chargement...
Remontez pour accéder au menu
122 visiteurs :: Invité  » se connecter  » s'enregistrer
Chazoul » Sagenland - ... »

Ceremony - Rohnert Park

Chronique

Ceremony Rohnert Park
...Bien sûr que Rohnert Park a été une déception au départ. Et même pendant longtemps ! Le groupe qui a sorti Still, Nothing Moves You, ce disque d’une noirceur totale, d’un cynisme rare, le genre où, à la fin, tu penses soit à te flinguer soit à flinguer les autres... Tu imagines arriver après ça avec un album qui aborde des choses comme faire du skateboard, chanter la vie (même dure), donner dans le jouissif vite expédié saveur époque qu’on n’a pas connu ? On était au bord du suicide et après on retourne écouter les Clash ?

C’est sûr, je n’attendais pas ça. Mais au fait, je ne sais pas ce que j’attendais. Finalement, Still, Nothing Moves You n’appelait pas de suite, tant il est une œuvre qui est à bout et va au bout. Qu’est-ce qu’il y avait bien à continuer, à aller voir, « après » ? Il faut bien ravaler ses rêves d’abîme... Ce que j’ai fini par faire, tu vois. Hé, il y a bien toujours quelques traces de dégoût ici, cette voix acide au possible, et ce « Sick » ! Comme un cri qui se libère, sort de sa propre décrépitude et explose au grand air sa rage, avec des lignes qui mordent encore avec force aujourd’hui. C’en est presque étonnant de la part de Rohnert Park et ses airs de petit délire nostalgique. Pourtant, quand tu entends hurler « Sick of living in America / sick of mass hysteria » au hasard, dans ta voiture, quelques temps après le truc du Capitole, ce machin bien ridicule, et bien, ça pique.

Il m’a fallu du temps, je ne dis pas le contraire. Mais voilà, Rohnert Park est pour moi un grand disque de Ceremony (leur dernier, d’ailleurs). Ce n’est pas que pour l’expression : il y a une certaine grandeur dans ces petits morceaux qui n’en sont pas, les interludes « Into the Wayside » qui te strient les yeux d’images de rues à parcourir comme quand on n’avait pas internet – je scrolle les bâtiments comme mon fil d’actualités, avec ennui et distance –, les remontées de « Open Head » et « Back in '84 », leurs guitares-ritournelles qui sont un punk remis à neuf, aux lignes déjà entendues mais jamais avec une telle vigueur, la scène qui renaît devant toi.

Et puis tiens, cette fichue ballade qu’est « The Doldrums (Friendly City) ». Celle-là, elle désaltère autant qu’elle donne soif, avec cette voix claire et lasse, ces répétitions qui sont des coups qu’on se met au crâne... C’est cet exploit qu’arrive à faire Ceremony et qu’il ne réitèrera jamais aussi bien, plus tard : garder une amertume de chaque instant derrière des envies de respiration, une image d’un ado punk roulant sa hargne dans des boulevards pavillonnaires gris (la pochette est misérable et rend bien hommage au contenu).

En fait, j’ai toujours la même pensée quand j’écoute Rohnert Park. Tu connais la série Freaks and Geeks ? Le passage où le personnage joué par James Franco lance un vinyle de Black Flag dans sa chambre et explose de mal-être ? Ben, imagine qu’il écoutait Still, Nothing Moves You. Puis, après avoir délabré sa chambre, vois-le prendre sa planche et parcourir les rues trop calmes et trop propres de son quartier, du vent dans la tête comme après la pluie, une mélancolie qui fait des slides sur une allée vide, un dernier tour avant les décisions importantes qu’il sent devoir prendre. Après l’expression radicale de choses refoulées, le moment de basculement. C’est ça que me fait ressentir ce retour en arrière plein de choix pour l’avenir. Comme un espoir ou plutôt, un deuil qui se fait.

Ceremony perdra de sa superbe après cet album, quelques étincelles subsistant ici où là dans un océan de banalité. Mais Rohnert Park a fini par rejoindre son prédécesseur dans mes cellules, à devenir personnel malgré des défauts bien présents, à commencer par un dernier tiers qui s’embourbe un peu, patine de sa gomme usée. Franchement, mieux vaut être imparfait comme il l’est que parfait comme le sont d’autres. C’est quand on voit les craquelures qu’on a envie de s’engouffrer...

DONNEZ VOTRE AVIS

Vous devez être enregistré(e) et connecté(e) pour participer.

AJOUTER UN COMMENTAIRE

 
Vous devez être enregistré(e) et connecté(e) pour participer.
Ceremony
Punk / Hardcore
2010 - Bridge Nine Records
notes
Chroniqueur : 8.5/10
Lecteurs :   -
Webzines : (4)  7.77/10

plus d'infos sur
Ceremony
Ceremony
Punk / Hardcore - 2005 - Etats-Unis
  

vidéos
Into the Wayside Part I / Sick
Into the Wayside Part I / Sick
Ceremony

Extrait de "Rohnert Park"
  

tracklist
01.   Into the Wayside Part I / Sick  (4:04)
02.   M.C.D.F.  (1:43)
03.   Moving Principle  (2:33)
04.   The Doldrums (Friendly City)  (3:02)
05.   Open Head  (2:08)
06.   Into the Wayside Part II  (3:30)
07.   Terminal Addiction  (1:46)
08.   Don't Touch Me  (2:13)
09.   Back in '84  (1:15)
10.   All the Time  (1:22)
11.   The Pathos  (1:22)
12.   Nigh to Life  (1:08)
13.   Into the Wayside Part III  (5:45)

Durée : 31:51

line up
parution
8 Juin 2010

voir aussi
Ceremony
Ceremony
Still, Nothing Moves You

2008 - Bridge Nine Records
  

Essayez aussi
Nag
Nag
Nagged to Death

2018 - Fysisk Format
  
Planes Mistaken For Stars
Planes Mistaken For Stars
Do You Still Love Me?

2024 - Deathwish Inc.
  
Cursed
Cursed
Two

2005 - Goodfellow Records
  
Letlive.
Letlive.
The Blackest Beautiful

2013 - Epitaph Records
  
Blindside
Blindside
A Thought Crushed My Mind

2005 - Solid State Records
  

High On Fire
Electric Messiah
Lire la chronique
Burning Dead
Into the Abyss
Lire la chronique
Radiation
Reactor Collapse
Lire la chronique
La photo mystère du 16 Mars 2025
Jouer à la Photo mystère
Gozer
This Is Gore
Lire la chronique
Surgical Invasion
Death Before Dishonor
Lire la chronique
High On Fire
Cometh the Storm
Lire la chronique
Necrodeath
Arimortis
Lire la chronique
Under Assault
Deadly Experiments
Lire la chronique
High On Fire
Death Is This Communion
Lire la chronique
La photo mystère du 2 Mars 2025
Jouer à la Photo mystère
Destabilizer
Monopoly on Violence
Lire la chronique
Herakleion
Necroverse (EP)
Lire la chronique
Synaptic
Enter the Void
Lire la chronique
Obscura Tour 2025
Gorod + Obscura + Skeletal ...
Lire le live report
Colisevm European Tour 2025
Iceland + Light of Dark + P...
Lire le live report
Pandemic
Phantoms
Lire la chronique
High On Fire
Blessed Black Wings
Lire la chronique
La photo mystère du 16 Février 2025
Jouer à la Photo mystère
Hazzerd
The 3rd Dimension
Lire la chronique
Bomber
Cages and Windows
Lire la chronique
Violent Definition
Progressive Obsoletion
Lire la chronique
Cattle Decapitation + Revocation + Vulvodynia + Shadow of Intent
Lire le live report
Bilan 2024
Lire le bilan
Entretien avec EXOCRINE
Lire le podcast
La photo mystère du 1 Février 2025
Jouer à la Photo mystère
Entretien avec CIRCLES OV HELL
Lire le podcast
Entretien avec Julien Truchan (BENIGHTED)
Lire le podcast
Donor
Triangle of the Lost (Rééd.)
Lire la chronique
La photo mystère du 16 Janvier 2025
Jouer à la Photo mystère
DeadlySins
Age of Revelation
Lire la chronique