Wombbath - Tales Of Madness
Chronique
Wombbath Tales Of Madness
Si dans les années 60 il était courant de sortir deux albums par an cette tendance est aujourd'hui presque inexistante, et si à l'époque LED ZEPPELIN ou THE DOORS se sont illustrés dans ce périlleux exercice rares sont les formations à s'y essayer à l'heure actuelle, tant souvent la qualité n'est pas au rendez-vous (à l’instar de STRIBORG par exemple). Car il est difficile de maintenir qualité et productivité à un tel rythme, cela se faisant systématiquement ou presque au détriment de l'écriture et de l'inspiration générale, et à ce jeu les Suédois n'en sortent absolument pas grandis, tant ce "nouvel" album ne va pas relever leur baisse notable d'attractivité entrevue en mars sur le pantouflard
« Choirs Of The Fallen ». Entre compositions moyennes et production sans puissance cet opus montrait un déclin inquiétant qui est encore visible ici, malgré qu'une partie de ce disque provienne des fonds de tiroir du quintet. En effet bien que l'on trouve quelques nouveautés qui auraient très bien pu avoir leur place sur un Ep celui-ci en a profité pour réenregistrer quelques vieilleries sympathiques au demeurant (faites visiblement pour meubler autant que possible), mais qui ne font pas sauter au plafond surtout avec un son là-encore étouffé à l'extrême qui n'a rien de naturel et va rapidement gâcher l'écoute, même quand musicalement ça tient la route.
Cela est flagrant d'entrée avec la triplette tirée de la Démo « Brutal Mights » sortie initialement en janvier 1992, car que ce soit avec « Tales From The Dark Side », « Brutal Mights » et « Unholy Madness » l'ensemble jouant sur l'alternance entre passages rapides et entraînants et ceux plus lourds, est certes bien fait et donne envie de remuer la tête, mais le tout se montre cependant trop basique et classique en matière de Swedeath. Si la majorité du temps ça se montre enlevé et bien foutu ça reste cependant bien calé dans la deuxième division du genre, et il est regrettable que le volume sonore soit si faiblard vu qu'il y'aurait eu un gain d'accroche si ça avait été plus fort et surtout naturel. Au lieu de cela on a la sensation que les gars ont raclé les fonds de tiroir et mis en boîte tout cela à l'arrache pour remplir leur contrat vis à vis de Transcending Obscurity, où ils sont désormais signés. Preuve en est la pathétique compo « Lavatory Suicide Remains » (sortie initialement sur l'Ep « Lavatory » en 1994) qui se montre beaucoup trop longue et redondante pour captiver sur la durée, et ce malgré une introduction acoustique triste et mélodieuse intéressante et prometteuse (tout comme les explosions de vitesse qui s'en sont suivies), mais qui ne fait pas oublier la mollesse majoritaire ici. Il est d'ailleurs amusant de voir que malgré leur ancienneté ces vieux morceaux sont loin d'avoir retrouvé une seconde jeunesse, tant les défauts inhérents initialement y sont toujours présents à l'instar de « Save Your Last Breath To Scream » datant de 1993 et qui propose un schéma très classique basé sur la variation entre lenteur et rapidité. Etant bien joué et exécuté sans pour autant atteindre des sommets d'accroche on aurait aimé que les nordiques se lâchent un peu plus, tant leur musique y gagne en attrait quand ils proposent une musique plus brute et dépouillée comme sur « The Grave ». Ici l'écriture se montre plus incisive et enlevée permettant ainsi de faire émerger des passages propices au headbanging et aux relents épiques agréables, qui donnent envie d'en découdre dans la fosse ou ailleurs, et ce bien que ça reste ultra-calibré, chose qui confirme une fois encore que quand ils ne s'embarrassent pas de fioritures et n'étalent pas inutilement leur écriture sur la durée, les vieux briscards savent encore être efficaces.
Sentiment confirmé avec la doublette de fin (qui propose enfin de la nouveauté) et principalement via le très bon « Tales Of Madness » qui ne débande pas un instant et propose tout un panel basé sur la rapidité et les blasts énervés, pour un rendu sans concessions et direct qui fait plaisir à entendre (et qu'on aurait aimé retrouver plus fréquemment), vu que les choses vont hélas se gâter avec la conclusion intitulée « The Fleshly Existence Of Man » qui va s'empêtrer dans un passage central aérien où retentit du clavier et du violon bien balourds et surtout totalement à côté de la plaque. Dommage en effet tant le début partait sous les meilleurs auspices avec ce mid-tempo qui donnait instantanément envie de taper du pied, et qui au lieu de continuer comme cela finit par partir en vrille au point d'avoir envie que ça se termine le plus rapidement possible. Du coup malgré ces trente-cinq minutes à peine au compteur (ce qui est largement suffisant) l'ensemble est beaucoup trop décousu et disparate pour marquer les esprits et nul doute que ce long-format s'oubliera aussi rapidement que le précédent, ne sortant de sa boîte qu'en de très rares occasions. Si à ces débuts le combo était un honnête artisan de seconde division force est de reconnaître que ça n'a pas beaucoup changé malgré quelques coups d'éclat (comme le très bon
« The Great Desolation »), et qu'au contraire il s'achemine dangereusement vers une relégation à l'étage inférieur. Proposant quelques passages agréables au milieu d'un océan de banalité et de courtes parties ennuyeuses ce cinquième chapitre sera tout aussi vite oublié que le précédent, et si l'on peut donner un conseil à ses membres c'est celui de prendre un peu plus leur temps avant de proposer du neuf, histoire que ceux-ci renouent avec une certaine réputation qu’ils possédaient à leurs débuts. Car pour l'instant on est encore assez loin d’un certain retour au premier plan avec cette galette tout juste passable qui ne plaira qu'aux fans les plus acharnés du genre, et passera probablement inaperçue ce qui n’a malheureusement rien d’illogique en soi.
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