RÄUM. Voilà un nom qui sonne comme un raclement de gorge qui ne m’est pas familier. Et pour cause, l’existence discographique des Belges ne remonte qu’à cette année (2023 donc) avec tout d’abord deux singles directement sortis chez
Les Acteurs de l’Ombre pour ensuite accoucher, toujours chez ce dernier, de son premier album «
Cursed by the Crown ». Le style ? Du
black metal, très orienté
post cependant, voire
postcore. Et à quoi est-ce que cela se reconnaît ? Je n’ai eu nul besoin d’écouter, j’ai simplement regardé la photo promotionnelle du groupe : les mecs ressemblent à de bons gros hardcoreux, il y a de la barbe, de la casquette et de la chemise à carreaux, pas vraiment la panoplie du true blackman habituel… Vous me direz que j’ai fait un délit de faciès, ce à quoi je ne pourrai qu’acquiescer mais en ayant pour moi la certitude de ne m’être pas trompé… Le monde change, le
BM s’est urbanisé et le parcours des musiciens qui composent cette nouvelle formation est d’ailleurs sans surprise au regard du style pratiqué : on y retrouve d’anciens
DOWN TO DUST (
post black metal) et
KISS THE GOAT (
post sludge metal). Le chemin est cohérent en tout cas.
Que les puristes ne voient pas de suite rouge en hurlant à qui veut l’entendre qu’il y en a assez de voir leur style de prédilection souillé par du métissage (houlà, je ne suis pas sûr du chemin que je suis en train d’emprunter), les quatre compositions (dont les deux singles évoqués plus haut) de «
Cursed by the Crown » sont davantage portées sur la violence que sur les ambiances et ce en dépit de leur longueur : entre sept et douze minutes, ce qui est assez classique dans le
post. Maintenant, si l’on s’intéresse un peu plus à la musique qu’au contexte, il y a d’abord le constat d’une belle cohérence entre le visuel et le sonore. Une musique sobre, en noir et blanc dans le sens où elle ne développe que deux sentiments, la mélancolie et la dépression, naturelle : une production simple de bonne salle de répétition, pas d’ajouts d’instruments superflus (clavier, hautbois, trompette, que sais-je encore), juste des riffs et des hurlements.
Et encore, des riffs, il n’y en a pas tant que ça au final car les titres ont plutôt tendance à jouer sur les boucles hypnotiques, les lancinances, la répétition et, à ce petit jeu,
RÄUM se débrouille plutôt bien. Il y a une atmosphère indéniable, les premières minutes d’« Andromeda » me faisant même penser à du vieux
DARKTHRONE, tout du moins jusqu’à ce que la voix entre sur le terrain. Le chant… Je ne sais pas vraiment quoi en penser mais il me perturbe quand même un peu. D’un côté, il est dans le registre de la haine, et merci bien, renforçant en cela les aspects les plus
black de la musique. De l’autre, il est parfois trop monolithique, par exemple au regard de la pièce finale « Beyond the Black Shades of the Sun » dont le riff principal s’apparenterait à un croisement entre
PHAZM et
GLORIOR BELLI, une dimension quasi
rock donc où la voix criarde dépareille un peu trop à mon goût. Ce décalage, je le ressens également dans la présence scénique, notamment en regardant le « Live Session » enregistré à Liège où la dimension
post screamo apparaît alors comme une évidence et me fait un peu sortir du « concept »
RÄUM.
Je suis tout de même conscient de faire un mauvais procès aux Belges en insistant sans doute trop sur l’esthétique visuelle au détriment de la musique mais il y a cependant un écart entre les deux que je ne parviens pas à concilier. Cependant, étant donné que l’on est sur un premier LP, il y a toutes les raisons de croire que
RÄUM a le potentiel pour faire mal et se créer sa propre place sur le territoire du
post black metal le plus virulent, un morceau tel que « Fallen Empire » ayant une dimension épique indéniable, sans doute le moment le plus fort de l’album car les différents ingrédients y sont tous parfaitement dosés : l’épilepsie rythmique, la noirceur vocale, la fureur mêlée de désespoir, c’est clairement là que les musiciens offrent le meilleur d’eux-mêmes. Un groupe à suivre donc, comme tout bon espoir de la scène extrême.
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