basse... Mais même au casque je trouvais que ça fait pétard mouillé, sans parler de cette batterie qui tape sur une cymbale qui crachote... Bref, j'ai jamais été fan de break beat down dans le Deathcore technique, et ça ne loupe pas ici : pour moi ça botte en touche.
Mais ça, encore, c'est gentil. Certes, il faut aimer le Deathcore un peu djent, car quand tu lances « Bloated and Stiff », tu te dis que c'est un titre qui peut le faire, si on ouvre ses chakras... Sauf le break après trente secondes... Mais si ce n'était que ça ? Derrière arrive ce sempiternel effet « appel d'air » à 1:13. En fait, cet effet, c'est les sirènes de Silent Hill : quand tu l'entends, tu dois fuir, très vite, parce que tu sais qu'après vient ce beat down bien ringard avec un riff drop Q qui ne surprend plus personne (même Rob Scalion avait parodié ça, le coup de « louder is better »... EN 2014 ! C'est te dire à quel point c'est risible aujourd'hui) et ces vocals qui veulent faire gros bras façon crabcore.
Seulement, ces gimmicks pourrissants et passés, tu les retrouves partout, et ça devient de pire en pire à mesure que tu écoutes Gidim. « Divine Authority » ? La purge typique de
Lugal Ki En, des plans enchaînés sans autre volonté que d'en foutre partout, les guitares sont insupportablement criardes, et s'accompagnent de plans djenty breakdown difficilement digérables.
« Tormented Consciousness » ? Pourquoi se tirer une balle dans le pied après 45 secondes ? Surtout que là, les effets sur les instruments, en particulier la guitare lead, c'est risible à mort. On en arrive à un point où ça devient n'importe quoi. En fait, écouter un tel morceau me rend violent, je me dis que c'est à destination de personnes qui se droguent H24, qui percutent rien, qui sont là en mode « wouah j'entends les couleurs »... C'est épidermique comme je déteste ce genre de morceaux m'as-tu vu et mal conçus, où la seule idée semble être « mets-en toujours plus pour impressionner avec des effets sous testostérone ».
Mais c'est pas fini ! Parce que « Genetic Inheritance » te refait le coup de l'appel d'air, cette fois vers un vieux piano ridicule genre « oh la la le breakdown inattendu lors de la branlée, genre comme dans les films d'horreur où on prend un élément doux dans un contexte hyper gore ». On dirait que ça a été conçu par des gosses qui reprennent des gimmicks qui les ont fait délirer lors de leurs bad trips, et qui les foutent là parce que c'est trop stylé. Et de me dire que tout ça est pumpé en studio, et que souvent leurs prestations lives s'accompagnent de pistes additionnelles, je ne peux même pas affirmer si techniquement c'est au point.
Tout manque d'élégance et de construction : le passable côtoie le lamentable.De manière générale, suite à un passage lourd pour le lourd, la partie instrumentale peut passer, car la guitare lead est clairement capable d'apporter quelque chose d'atypique, et parce que le côté épileptique se fait parfois sur des structures carrées. Mais après ça s'écroule quand arrive l'appel d'air, le chant, puis le beat down.
Ce
Gidim est à mon sens un échec fumant. L'aspect moderne de l'aliencore s'empêtre dans des habitudes de compositions qui ont été usées jusqu'à la corde et déjà moquées il y a des années. Je vois de la complaisance, de l'arrogance de maîtres auto-proclamés, et un disque tenu comme porte-étendard du « c'est rapide et foufou, c'est forcément bon ». En ce qui me concerne, cette musique me met tellement les nerfs en pelote qu'elle me fait penser : « Tu sais quoi : aimez cet album si vous voulez, mais ne soyez pas surpris si on vous dit que c'est de la merde. »
En étant moins à cran, objectivement,
Gidim est un mauvais disque, conçu avec la frime et le m'as-tu vu caractéristiques de Rings of Saturn à leurs débuts. Aucun progrès notable voire, pire, une régression vers le fond du panier du Deathcore du début des années 2010. De mon côté, c'est un abandon.
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