En créant
PAENIL ERA en 2023,
Erwin Weber n’avait pas envie de chômer puisque deux LP ont déjà vu le jour, d’abord «
Deviere » puis ce dernier «
Idle Cage » qui nous intéresse aujourd’hui et qui partage avec le précédent une structure équivalente : quatre titres. La pochette, mystérieuse, ne dit qu’une seule chose de la formation, son goût pour le mysticisme, la méditation, l’introversion, cette spiritualité s’exprimant donc au travers d’un
black metal atmosphérique à comprendre dans son acception lente, un peu
post, peu encline à l’usage de claviers et qui n’est pas sans me rappeler les travaux de
PRIMORDIAL, notamment pour certains côtés folkloriques bien amenés et, surtout, bien dosés, mais également d’un
ISIS (« The Turn ») pour son usage des arpèges et sa capacité à faire monter progressivement la tension à des fins d’explosions brutes mais émotionnellement fortes.
Certes, ces deux comparaisons sont plutôt aux antipodes l’une de l’autre, je préciserai donc que j’en parle pour des questions de parallélisme d’état d’esprit plutôt que d’un pur rapprochement musical. Ainsi, au travers de ces longues pièces allant de sept à dix minutes, le Roumain nous propose une plongée dans son univers très personnel, agressif certes mais toujours tourné vers le beau, l’éveil, la lumière de l’illumination. A ce titre, il a tendance à privilégier les rythmiques entêtantes aux riffs monocordes (présent sur « The Cage » cependant), éloignant évidemment le disque du
black traditionnel pour plutôt explorer sa face la plus moderne, sans pour autant jouer la carte de l’opportunisme commercial. Derrière chaque note, un cœur bat, une âme souffre, un homme se confie et il y a finalement quelque chose de touchant qui émane de la musique de
PAENIL ERA, d’émouvant même peut-être car si le style n’est pas nouveau et la technique peu ébouriffante, l’homme parvient néanmoins avec peu de moyens à composer des chansons à haute charge émotive, avec simplicité et élégance, sans surenchères inutiles, sans noyer son propos dans une bouillie d’instruments, l’épure étant ici au service de la séduction qu’exerce «
Idle Cage » sur l’auditeur. Et si le disque n’est certainement pas voué à figurer dans les podiums de fin d’année, il contient cependant suffisamment d’éléments marquants pour être plus qu’une simple passade automnale. Comme quoi, les formations de petites renommées peuvent elles aussi enfanter de grands albums, venant piquer les ténors en leur rappelant de ne pas s’endormir sur leurs lauriers car la relève est là, méritante, inspirée et n’ayant rien à perdre.
D’ailleurs, si l’on met de côté « The Veil », la chanson la plus courte et en cela la plus stylistiquement homogène, toutes les autres, de par leur longueur, accordent une large place aux errances instrumentales, aux ambiances tantôt plombées tantôt plus aériennes, le chant restant quant à lui dans un registre rauque / hurlé d’une belle sobriété. Et puis le musicien a vraiment un talent certain pour écrire de bons riffs, planter systématiquement des temps forts qui accrochent et relancent le plaisir de l’écoute, un boulot sérieux donc mais jamais besogneux du fait de la grande fluidité de jeu et de la logique des enchaînements, jamais forcés. Un disque de grisaille mélancolique.
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