Toxaemia - Where Paths Divide
Chronique
Toxaemia Where Paths Divide
Ces dernières années ont été particulièrement fertiles en matière de retour à la vie d’entités méconnues ou de seconde zone, qui ont décidé de se reformer après une très longue période d'inactivité suite notamment à un début de carrière compliqué. Si on ne compte plus les exemples récents plus ou moins réussis et dispensables, on peut en revanche noter le renouveau sympathique de TOXAEMIA, groupe qui ne parlera sans doute à personne ou presque mais qui a suffisamment de qualités pour que l'on y prête une oreille attentive, tant l'ensemble va faire passer un moment agréable à défaut de renouveler le Death Metal et de marquer l'histoire du style. Actif à l'origine durant deux années entre 1989 et 1991 le combo bien qu’ayant peu fait parler de lui à l'époque, a sorti néanmoins deux Démo, un Ep et un Split avant de s'arrêter totalement durant vingt-six longues années, et de renaître en 2017 sous l'impulsion du bassiste Pontus Cervin et du guitariste Stevo Bolgakoff. Complété depuis par trois nouveaux membres (dont le mercenaire Perra Karlsson à la batterie) le quintet désormais au complet sort enfin son premier album trois décennies après ses débuts, mais cela en valait la peine tant sa musique simple et efficace se révèle être très sobre et directe pour passer relativement facilement le cap des écoutes.
S’il ne faut pas s’attendre à écouter le disque de l’année celui-ci a quand même des arguments à faire valoir, et notamment une écriture propre et simple portée par un certain groove et de nombreux leads fluides et légèrement mélodiques. Car d’entrée la formation avec « Delusions » donne le ton avec une compo qui ne traîne pas en longueur (aucune n’ira d’ailleurs au-delà des cinq minutes) et qui mise sur l’alternance rythmique entre vitesse et lenteur, le tout porté par des riffs bien gras qui sentent bon le Stockholm des 90’s. Jouant autant sur le côté frontal propice au headbanging que sur le grand-écart accrocheur, la suite va être du même acabit via d’indéniables réussites telles que le remuant et énergique « Pestilence » (à la vitesse prédominante et aux blasts survoltés), ou le court et radical « Buried To Rot » qui ne débande pratiquement pas un instant sans pour autant être linéaire ou redondant. En effet si la bande ne s’embarrasse pas de futilités elle sait néanmoins diversifier son propos afin de densifier ses morceaux au maximum et éviter ainsi de se répéter en boucle, preuve en est via le rampant et écrasant « Betrayal » où la vitesse est mise au rebus pour laisser la place à un rythme bridé au maximum aux ambiances presque Doom (et où du solo d’influence Heavy se fait entendre). D’ailleurs ce schéma basé sur le ralenti ne va pas être unique sur cette galette vu qu’on va le retrouver un peu plus loin avec les tout aussi accrocheurs « Black Death » (aux courts passages pour secouer la tête) et surtout « Psycotic Pandemic » aux riffs plus sombres et étouffants (et au nom inspiré visiblement par l’actualité), mais qui a en revanche tendance pour ce dernier à s’éterniser un peu trop.
Si les mecs sont doués dans cette veine de la pédale de frein c’est quand même quand ils lâchent les chevaux qu’ils sont les plus efficaces, et ça n’est pas avec « Toxaemia » que ce sentiment sera démenti vu qu’ici tout y est balancé de façon furieuse et agressive aidé en cela par quelques relents Black-Metal bien sentis et affirmés au niveau des guitares, pour une intensité constante et qui ne faiblit pas, à l’instar de « Six-Fold Revenge » tout aussi puissant à l’écoute. Terminant les hostilités avec le morceau le plus sombre de leur répertoire (« Hate Within ») les Suédois nous mettent ici en présence d’une putridité et humidité à toute épreuve via un tempo qui reste bien calé en première et surtout par la présence de cette cloche angoissante retentissant en guise de conclusion qui glace l’âme et confirme que la cérémonie funéraire est arrivé à son terme, après presque quarante minutes de gros son sans fausses notes majeures, même si le tout s’essouffle légèrement sur le dernier quart.
Néanmoins il ne faut pas faire la fine bouche car même si ça reste une bonne réalisation de deuxième division on est en présence d’outsiders sérieux et crédibles qui arrivent enfin sur le devant de la scène après tant de temps. Comme quoi la persévérance finit toujours par payer vu que le tout s’écoute sans problème et se révèle convaincant de bout en bout, notamment l’une des recrues le soliste Rasmus Axelsson qui fait preuve d’une vraie maîtrise sur ses passages sans jamais en faire trop. Bref même si ça reste très scolaire et classique sur la forme (il y a eu beaucoup mieux dans le genre en 2020) il serait dommage de ne pas se pencher sur le travail des vétérans de Motala, tant ça fait le job comme il faut et sans jamais prendre la tête (au contraire on la remuera volontiers), un signe qui ne trompe pas !
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